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La transition sociétale bloquée : Mouldi Guessoumi signe une méditation aiguë sur les fractures tunisiennes

Par Sarra Hlaoui

« Comme s’il avait attendu la libération de Sonia Dahmani pour prendre lui aussi son envol », le nouveau livre de Mouldi Guessoumi, La transition sociétale bloquée – Lecture des mécanismes défaillants de la sociologie politique, paraît au moment précis où l’avocate retrouve sa liberté. Une coïncidence symbolique, presque littéraire, puisque son nom figure en tête de la liste des Tunisiennes « debout » auxquelles l’auteur dédie l’ouvrage.

Publié par Dar El Kitab, le livre arrive en librairie au début du mois de décembre, avec l’ambition de refermer une année 2025 rude et tourmentée.

Dans ce nouvel essai, Mouldi Guessoumi se penche sur la société tunisienne avec une lucidité parfois dérangeante. Il y explore le paradoxe d’un pays qui a fait naître les slogans de liberté et de dignité, tout en laissant s’installer un discours qui s’en détourne ouvertement.

Entre ceux qui, d’une voix haute, interrogent : « À quoi nous a servi la liberté ? », et ceux qui affirment sans détour : « Nous ne sommes pas faits pour la démocratie », l’auteur rappelle que d’autres Tunisiens continuent de porter la liberté comme un serment.

Il cite notamment Ahmed Souab, ancien prisonnier politique et magistrat, qui déclare : « Notre peuple et nos martyrs nous ont offert la liberté, et je suis prêt à donner ma vie pour elle. »

Et encore : « Comme mon père a cru à l’État de l’indépendance et l’a vu naître, je crois à l’État de droit et des institutions, et il finira par advenir. »

Ces paroles, note l’auteur, montrent à quel point le pays se trouve clivé jusque dans ses valeurs fondamentales. Lorsque des citoyens d’un même pays se divisent radicalement sur ce que l’humanité a produit de plus noble — la liberté, la citoyenneté, l’État de droit —, c’est que le corps social mérite d’être relu en profondeur.

L’auteur avance une critique frontale : les élites politiques et intellectuelles ont passé des années à débattre de la « révolution », fascinées par son aura, mais ont négligé le véritable sujet — la société elle-même, ses logiques internes, ses blessures, ses mécanismes devenus défaillants. Résultat : la transition démocratique a buté non pas sur les slogans, mais sur l’incompréhension du réel.

À travers une série de chapitres construits comme autant de pistes de réflexion, La transition sociétale bloquée pose une question essentielle : si la société réclame la réforme, pourquoi continue-t-on de lui imputer l’échec de la révolution ?

S.H

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