L’expert en sécurité sociale, Hedi Dahmen, est revenu, vendredi 5 décembre 2025 lors d’une interview téléphonique accordée à Myriam Belkadhi dans l’émission Midi Express sur Express FM, sur l’adoption par le parlement de la prorogation des dispositions exceptionnelles relatives à la contribution sociale solidaire.
Le jeudi 4 décembre 2025, le parlement tunisien a adopté les mesures exceptionnelles de la contribution sociale solidaire dans le cadre de la Loi de finances 2026, visant à renforcer les ressources des caisses sociales et à garantir les financements nécessaires à la continuité des prestations. Selon les chiffres communiqués, le texte a été approuvé par 95 députés, rejeté par deux et huit se sont abstenus. Cette mesure prévoit une retenue de 0,5% sur les salaires des Tunisiens pendant l’année 2026 et une contribution de 3% sur les revenus des entreprises.
Interrogé sur l’importance et l’impact de cette décision, Hedi Dahmen a souligné que cette retenue constitue un mécanisme indispensable pour assurer le financement des caisses sociales, avec une recette attendue d’un milliard de dinars pour l’année 2026. Selon lui, « sans cette intervention, les caisses sociales seraient confrontées à d’importants déséquilibres financiers dans les années à venir ».
« Cette mesure sera appliquée de manière exceptionnelle pendant l’année 2026, en attendant le lancement des réformes structurelles. L’objectif est d’offrir une « soupape financière » aux caisses et de leur permettre de respecter leurs obligations envers les bénéficiaires des pensions et des salaires », a précisé Dahmen.
Une mesure temporaire face à une situation critique
L’expert a insisté sur le fait que « ce prélèvement n’est pas une solution pérenne, mais un moyen provisoire pour protéger le système de sécurité sociale. Sans cette intervention urgente, les pensions seraient menacées dès les mois de mars et avril 2026 ».
Dahmen a également rappelé que « la contribution sociale solidaire existait déjà depuis 2017 et 2018, et qu’elle avait été intégrée dans les précédentes Lois de finances avant d’être étendue au fonds national d’assurance maladie. Cette mesure vise à soutenir le système des pensions dans les secteurs public et privé ».
Transparence et gouvernance : des conditions essentielles
Sur la question de la transparence dans la gestion des caisses sociales, Hedi Dahmen a pleinement soutenu les députés qui avaient exprimé des réserves sur la continuité de ce prélèvement, faute de données financières publiées et accessibles. Selon lui, « la divulgation complète des informations financières est essentielle pour une bonne gouvernance et pour traiter le déficit des caisses au-delà des simples mesures comptables ».
L’expert a insisté sur la nécessité de réformes structurelles profondes, impliquant « une refonte méthodologique et organisationnelle du système de sécurité sociale, ainsi qu’une révision des sources de financement et des mécanismes de recouvrement ». « Le déficit financier est préoccupant et menace la stabilité du système, qui reste un acquis social majeur depuis l’indépendance », a-t-il souligné.
Un appel à l’action urgente
Pour Dahmen, « le prélèvement exceptionnel constitue un traitement d’urgence, qui permet aux caisses de respirer temporairement. C’est une mesure apaisante, mais elle ne résout pas le problème de manière durable », ajoutant que les caisses sociales sont en situation critique et qu’il est impératif de mettre en place un plan de réformes structurelles dès 2027, dans le cadre d’un dialogue social impliquant tous les acteurs concernés.
En conclusion, Hedi Dahmen a rappelé que « la protection des pensions et des bénéficiaires des caisses sociales relève de l’intérêt national. Le statu quo financier pourrait avoir des conséquences graves sur des centaines de milliers de personnes. Nous avons besoin de mesures urgentes pour maintenir la pérennité des caisses, tout en préparant une réforme en profondeur pour assurer leur stabilité à long terme ».
I.N.










