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Le problème environnemental de Gabès est politique et non technique, selon Houcine Rhili

Par Nadya Jennene

Invité de l’émission Sbeh el Ward animée par Hatem Ben Amara sur Jawhara FM, Houcine Rhili, expert en développement et ressources hydriques, a livré une analyse de la situation environnementale à Gabès. Selon lui, la crise qui secoue depuis des décennies la région du sud tunisien ne relève pas seulement de la technique ou de la technologie, mais avant tout de la volonté politique.

« Nous vivons à l’ère de l’intelligence artificielle. Toutes les solutions techniques et technologiques existent aujourd’hui. Le problème de Gabès n’est donc pas technique : il est politique avant tout », a affirmé l’expert.

M. Rhili a rappelé que les premières études sur la pollution à Gabès remontent à plus de trente ans. Selon ses dires, en 1992 déjà, la décision avait été prise de travailler sérieusement sur le problème du phosphogypse et de trouver des solutions viables. « Depuis, de nombreuses études ont été réalisées, et les ingénieurs du Groupe chimique tunisien connaissent parfaitement les données techniques ».

Pourtant, plus de trois décennies plus tard, la situation reste quasiment inchangée. Le complexe industriel continue de rejeter des quantités importantes de résidus toxiques dans la mer, provoquant une dégradation constante de l’écosystème et des conditions de vie des habitants.

Pour l’expert, la gestion du dossier souffre d’un manque de vision à long terme. À son sens, réduire l’affaire de Gabès à une simple solution technique, comme l’installation d’un filtre ou d’un dispositif de traitement ponctuel, n’est pas une solution durable. Ce qu’il faut, c’est une stratégie globale, portée par des décideurs capables de penser au-delà de la technique.

L’expert a souligné que la Tunisie ne manquait pas de compétences techniques, mais plutôt de volonté politique et de coordination stratégique, précisant que le pays a besoin de stratèges capables de concevoir une transformation structurelle du modèle industriel de Gabès.

Houcine Rhili estime, également, qu’il est possible de démanteler progressivement les unités les plus polluantes du complexe chimique et d’envisager leur délocalisation dans des zones plus adaptées, mais cela doit être précédé d’études approfondies prenant en compte plusieurs paramètres intégrant à la fois la capacité financière du pays, les impératifs écologiques et le coût environnemental ainsi que l’efficacité économique.

L’expert a nuancé également la perception du phosphogypse, souvent présenté comme un déchet hautement toxique, laissant sous-entendre qu’il ne faut donc pas diaboliser ce sous-produit, mais réfléchir à la manière de transformer cette ressource. Selon lui, la Tunisie pourrait tirer parti de son expérience et de son savoir-faire technique pour valoriser le phosphogypse rappelant que les procédés de production du Groupe chimique sont brevetés à l’échelle internationale.

Houcine Rhili a appelé à un sursaut politique pour sortir Gabès de l’impasse assurant que le pays regorge de compétences techniques capables de trouver et de mettre en œuvre les solutions technologiques les plus adaptées pour résoudre la crise environnementale dans la région.

N.J.

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