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L’arrestation de Chayma Issa montre la vraie nature du pouvoir

Par Sofiene Ben Hamida

Par Sofiene Ben Hamida

La manière avec laquelle la militante féministe et politique Chayma Issa a été arrêtée n’est pas un acte individuel isolé. Elle n’est pas non plus une simple bavure commise par de jeunes agents de police qui se sont emportés à la faveur de la ferveur ambiante qui a accompagné la marche du samedi 29 novembre 2025. Ces policiers n’ont fait qu’exécuter les ordres de leurs supérieurs. Ces derniers tenaient visiblement à ce que cette arrestation soit ostentatoire et s’apparente plus à un kidnapping qu’à une interpellation dans le cadre de la loi. Ils voulaient nous convaincre, pour ceux qui ne le sont pas encore, de la vraie nature du pouvoir en place : un État autoritaire adossé à un pouvoir policier.

Une arrestation ostentatoire et assumée

L’argument de l’intention de fuite chez Chayma Issa, avancé par les serviteurs serviles du pouvoir, en l’absence de sources officielles, pour expliquer cette arrestation, ne tient pas la route et n’est pas corroboré par les faits. Il est évident que ni elle, ni aucun autre des accusés dans cette affaire rocambolesque de complot contre l’État, qui étaient en liberté et qui ont écopé de lourdes peines, n’avait l’intention de fuir ou de quitter clandestinement le pays.

D’ailleurs, tout comme Chayma Issa, Ahmed Néjib Chebbi et Ayachi Hammami étaient présents, engagés comme jamais, à visages découverts, pour scander à tue-tête leurs convictions avec les autres participants à la marche.

Une méthode répressive qui persiste

Ce que la police tunisienne, qui peine à devenir une police républicaine, n’a pas compris encore, c’est que cette méthode musclée et théâtrale d’arrestations n’est pas productive. Elle a été largement utilisée sous la dictature de Ben Ali sans pouvoir empêcher la révolution de l’évincer.

Elle a été essayée avec Issam Chebbi, Jawher Ben Mbarek, Noureddine Bhiri, Abir Moussi, Sonia Dahmani et tant d’autres, en vain. C’est qu’entre-temps, il y a eu la révolution qui a rendu les Tunisiens plus farouches quand il s’agit de défendre leurs droits et leur liberté.

Une justice dite équitable mais contestée

Les serviteurs serviles du pouvoir continuent d’affirmer que les policiers ont agi dans le cadre de la loi et n’ont fait qu’exécuter une décision de la justice. Ils ajoutent que, dans le cadre de l’affaire dite de complot, la justice a été équitable puisque le verdict final a certes alourdi certaines condamnations, mais a ordonné l’acquittement de plusieurs autres accusés.

On devrait peut-être féliciter notre justice équitable pour avoir fourni tant d’efforts pour vérifier que l’avocat Lazher Akremi n’a pas visité la Libye, ou pour se convaincre que Hattab Slama n’a commis aucun délit sauf probablement celui d’un banal stationnement interdit en garant sa voiture devant la maison d’un autre accusé, Khayem Turki, ou encore pour s’assurer que Noureddine Boutar est entré définitivement dans les rangs.

Ne doit-on pas interpeller cette justice équitable pour avoir pourri la vie de ces citoyens et de leurs familles sans raison, pendant près de trois ans ? Ne devrait-on pas demander des explications à cette justice équitable sur les raisons pour lesquelles Ghazi Chaouachi, Jawhar Ben Mbarek, Ridha Belhaj et Issam Chebbi ont vu leurs peines s’alourdir et passer de 18 à 20 ans d’emprisonnement alors qu’aucun élément nouveau n’est venu s’ajouter à leurs dossiers ? Est-ce pour les punir d’avoir fait une grève de la faim et continué de résister à l’injustice même de l’intérieur de leurs geôles ?

Non, disons-le franchement, la magistrature tunisienne, acculée à faire fonction de justice, ne permet pas, ni dans le dossier de l’affaire dite de complot, ni dans les autres dossiers politiques, de garantir un procès équitable. Quand bien même, épisodiquement, des prisonniers seraient remis en liberté, ce qui est formidable pour eux et leurs entourages, le problème resterait entier : la justice ne consiste pas à redonner aux citoyens leur liberté confisquée arbitrairement, mais à veiller à ce que l’arbitraire n’ait plus droit de cité.

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2 commentaires

  1. Hannibal

    30 novembre 2025 | 23h01

    Une place vient de se libérer et il faut bien l’occuper.
    Les actes d’injustice sont devenus des moyens de détourner l’attention sur l’incompétence pourtant flagrante. Les exécutants obéissent à un réflexe primaire que la pseudo éducation qu’ils ont reçue n’a pas réussi à gommer.
    L’insomniaque, acculé, est entrain de préparer sa Nième diatribe pour la rencontre du lundi et le communiqué du petit matin du mardi.
    Tout ça aux frais du malheureux contribuable…

  2. zaghouan2040

    30 novembre 2025 | 18h43

    Oui
    C’est une version 2.0 de l’horreur benaliste citée dans le monde entier comme exemple de régime glauque et criminel : une maison de l’horreur a ciel ouvert
    La vraie nature de ce régime consiste en fait dans le choix délibéré stratégique meme de s’allier avec les forces benalistes restées largement opérationnelles et bien sûr impunies
    Cette alliance est un piège mais Kaes Saed est prêt à tout pour ne pas un jour devoir rendre des comptes