Donald Trump a averti samedi soir 29 novembre 2025 qu’il considérait l’espace aérien du Venezuela comme « entièrement fermé », déclenchant l’ire de Caracas, qui a dénoncé un « acte hostile » et lancé des manoeuvres militaires.
« À toutes les compagnies aériennes, pilotes, trafiquants de drogue et trafiquants d’êtres humains », a écrit en lettres majuscules le président des États-Unis sur son réseau Truth Social, « veuillez considérer l’espace aérien au-dessus et autour du Venezuela comme entièrement fermé ».
Il n’a pas donné plus de détails.
Cette déclaration belliqueuse survient alors que le gouvernement Trump, qui dit lutter contre les cartels de la drogue du Mexique et d’Amérique centrale, intensifie la pression sur le Venezuela du président Nicolas Maduro, avec un déploiement militaire majeur dans les Caraïbes, notamment au moyen du plus grand porte-avions du monde. Donald Trump accuse Caracas d’être derrière le trafic de stupéfiants qui inondent le marché américain.
« Changement de régime »
Caracas dément et insiste sur le fait que l’objectif véritable de Washington serait un changement de régime et la mainmise sur les réserves pétrolières du pays.
Le gouvernement du président Maduro a condamné samedi « la menace colonialiste qui prétend affecter la souveraineté de son espace aérien, constituant ainsi une nouvelle agression extravagante, illégale et injustifiée contre le peuple vénézuélien ».
Il s’agit d’« un acte hostile, unilatéral et arbitraire, incompatible avec les principes les plus élémentaires du droit international », a tonné le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Les forces armées vénézuéliennes ont mené samedi des manoeuvres militaires le long des côtes du pays, selon la télévision d’État, qui a diffusé des images d’armements anti-aériens et de pièces d’artillerie.
À Maracay, à une centaine de kilomètres de Caracas, des avions de combat Sukhoi d’origine russe et des F-16 (achetés aux États-Unis dans les années 1980, NDLR) ont participé à un meeting aérien, ont constaté des journalistes de l’AFP.
En outre, Caracas a dénoncé le fait que Washington « a suspendu de manière unilatérale » le rapatriement de migrants clandestins vénézuéliens expulsés des États-Unis, Donald Trump ayant fait de la lutte contre l’immigration sa priorité.
« À ce jour, 75 vols ont été effectués pour le rapatriement de 13.956 personnes », rappelle Caracas.
L’aéroport de Maiquetia, qui dessert Caracas, fonctionnait normalement samedi, mais six compagnies aériennes ont suspendu cette semaine leurs liaisons avec le Venezuela pour des raisons de sécurité, ce qui leur a valu de se voir retirer leurs licences par Caracas. Ces annulations affectent des voyageurs.
« C’était horrible, ce voyage est une odyssée et j’ai dépensé beaucoup d’argent », témoigne Yusmaicar Salabarria, 35 ans, Vénézuélienne vivant au Chili et revenue pour les vacances. Partie de Santiago, elle a dû passer à ses frais par Bogota, puis Cucuta, où elle a traversé la frontière à pied avant de prendre une ligne intérieure vénézuélienne.
« Nouvelle guerre »
Elle dit avoir voyagé « sans peur » : « Ils (les Américains) disent toujours qu’ils vont attaquer, il faut vivre au jour le jour, seul Dieu sait ce qui va se passer. »
Donald Trump avait prévenu jeudi que ses forces armées allaient « très bientôt » commencer à cibler des « trafiquants de drogue vénézuéliens » lors d’opérations terrestres, suscitant l’opposition de parlementaires américains, républicains comme démocrates.
« Pour rappel, seul le Congrès a le pouvoir de déclarer la guerre », a rappelé la républicaine Marjorie Taylor Greene, figure de la droite radicale, mais en rupture avec Trump et démissionnaire de la Chambre des représentants.
« Les actions imprudentes du président Trump envers le Venezuela poussent les États-Unis de plus en plus près d’une nouvelle guerre coûteuse à l’étranger », a dénoncé samedi soir Chuck Schumer, chef de file des démocrates au Sénat.
Cartel des Soleils
Au pouvoir depuis 2013, le président socialiste Nicolas Maduro, héritier politique de Hugo Chavez, a été réélu en 2024 lors d’un scrutin contesté marqué par des troubles et des arrestations.
Les États-Unis ont effectué des frappes contre plus de vingt navires vénézuéliens soupçonnés de trafic de drogue dans les Caraïbes et le Pacifique depuis début septembre, tuant au moins 83 personnes, sans fournir de preuves que les navires étaient effectivement utilisés pour le trafic.
Ces derniers jours, une activité constante d’avions de combat américains a été enregistrée à quelques dizaines de kilomètres des côtes vénézuéliennes, selon des sites de suivi des aéronefs.
Le New York Times a révélé que Donald Trump et Nicolas Maduro avaient toutefois récemment discuté au téléphone d’une possible rencontre aux États-Unis.
Washington a désigné comme « organisation terroriste étrangère » le Cartel des Soleils, dont l’existence reste controversée selon de nombreux experts et qui, d’après Washington, serait dirigé par le président Maduro.
© Agence France-Presse











Commentaire
Gg
Question pratique : comment fait on pour « fournir des preuves que les navires étaient effectivement utilisés pour le trafic »?
On les arraisonne en pleine mer et on les fouille, un à un, en présence de commissaires de l’ONU?
Bref, l’AFP est toujours à côté de la plaque, c’est une habitude…