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Attayar conteste les peines prononcées dans l’affaire dite de complot

Par Nadya Jennene

Le parti Attayar a publié, mercredi 3 décembre 2025, un communiqué en réaction à la série de condamnations lourdes prononcées en appel dans l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État », estimant qu’il s’agit de « jugements politiques » rendus au terme de procédures « dépourvues des garanties élémentaires d’un procès équitable ».

Déplorant une fuite en avant du pouvoir en place « dans un climat politique où l’espace public a été verrouillé et où toutes les médiations — partis politiques, associations, organisations et syndicats — ont été systématiquement prises pour cible », le parti a dénoncé la mobilisation par le pouvoir, de « l’appareil sécuritaire et judiciaire pour réduire au silence toute forme d’opposition ou de protestation, dans l’unique objectif de masquer son incapacité à produire le moindre acquis économique ou social susceptible d’améliorer la condition des Tunisiennes et des Tunisiens, quels qu’en soient les coûts humains et les victimes innocentes que cela engendre ». 

Attayar a assuré que « la scène politique connaît, ces derniers jours, un tournant grave et décisif dans l’histoire de la Tunisie », notant que les jugements rendus dans l’affaire dite de complot « rappellent tragiquement les sentences de la Cour de sûreté de l’État des années 1960 et 1970 ».

Les condamnations prononcées par la Cour d’appel concernent plusieurs figures politiques emprisonnées depuis près de trois ans. Elles ont été suivies par l’arrestation, le week-end, de la militante et figure de l’opposition Chayma Issa, puis, la veille par l’interpellation de l’avocat et défenseur des droits humains, Ayachi Hammami. 

La chambre pénale spécialisée en matière de terrorisme de la Cour d’appel de Tunis a infligé jusqu’à 45 ans de prison aux prévenus détenus, tandis qu’un accusé a été entièrement acquitté. Pour les accusés libres, les peines vont de 5 à 35 ans de prison, avec deux acquittements supplémentaires. Quant aux prévenus en fuite, la cour a confirmé les condamnations de première instance, soit 33 ans de prison à exécution immédiate. Certaines condamnations s’accompagnent également d’amendes et de confiscations de biens.

Face à ce qu’il a qualifié d’ « évolutions d’une extrême gravité », le parti a exprimé « sa condamnation absolue des verdicts rendus, qu’il considère comme une violation manifeste des principes fondamentaux du procès équitable ». « Ces jugements, éminemment politiques et dénués de tout fondement légal, resteront comme une nouvelle illustration de la dérive autoritaire frappant l’État, marquée par l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire afin de persécuter l’opposition et de saper l’indépendance des magistrats », a-t-on souligné dans le communiqué. 

Selon Attayar, « l’arrestation de militants politiques et civils, dont le patriotisme et la probité sont reconnus par des générations de lutte, constitue une étape supplémentaire dans la volonté du régime d’étouffer les voix libres, de neutraliser l’opposition politique et d’instiller un climat de peur et d’intimidation au sein de la population ».

Le part a conclu en appelant l’ensemble des forces vives du paysage civil et politique à prendre la pleine mesure de la dangerosité du moment, à unir leurs efforts autour de l’exigence commune de mettre un terme à cette spirale de restrictions et de persécutions, et à barrer la route au processus de dérive autoritaire engagé par le pouvoir.  « Le parti exhorte à déployer, par tous les moyens civiques et pacifiques, une action collective capable de sortir la Tunisie de cette impasse historique et périlleuse », lit-on dans le communiqué. 

N.J

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