Amnesty International a publié un appel urgent dénonçant une nouvelle vague d’arrestations visant des figures de l’opposition et des défenseurs des droits humains en Tunisie.
Dans un communiqué datant du 5 décembre et publié aujourd’hui, 8 décembre, par Amnesty Tunisie, l’organisation réclame la libération immédiate et inconditionnelle d’Ahmed Néjib Chebbi, Chayma Issa et Ayachi Hammami, tous arrêtés entre le 29 novembre et le 4 décembre dans le sillage des condamnations en appel prononcées par la Cour d’appel de Tunis dans la très controversée affaire dite de complot.
Une décision judiciaire suivie d’interpellations ciblées
Le 28 novembre, la Cour d’appel de Tunis a prononcé des peines de prison infligées à 34 accusés, allant jusqu’à 35 ans d’emprisonnement pour certains.
Le lendemain, alors qu’elle participait à une manifestation pacifique dénonçant la répression de l’opposition, Chayma Issa a été interpellée par des policiers en civil. Trois jours plus tard, l’avocat et militant des droits humains Ayachi Hammami a été arrêté à son domicile. Le 4 décembre, c’est Ahmed Néjib Chebbi, figure majeure de l’opposition, qui a été appréhendé à son tour.
Amnesty dénonce des arrestations à motivations politiques
Dans son appel, Amnesty International qualifie ces arrestations d’« arbitraires » et « politiquement motivées », estimant qu’elles s’inscrivent dans un contexte de durcissement sécuritaire visant à faire taire toute expression dissidente.
L’organisation rappelle également que la procédure judiciaire dans l’affaire de complot a été entachée de graves violations des garanties d’un procès équitable, dont la privation du droit pour certains accusés de comparaître en personne et la tenue de sessions à huis clos.
Une lettre adressée au président Kaïs Saïed
Amnesty a également diffusé une lettre type invitant les citoyens à interpeller le président de la République, Kaïs Saïed. Le document, destiné à être envoyé au palais de Carthage, exprime une vive inquiétude face à cette escalade répressive et appelle les autorités tunisiennes à :
• annuler les condamnations prononcées dans l’affaire de complot,
• libérer immédiatement toutes les personnes détenues pour l’exercice pacifique de leurs droits,
• mettre fin aux poursuites à caractère politique contre les opposants et défenseurs des droits humains.
Un climat politique de plus en plus étouffant
Pour Amnesty International, ces affaires confirment une tendance alarmante : l’utilisation de l’appareil judiciaire pour neutraliser les voix critiques du pouvoir. Les arrestations successives de figures connues de la scène politique et militante témoignent, selon l’organisation, d’une volonté de dissuader toute mobilisation contre la répression croissante.
Alors que plusieurs personnalités condamnées dans l’affaire de complot sont détenues depuis février 2023, les nouvelles arrestations portent à un niveau inédit les tensions entre le pouvoir et l’opposition. Amnesty International appelle, plus que jamais, à un sursaut des autorités pour mettre fin à cette dérive répressive.
M.B.Z










