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Maintenez la pression, il bouge encore

Par Sofiene Ben Hamida

Deux événements marquants cette semaine. Le premier concerne le prisonnier politique Jaouhar Ben Mbarek qui continue sa descente aux enfers, dans le déni du pouvoir qui semble, par son indifférence, dire au personnel carcéral : « continuez à maintenir la pression, il bouge encore ». Le second concerne la situation à Gabès. Il semblerait que le pouvoir ait trouvé le moyen de reporter, encore une fois, les vraies solutions grâce à une nouvelle commission, présidée par un illustre inconnu. La devise étant : « prenez votre temps, ils respirent encore ».

Grève de la faim : l’alerte que le pouvoir préfère étouffer

Le porte-parole du Comité général des prisons et de la rééducation a réfuté, dans une déclaration publique, ce qu’il considère comme des allégations de la part des avocats du prisonnier politique Jaouhar Ben Mbarek. Ces derniers ont alerté que Jaouhar, qui a entamé une grève de la faim sauvage depuis plusieurs jours, se trouve désormais dans un état de santé grave.

Selon les dires de son avocate et sœur, Dalila Ben Mbarek Msaddek, ainsi que selon les déclarations concordantes de plusieurs autres avocats et la Ligue tunisienne des droit de l’Homme qui ont pu lui rendre visite dans sa prison de Belli, Jaouhar a des problèmes de concentration, de locution et même d’équilibre, mais reste déterminé à poursuivre sa grève de la faim.

Il ne réclame rien excepté son droit, lui et ses amis inculpés dans le dossier du dit complot, à un procès équitable et public. « Je veux vivre en homme libre, sinon mourir en homme libre » martèle-t-il face à ses visiteurs.

Une affaire politique

Il faut se rendre à l’évidence : le dossier du dit complot, dès le départ, n’était pas un dossier judiciaire, mais un dossier strictement politique. Sa gestion à tous les niveaux, y compris au niveau de l’hébergement carcéral et de l’affectation des détenus dans les différentes prisons du pays, est avant toute autre chose une décision politique prise au plus haut niveau, qui dépasse le Comité général des prisons et de la rééducation. Ce dernier joue le rôle de comparse (fusible diraient certains) dans une pièce qui le dépasse.

Seulement, il continue à se complaire dans son rôle et tient à le faire savoir. Même si ses dires semblent invraisemblables, il affirme que les détenus — pas seulement Jaouhar — se trouvent dans des conditions correctes et sont suivis sur le plan médical. Et gare à celui ou celle qui ose dire le contraire. Sonia Dahmani, une femme courageuse qui a alerté sur les conditions sanitaires dans les prisons tunisiennes, se trouve elle-même incarcérée et risque dix ans d’emprisonnement.

Le plus grave dans les déclarations du porte-parole du Comité général des prisons et de la rééducation n’est pas sa volonté manifeste de berner l’opinion publique. Les Tunisiens ont tellement avalé de couleuvres qu’une de plus ou une de moins ne va pas leur rester en travers de la gorge. Le plus grave est le message que pourraient interpréter les gardiens des prisons et l’ensemble du personnel carcéral. Ces derniers pourraient voir dans ces déclarations un encouragement à bafouer les droits des prisonniers et développer chez eux un sentiment d’impunité déjà hypertrophié.

Gabès et son mystérieux ingénieur

Le président de la République a reçu un citoyen qui, semble-t-il, serait capable de trouver des réponses écologiques définitives aux problèmes des émanations et des déchets toxiques du complexe chimique de Gabès.

Il semblerait qu’il soit ingénieur, mais il est peu probable qu’il soit inscrit à l’Ordre des ingénieurs tunisiens. Il semblerait aussi qu’il soit diplômé d’une grande université de Shanghai. Mais là aussi, rien ne semble le confirmer. Les registres de cette université ne mentionnent pas son passage et on ne trouve aucune publication scientifique qui lui soit attribuée et qui confirmerait une compétence particulière dans le domaine écologique.

La question est donc de connaître le circuit qui permet à un individu inconnu au bataillon de se retrouver dans le palais de Carthage face au président de la République. La seconde question est de savoir comment il a fait pour convaincre le président de la République qu’il est l’oiseau rare et l’homme providentiel.

Maintenant, il reste à convaincre les citoyens de Gabès de patienter encore et d’espérer.

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Commentaire

  1. Fares

    9 novembre 2025 | 17h53

    Ils ne sont qu’une bande de voyous animés par une vengeance sans limites. L’Histoire ne se rappellera que de leur soif de vengeance avant de les jeter une bonne fois pour toutes dans sa poubelle déjà infestée de rats.

    Cet ingénieur chimiste est peut-être le cousin de l’autre ingénieur reçu le 31 décembre par le putschiste? Ils paieront tous un jour et leur ardoise est déjà bien garnie de dettes envers ce pays et sa population.