Excréments de rongeurs, putréfaction, dates falsifiées : 14 tonnes de denrées pourries saisies

Dans un pays où le consommateur joue déjà à la roulette russe à chaque passage en caisse, l’Instance nationale de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (INSSPA) vient de lever le couvercle sur une réalité encore plus nauséabonde que prévue. Plus de 14 tonnes de denrées impropres et près de 700 litres de liquides périmés ou avariés ont été retirés des circuits de vente en une seule semaine de novembre 2025. Une semaine qui ressemble davantage à un inventaire d’horreurs qu’à un contrôle sanitaire.

Sfax : les faussaires du pourri

Premier acte du cauchemar à Sfax. Les inspecteurs tombent sur une scène digne d’un laboratoire clandestin :

4,24 tonnes de cacao,
7,2 tonnes d’huiles végétales,

dont les dates de péremption avaient été arrachées, recouvertes, falsifiées. Les étiquettes originales gisaient déchirées dans un coin. Le tout maquillé pour donner l’illusion de fraîcheur, alors que les produits avaient déjà franchi la frontière du danger depuis longtemps. Une fraude méthodique, un mensonge industriel et une tentative manifeste de vendre du poison.

Nabeul : l’huile périmée noyée dans les excréments

À Nabeul, l’opération conjointe avec le garde national s’est transformée en descente dans un local où le mot “insalubre” est un euphémisme :
humidité dégoulinante, murs noircis, déchets de rongeurs, odeurs infectes. Au milieu, 95 litres d’huile périmée, stockés comme des déchets toxiques. Destinés à finir dans des friteuses et des assiettes.

Le Kef : le marché du dégoût

Au Kef, les agents découvrent l’abomination en vrac :

884 kg d’oignons en état de liquéfaction,
30 kg de dattes moisies,
50 kg de hrous rances,
25 kg de graines de lin périmées.

Mais le pire n’est pas là. Les inspecteurs mettent la main sur 186 bouteilles de sodas contenant du colorant E102, un additif déconseillé ou strictement encadré, et 156 pots de yaourt abandonnés hors chaîne de froid. Des produits prêts à être vendus tels quels, sans aucun scrupule. Tout a été détruit sur ordre officiel.

Bizerte : le poulet clandestin

À Bizerte, une boucherie anarchique servait de relais à une filière de viande illégale :

725 kg de volaille abattue,
40 kg de foies et cœurs,

provenant d’un circuit opaque, sans contrôle vétérinaire, sans hygiène, sans traçabilité. Un abattoir de l’ombre, où seul le profit compte.

Kairouan : odeurs pestilentielles et viande en décomposition

Kairouan s’est illustrée avec l’un des constats les plus violents de la semaine. Les inspecteurs y ont saisi :

300 litres de lait et raïeb,
30 kg de smen au parfum suffocant,
100 kg de piment rouge recouvert de poussière et de déjections de rongeurs,
109 kg de viande rouge impropre,
56 kg de poulet suspect.

Face à cette accumulation de risques sanitaires, trois snacks ont été fermés immédiatement. Les clients, eux, n’en sauront probablement rien.

Sfax, épisode 2 : le charançon s’invite au menu

La région de Sfax n’a pas fini de livrer ses horreurs. Dans un local clandestin, les inspecteurs ont trouvé :

430 kg de pommes de terre destinées à la friture,
60 kg d’amandes,
25 kg de cacao grouillant de charançons.

Le tout préparé pour alimenter un marché parallèle qui prospère à l’abri des regards.

Manouba : l’abattoir clandestin aux portes de la capitale

À Manouba, un abattoir illégal a été découvert dans un état de délabrement absolu. Les agents y ont saisi :

299 volailles vivantes
265 volailles déjà abattues

dans un environnement que même les bêtes auraient refusé. Aucun contrôle, aucune norme, aucune humanité.

L’INSSPA appelle ainsi les citoyens à ne jamais acheter de produits d’origine douteuse, tout en promettant de poursuivre sans relâche ses campagnes de contrôle.

S.H