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« Les prix ne couvrent même pas les coûts » : les oléiculteurs à bout de souffle, selon Maidani Dhaoui

Le président du Syndicat des agriculteurs de Tunisie (Synagri), Maidani Dhaoui, a tiré la sonnette d’alarme sur les difficultés que connaissent les agriculteurs, en général, et les producteurs d’huile d’olive en particulier, notamment à cause de la faiblesse des prix et l’absence d’une stratégie claire pour le stockage et l’exportation.

Il s’exprimait lundi 10 novembre 2025, lors d’une interview téléphonique accordée à Hatem Ben Amara dans l’émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM.

« Les prix actuels ne couvrent même pas les coûts de production. Certains oléiculteurs n’ont pas encore entamé la récolte, faute de rentabilité », a expliqué Maidani Dhaoui, précisant que plusieurs huileries, notamment à Sidi Bouzid, demeurent fermées en raison du manque d’activité.

Selon le président du Synagri, le kilo d’olives se vend actuellement autour d’un dinar, un prix très inférieur aux besoins réels des exploitants.

« Pour qu’un producteur puisse simplement couvrir ses charges, il lui faudrait vendre le kilo d’olives à au moins trois dinars », a-t-il affirmé.

Il a rappelé que la culture de l’olivier, autrefois pluviale, est désormais devenue une culture irriguée, plus coûteuse et plus exigeante, ce qui renforce la pression sur les petits agriculteurs.

Dans plusieurs régions, notamment à Sidi Bouzid, des huileries restent fermées, faute de volume suffisant ou de rentabilité.

Maidani Dhaoui déplore l’absence d’une stratégie nationale de stockage, pourtant essentielle pour soutenir les prix et absorber la production.

« On parle de capacités de stockage de 500.000 tonnes, mais sur le terrain, cette réalité n’existe pas. Les producteurs n’ont aucune garantie », a-t-il dénoncé.

Le responsable syndical appelle à une meilleure coordination entre l’État, les exportateurs et les producteurs, afin d’assurer la stabilité du secteur.

La fixation des prix de l’huile d’olive reste, selon lui, opaque et déséquilibrée.

Alors que le litre est vendu entre dix et quinze dinars à la sortie des huileries, les producteurs, eux, vendent à perte.

« Le consommateur croit que c’est le producteur qui profite des hausses, alors que c’est lui le premier à subir les pertes », a-t-il souligné.

Interrogé sur la rareté du beurre dans les commerces, Maidani Dhaoui a établi un lien direct avec la baisse de la production laitière, elle-même due à la réduction du cheptel bovin.

« Nous avons perdu une partie importante de notre cheptel. Le lait devient insuffisant, et cela se répercute sur la production de beurre et de yaourt », a-t-il expliqué.

Pour lui, la situation reflète les mêmes problèmes que dans l’oléiculture : rentabilité en berne, dettes accumulées et absence de politique d’incitation.

Le président du Synagri a aussi évoqué les difficultés rencontrées dans d’autres filières, notamment les agrumes touchés par la mouche méditerranéenne et les figuiers de Barbarie affectés par la cochenille.

« Le climat change, de nouveaux fléaux apparaissent, et nous devons adapter nos pratiques agricoles à cette nouvelle réalité », a-t-il conclu, appelant à renforcer la recherche agronomique et la résilience des filières agricoles tunisiennes.

I.N.

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Commentaire

  1. Gg

    10 novembre 2025 | 11h43

    Incroyable…
    Qu’il s’agisse des agrumes ou de l’huile d’olive, ou de quoi que ce soit, ce n’est pas à l’état de gérer cela. Il en est incapable. Il faut faire vite et efficace.
    Le rôle de l’état est de rendre les choses faciles, ce n’est pas en mettant les patrons en prison qu’on y arrivera!