L’arrestation d’Ahmed Néjib Chebbi, jeudi 4 décembre 2025, à son domicile, a provoqué un émoi immédiat sur les réseaux sociaux. Condamné à 12 ans de prison dans le cadre de l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État », le fondateur du PDP et président du Front de salut national, âgé de 81 ans, est une figure historique de l’opposition démocratique tunisienne. Sa longue carrière de militant et son engagement constant contre le pouvoir ont suscité des réactions vives, mêlant colère, désespoir et détermination à résister face à l’arbitraire.
Faiza Rahem, épouse de son frère Issam Chebbi, incarcéré dans la même affaire, a partagé son émotion : « Je viens de sortir de la prison de Borj Erroumi après avoir vu Issam… et il a appris l’arrestation de Néjib avec une grande émotion. Il m’a dit de transmettre le message . « Nous avons payé le prix de l’oppression, et nous y faisons face avec courage ». »

Le journaliste Haythem Mekki a souligné la stature historique et morale de M. Chebbi : « Cet homme a combattu contre Bourguiba, Ben Ali, Ennahdha et Qais Saïed. Aujourd’hui, à 81 ans, il sait qu’il va en prison, il a mis son costume et est parti en souriant. Il deviendra un jour un symbole national unanimement reconnu pour son engagement en faveur de la lutte pacifique et démocratique, pour un pays qui respecte pleinement ses citoyens. Quant à ceux qui se réjouissent aujourd’hui de son sort, ils resteront insignifiants et amers face à l’accomplissement de son courage et de sa dignité ».

Mohamed Hamdi, ancien ministre, a rappelé la lucidité de Chebbi dès les premières étapes de son procès : « M. Néjib a résumé la situation depuis le début de ce procès de pure façade : la force est du côté du pouvoir, le droit est de notre côté… C’est pourquoi il entre en prison en souriant, convaincu que le droit triomphera, tôt ou tard ».

Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, a dénoncé l’injustice flagrante : « L’arrestation du militant politique Ahmed Néjib Chebbi est un signe avant-coureur du désastre. Les ténèbres se dissiperont ! Et les chaînes se briseront ! ».

L’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek, sœur du prisonnier politique Jaouhar Ben Mbarek, a exprimé sa solidarité et son indignation : « L’arrestation de notre grand maître et professeur Ahmed Néjib Chebbi… Malgré sa solidité semblable à celle d’un mont et sa longue expérience face aux tempêtes de la répression, il a goûté à l’amertume et lui fait subir la dureté de sa résilience. Nos cœurs se serrent devant l’ampleur de cette injustice, mais votre emprisonnement ne durera pas, chers libres. Nous vous libérerons par notre lutte, notre détermination et notre volonté inébranlable ».

Le syndicaliste Mongi Souab, frère du prisonnier politique Ahmed Souab, a insisté sur la continuité de la résistance : « La souffrance et les larmes des familles des prisonniers politiques ne seront pas vaines… Néjib Chebbi a 81 ans. Il a été arrêté pour la première fois en 1968. Nous ne plierons pas, nous ne céderons pas. C’est une promesse… et la parole donnée à un homme libre est sacrée ».

L’avocat Nafaa Laribi a quant à lui affirmé son soutien total : « L’injustice est une obscurité ! Mon soutien inconditionnel à ma collègue Haifa Chebbi, fille du militant politique et avocat M. Néjib Chebbi, qui vient d’être arrêté. Mon total et absolu soutien à M. Néjib Chebbi ! ».

La militante Naziha Rejiba a relayé la vidéo d’Haifa Chebbi, la fille d’Ahmed Néjib, qui annonçait l’arrestation de son père en larmes : « Ils ont fait pleurer les gens, jeunes et adultes… Tout notre soutien à M. Ahmed Néjib Chebbi et à tous les prisonniers d’opinion et de politique. »

Samir Dilou, ancien ministre et avocat, a partagé un échange qu’il a eu avec Ahmed Néjib Chebbi : « – “M. Néjib, faut-il faire appel de la décision de la Cour d’appel ?” – “Non, ce n’est pas un jugement judiciaire que l’on peut contester devant la justice, c’est une décision politique de m’emprisonner. Ces gens n’ont pas étudié l’histoire, le pouvoir les a trompés, et ils ignorent que ‘l’injustice ne dure jamais’.” »

Les réactions sur les réseaux sociaux montrent l’indignation générale face à cette arrestation, la reconnaissance de la stature historique de Chebbi et la détermination de nombreux Tunisiens à continuer à dénoncer l’arbitraire et défendre les droits fondamentaux.
R.B.H















