Le conseiller fiscal Anis Saïed est revenu, mercredi 3 décembre 2025, sur l’adoption par le Parlement d’une nouvelle amnistie fiscale dans le cadre du projet de loi de finances 2026.
Invité de l’émission Expresso sur Express FM, l’expert a confirmé, au micro de Wassim Ben Larbi, les déclarations formulées mardi en plénière par la ministre des Finances, Mechkat Slama Khaldi. Il a rappelé que l’amnistie fiscale ne saurait devenir un mécanisme récurrent, sous peine de se muer en injustice structurelle envers les contribuables respectueux des délais et des règles.
Ces derniers se retrouvent dans une situation paradoxale : ils s’acquittent de leurs obligations sans bénéficier de la moindre prérogative. D’où la nécessité, selon l’expert, d’une réflexion profonde sur la philosophie même de l’amnistie fiscale. Il a souligné, dans ce contexte, qu’en cinq ans l’État a déjà accordé quatre mesures similaires.
Anis Saïed a également indiqué que le ministère des Finances s’apprêtait à présenter un texte alternatif afin de contrebalancer la proposition des députés. À son sens, les parlementaires ont, certes, œuvré pour résoudre plusieurs problématiques, mais l’absence de coordination entre l’exécutif et le législatif les a conduits à faire adopter des dispositions étrangères à l’esprit du projet de loi de finances, faute de canaux de communication efficaces avec le gouvernement.
L’expert n’a pas manqué de souligner, à ce propos, l’absence remarquée de la cheffe du gouvernement, qui aurait dû, selon ses dires, participer aux débats portant sur des amendements impliquant plusieurs départements ministériels.
Dans le même esprit, il n’a pas hésité à critiquer la ministre des Finances, qui avait insisté la veille sur l’incompatibilité de certains amendements parlementaires avec l’article 49. Selon lui, l’État lui-même se retrouve en contradiction avec ses propres exigences puisqu’il n’a toujours pas publié les états financiers de l’exercice 2022. « On ne peut s’indigner de dérapages commis par les citoyens ou d’autres acteurs si l’État, en premier lieu, n’incarne pas l’exemplarité dans le respect de la loi », a-t-il déploré.
Abordant enfin le contenu de l’amnistie proposée, il a estimé que celle-ci reproduisait la même architecture que les précédentes, sans offrir de réel rendement supplémentaire pour le Trésor public. Le texte, en l’état, ne présente pas de bénéfices substantiels pour les finances de l’État, a-t-il noté.
Il a conclu en plaidant pour l’instauration de mesures incitatives en faveur des bons contribuables — qu’il s’agisse de remises, de crédits d’impôt ou d’autres avantages — afin d’encourager leur constance et de rétablir un équilibre entre civisme fiscal et équité nationale.
N.J










