Le parti Al Joumhouri a vivement réagi, jeudi 4 décembre 2025, à l’arrestation de l’opposant Ahmed Néjib Chebbi, estimant que le pays traverse « un moment d’une extrême gravité, où le pouvoir s’enfonce toujours davantage dans la dérive autoritaire à travers une série d’arrestations politiques systématiques ».
Un pays « en dérive autoritaire »
Dans son communiqué, le parti a dénoncé cette arrestation, celle de l’avocat Ayachi Hammami et « l’enlèvement de Chayma Issa », qualifiant cela de « nouvelle tentative de réduire au silence les figures du combat national et d’abattre les derniers remparts de la liberté ».
« Le fait de viser Ahmed Néjib Chebbi, dont le parcours militant s’étend sur des décennies de lutte contre la tyrannie et de défense de l’État civil et des droits des Tunisiens, et de s’en prendre à Ayachi Hammami, l’un des plus éminents défenseurs des droits et des libertés, figure majeure du barreau et de l’engagement civique, n’a rien d’un incident ordinaire. C’est un message explicite : le système au pouvoir a décidé d’effacer la mémoire juridique et politique du pays et de détruire toutes ses figures encore actives », lit-on dans le communiqué.
Al Joumhouri a affirmé que « ces arrestations arbitraires révèlent la volonté du pouvoir d’imposer la logique de la pensée unique, de vider l’État de droit de sa substance et de soumettre l’espace public par la force ».
Un appel à la mobilisation immédiate
Face à ce qu’il a qualifié de « coup porté aux libertés fondamentales », il a appelé toutes les forces politiques, civiles et les défenseurs des droits humains à « se rassembler immédiatement » pour faire front commun. Le parti a également exigé « la libération immédiate de tous les prisonniers d’opinion » et la rupture avec cette « chute libre vers l’autoritarisme ».
Al Joumhouri a annoncé enfin mettre son siège « à la disposition de tous les défenseurs de la démocratie » pour coordonner les actions en cette phase décisive.
« Nous ne transigerons jamais dans la bataille pour la liberté. Nous ne reculerons pas face à la répression. Et nous poursuivrons la lutte, aux côtés de tous les patriotes, jusqu’à ce que la Tunisie retrouve son âme, son État et la dignité de son peuple », a conclu le parti.
Chebbi, Hammami, Issa : une répression en chaîne
Plus tôt dans la journée de jeudi, les autorités ont procédé à l’arrestation du politicien Ahmed Néjib Chebbi, condamné à douze ans de prison dans le cadre de l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État », dans laquelle plusieurs figures de l’opposition sont poursuivies. Il avait, à maintes reprises, dénoncé un dossier « totalement fabriqué » et instrumentalisé à des fins politiques.
Deux jours auparavant, le 2 décembre 2025, l’avocat et militant des droits humains Ayachi Hammami a été arrêté à son domicile, dans le cadre du même dossier. Il a été condamné à cinq ans de prison en appel dans la même affaire, qualifiée, selon ses dires, d’« entièrement fabriquée » et à dimension politique.
Le 29 novembre 2025, Chayma Issa a été interpellée en pleine manifestation au centre-ville de Tunis. Condamnée à vingt ans de prison en appel, elle participait à un rassemblement en défense des libertés lorsque des agents en civil l’avaient arrêtée sous les yeux des manifestants. La scène a provoqué une vive indignation, des slogans de colère et une atmosphère de grande tension sur l’avenue Habib-Bourguiba.
N.J













