La centrale syndicale est revenue, samedi 6 décembre 2025, sur la décision de la tenue d’une grève générale nationale dans l’ensemble des secteurs le 21 janvier 2026. Cette décision a été adoptée à l’unanimité par l’Instance administrative nationale de l’UGTT, réunie les 5 et 6 décembre sous la présidence du secrétaire général, Noureddine Taboubi.
Un climat politique jugé “étouffant”
Dans son communiqué, l’UGTT affirme constater la poursuite de l’étouffement politique et social et la « détérioration de la situation économique ». Elle accuse le pouvoir d’installer un « système autoritaire fermé », citant la multiplication des arrestations, les procès inéquitables visant syndicalistes, militants, avocats, journalistes et blogueurs, ainsi que les pressions exercées sur la société civile.
La centrale pointe particulièrement le décret 54, qualifié de texte « museleur », dont plusieurs citoyens auraient été victimes « pour de simples opinions ».
Vague de condamnations contre des syndicalistes
L’UGTT dénonce par ailleurs une série de jugements « injustes et malveillants » ciblant des dirigeants syndicaux, parmi lesquels :
- Lassoudi Essanki, secrétaire général de l’union régionale du travail de Kasserine,
- Haythem Mahjoubi, secrétaire général de la fédération générale de la Justice, des Domaines de l’État et de la Propriété foncière,
- ainsi que plusieurs cadres syndicaux du complexe agro-industriel de Bouzouita et du complexe agricole de Chaâl.
Elle évoque également des affectations punitives, des licenciements et des poursuites dans divers secteurs — culture, commerce, justice, affaires religieuses, énergie, assurances, services bancaires ou encore technologies — destinés, selon elle, à « intimider les syndicalistes et les empêcher d’exercer leurs droits ».
Dialogue social bloqué
La centrale accuse le gouvernement de fermer les portes du dialogue, de se dérober à la négociation et de gouverner seul. Elle fustige le recours aux décrets, notamment l’introduction jugée « unilatérale » de l’article15 de la loi de finances, qui prévoit une augmentation salariale « insuffisante », décidée « sans concertation ».
Elle reproche également à l’Utica son refus de négocier les augmentations salariales de 2025 ainsi que l’ouverture des discussions ordinales et financières dès janvier.
Pouvoir d’achat en chute libre
L’UGTT alerte sur la diminution du pouvoir d’achat et la flambée des prix, aggravées par la dégradation des services publics et les pénuries répétées, notamment de médicaments et de produits de base.
L’organisation estime que l’État « renonce à son rôle social et régulateur ».
Conditions pour une sortie de crise
La centrale syndicale pose plusieurs prérequis pour « dégager des solutions » :
- assainir le climat politique,
- lever les poursuites et annuler les jugements iniques,
- abroger le décret 54,
- libérer les prisonniers d’opinion,
- mettre fin aux restrictions visant libertés et syndicats,
- relancer le Conseil national du dialogue social,
- ouvrir immédiatement des négociations salariales et statutaires,
- appliquer les accords déjà signés.
Dans le secteur privé, l’UGTT réaffirme son attachement aux augmentations salariales 2025 et à la révision de la convention collective, notamment dans le domaine agricole.
Une grève générale en janvier
Estimant que le dialogue social a été « anéanti » et que le droit syndical continue d’être « violé », l’Instance administrative nationale a décidé de mettre en œuvre la résolution du Conseil national de septembre 2024 et celle du 11 novembre 2025. Elle décrète donc une grève générale nationale le mercredi 21 janvier 2026.
L’Instance administrative restera « en session permanente » jusqu’à cette date, conclut le communiqué.
R.B.H











Commentaire
Tunisino
L’Ugtt, est-elle la solution? Quelle est sa contribution dans le développent de la Tunisie? Elle se montre pour des augmentations salariales, est-ce que la situation du pays depuis 2011 supporte des augmentations salariales? La priorité est-elle à la création d’emplois ou pour emmerder les secteurs publique et privé? L’Ugtt doit s’effacer dans toute troisième république, elle est trop corrompu pour continuer, comme le RCD durant la deuxième république, les travailleurs doivent être systématiquement défendus par la loi ou par des syndicats d’entreprise.