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À Sfax, patronat et syndicat s’échangent des accusations autour de la grève du 18 novembre

Une vive passe d’armes oppose ces derniers jours l’Union régionale du travail de Sfax (URT Sfax) et l’Union régionale de l’industrie, du commerce et de l’artisanat de Sfax (Utica Sfax) à propos de la grève régionale du secteur privé prévue pour le mardi 18 novembre 2025.

Un droit de grève contesté entre URT et Utica

Dans un communiqué publié jeudi 13 novembre 2025, l’URT Sfax, structure régionale relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a vivement réagi au texte diffusé deux jours plus tôt par l’Utica Sfax, émanation régionale de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), daté du mardi 11 novembre 2025. Ce dernier qualifiait l’appel à la grève d’« illégal » et contraire aux dispositions du Code du travail.

Dans son communiqué, signé par le secrétaire général Youssef Aouadni, l’URT Sfax exprime « son rejet catégorique du communiqué misérable de l’Union régionale de l’industrie, du commerce et de l’artisanat de Sfax », qu’elle accuse « de se comporter comme le porte-voix du pouvoir et le bras justificateur de ses choix économiques impopulaires ».

L’organisation syndicale estime que le texte de l’Utica Sfax « a dépassé les limites de la décence et de la responsabilité », en « criminalisant le droit de grève garanti par la Constitution » et en « accusant à tort le mouvement syndical ».

L’URT Sfax rappelle que « les négociations dans le secteur privé avaient débuté depuis mai 2025 », mais que « les autorités ont délibérément interrompu le processus, privant ainsi les salariés du secteur privé de leur droit à une augmentation de salaire pour l’année 2025 », à l’instar de ce qui a été accordé dans la fonction publique.

Le communiqué souligne enfin que « la grève du 18 novembre 2025 a été décidée conformément à toutes les procédures légales » et constitue « un choix de lutte légitime et responsable » pour défendre « le pouvoir d’achat des travailleurs ».

L’Union régionale du travail affirme « ne pas accepter de tutelle » et met en garde contre « toute tentative d’intimidation des syndicalistes ou de manipulation des droits des travailleurs ».

Les enjeux économiques et sociaux au cœur du conflit

De son côté, l’Union régionale de l’industrie, du commerce et de l’artisanat de Sfax, présidée par Anouar Triki, avait publié mardi 11 novembre 2025 un communiqué estimant que « l’appel à la grève du 18 novembre constitue un dépassement des prérogatives légales des structures régionales ».

L’organisation patronale rappelle que « les négociations salariales relèvent exclusivement des instances nationales » et non des unions régionales, en vertu de l’article 134 du Code du travail.

Elle considère également que « tout arrêt de travail visant à exercer une pression en ce sens serait illégal », avertissant que de telles actions « portent atteinte à la paix sociale » et « nuiraient à l’économie nationale », notamment aux entreprises exportatrices.

L’Utica Sfax affirme par ailleurs que « les entreprises ont le droit de recourir à la loi pour protéger la liberté du travail », citant les articles 376 et 387 du Code du travail, et « tient l’Union régionale du travail pour responsable de toute conséquence liée à un mouvement non conforme à la législation ».

Enfin, l’organisation patronale appelle l’URT Sfax à « revenir à la raison » et à « éviter les pratiques susceptibles de nuire à la réputation des organisations nationales », estimant que « la région de Sfax a besoin de stabilité pour attirer et maintenir les investisseurs ».

Cet échange de communiqués intervient à quelques jours d’une grève régionale du secteur privé prévue à Sfax. Alors que l’URT Sfax dénonce « le gel des salaires et la dégradation du pouvoir d’achat », l’Utica Sfax alerte sur « les risques économiques et juridiques d’une grève illégale ».

La tension entre les deux organisations régionales illustre le climat social tendu qui prévaut à Sfax et dans toute la Tunisie, où les dossiers économiques et salariaux continuent de cristalliser les divergences entre partenaires sociaux.

I.N.

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