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Nouvelle interdiction de visite carcérale pour la LTDH : le ministère de la Justice mis en cause

Par Raouf Ben Hédi

Le bras de fer entre l’État tunisien et les défenseurs des droits humains s’intensifie. Le bureau régional de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) à Mahdia a dénoncé, lundi 8 décembre 2025, l’interdiction d’une visite programmée à la prison civile de Mahdia, malgré le respect – affirme-t-il – de toutes les procédures prévues dans la convention signée en 2015 entre la Ligue et le ministère de la Justice.

Selon la section locale, le refus opposé par l’administration s’est produit alors que le groupe, composé de Jameleddine Sebaa, vice-président de la Ligue, Hassen Hassen, secrétaire général du bureau de Mahdia, Rafika Chetti, trésorière, ainsi que le médecin accompagnant Dr Mohamed Amine Mesrati, s’était présenté le matin même au centre de détention.

Une décision “injustifiée” et en rupture avec la convention de 2015

La LTDH affirme avoir respecté scrupuleusement toutes les dispositions prévues par le protocole d’accord : notification préalable dans les délais légaux, transmission de l’identité des membres du groupe, objectif de la visite clairement énoncé, et engagement à se conformer aux procédures internes.
Pour la section de Mahdia, ce refus « sans justification valable » constitue un précédent dangereux et porte atteinte au rôle de contrôle que la Ligue exerce depuis des décennies dans les établissements pénitentiaires.

Un mouvement généralisé de blocage

La Ligue ne cache pas son inquiétude. La section rappelle que cette interdiction intervient après plusieurs refus similaires ayant touché d’autres délégations : les prisons de Belli, Ennadhour, Borj Erroumi et Gafsa ont récemment opposé le même type d’obstacles.

Selon la LTDH, ces blocages successifs dessinent une tendance claire : une volonté implicite de mettre fin à la convention de 2015, sans que le ministère de la Justice n’en annonce officiellement la résiliation.

Un recul sérieux de la transparence carcérale

Pour la LTDH Mahdia, cette série d’interdictions menace l’un des acquis les plus importants du paysage des droits humains en Tunisie : la surveillance civile indépendante des lieux de privation de liberté.

La Ligue rappelle que la convention de 2015 est l’aboutissement de « décennies de lutte » pour imposer le droit de regard des organisations indépendantes sur les conditions carcérales. Les visites menées depuis ont permis la production de rapports de référence documentant les violations, identifiant les dysfonctionnements et proposant des pistes de réforme.

« Fermer la porte à ces visites revient à resserrer les marges de transparence au sein des prisons et à restreindre injustement l’action des défenseurs des droits humains », affirme la section de Mahdia.

La LTDH hausse le ton et appelle à une mobilisation nationale

La section de Mahdia formule quatre positions fermes :

Condamnation du démantèlement de facto de la convention de 2015 et de l’interdiction imposée aux délégations de la Ligue.

-Réaffirmation du rôle historique de la LTDH dans le contrôle des lieux de détention et la défense de la dignité des détenus.

Responsabilisation du ministère de la Justice, accusé d’être à l’origine d’un recul majeur des garanties des droits humains dans les prisons.

-Appel à une coordination nationale entre les sections de la Ligue et les autres acteurs du mouvement des droits humains pour défendre ce droit et restaurer le mécanisme de contrôle indépendant.

La section conclut en rappelant que le combat pour les droits humains « ne s’arrête pas aux communiqués » et que les décisions unilatérales visant à restreindre l’action civile « seront affrontées avec engagement et persévérance ».

R.B.H

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