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Article 15 du projet de Loi de finances : l’UGTT menace de grève générale

Par Sarra Hlaoui

Lors d’une interview accordée à Express FM, Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’UGTT et porte-parole officiel de la centrale syndicale, a fermement dénoncé l’introduction de l’article 15 dans le projet de loi de finances 2026. Cet article prévoit le gel — ou la fixation par décret — des augmentations salariales dans les secteurs public et privé. Pour lui, cela constitue « une première historique » dans le dialogue social tunisien, une ingérence directe de l’État dans les négociations salariales et un recul grave du droit syndical.

Selon Sami Tahri, l’UGTT a adressé 17 correspondances officielles depuis 2022 (depuis le gouvernement de Najla Bouden, jusqu’à l’actuel) pour relancer les négociations sur plusieurs dossiers cruciaux, notamment, la réforme du statut de la fonction publique, la révision du statut des établissements publics et offices, et la réévaluation des salaires en fonction de l’évolution du coût de la vie.

Malgré ces relances, aucune réponse n’a été donnée — déplore Sami Tahri — ce qui traduit, selon lui, un blocage total du dialogue social.

Pour l’UGTT, l’inclusion de l’article 15 dans le projet de Loi de finances n’est pas un simple ajustement budgétaire, mais une attaque contre le principe même de négociation. Traduisant sa réprobation, Sami Tahri affirme :  « Ce n’est pas seulement une première — c’est un message clair : l’État ne veut plus des syndicats, il prend en main directement les décisions qui touchaient autrefois à la négociation collective. »

Selon lui, c’est un recul du droit constitutionnel et conventionnel au dialogue social, mis en œuvre via un texte financier, et non plus par voie de négociation entre partenaires sociaux.

L’article 15 ne concerne pas uniquement le secteur public : il inclut aussi les salaires du secteur privé, ce qui, pour Sami Tahri, est inacceptable. Il estime que ce dispositif vise à priver les travailleurs du privé de leur droit à la négociation collective, en substituant à leur droit de négociation un simple décret d’État.

L’UGTT y voit une stratégie délibérée pour neutraliser les syndicats et confier au pouvoir — exécutif ou législatif — le contrôle exclusif des décisions salariales, sans concertation avec les représentants des travailleurs.

Face à ce qu’il qualifie de « fermeture définitive du dialogue », Sami Tahri annonce que l’UGTT envisage désormais la convocation de son Conseil national dès début décembre, et qu’un appel à la grève générale n’est pas exclu si l’article 15 est maintenu sans concertation.  « Nous n’avons plus d’autre choix que de défendre les droits constitutionnels des travailleurs », a-t-il déclaré, soulignant que la porte du dialogue reste fermée depuis plusieurs mois malgré les demandes répétées.

Par ailleurs, Tahri a réagi avec surprise à la polémique autour de la rencontre du président tunisien avec l’ambassadeur de l’Union européenne, rappelant que de telles visites diplomatiques sont courantes et transparentes. Il a souligné que ces échanges visent à défendre les intérêts de la Tunisie sans ingérence politique.

Il a assuré que l’ambassadeur de l’Union européenne a déjà tenu des rencontres avec d’autres organisations, ajoutant : « Nous avons été surpris par cette nervosité et cette tension, il y a une tentative d’encercler l’organisation syndicale qui œuvre pour défendre les droits de la Tunisie, du travail et trouver des solutions à la crise économique ».

S.H

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