À l’occasion du 77e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, célébré le 10 décembre 2025, la Tunisie a réaffirmé, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, « son attachement aux principes universels de dignité humaine, de liberté et de droits inaliénables », tout en appelant à « un renforcement de l’action internationale en faveur de la paix, de la justice et du multilatéralisme ».
Le département de la diplomatie rappelle que « la Déclaration universelle constitue la référence fondamentale des droits humains et un cadre éthique et juridique essentiel pour garantir la dignité humaine ». Cette commémoration, souligne le texte, doit être « l’occasion d’évaluer la situation mondiale des droits de l’Homme et d’intensifier les efforts pour traduire les engagements internationaux en législations nationales effectives et en mécanismes concrets de justice ».
La Tunisie insiste sur le fait que « la protection des droits humains ne peut être effective en l’absence de sécurité, de paix et d’un ordre international équitable, fondé sur la solidarité, le respect mutuel et le droit international ». Elle plaide également pour « un rôle renforcé des Nations unies dans la prévention des conflits et le règlement pacifique des différends ».
Sur le plan interne, le communiqué met en avant « l’indivisibilité des droits et des libertés et lie leur réalisation aux exigences de justice sociale, d’égalité des chances, de lutte contre la discrimination et l’exclusion, ainsi qu’à l’accès équitable aux services essentiels et à une répartition juste des richesses ».
Un contexte marqué par de vives critiques
Toutefois, cette déclaration officielle intervient dans un contexte marqué par de vives critiques émanant d’organisations nationales et internationales de défense des droits de l’Homme.
Aujourd’hui, le SNJT, l’Ordre national des avocats, la LTDH, l’ATFD et le FTDES ont tiré la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse consacrée à l’état des droits humains en Tunisie.
Sous le slogan « Non à la criminalisation de l’opposition politique et civile », les organisations ont dénoncé une dégradation profonde des libertés publiques.
Le SNJT, par la voix de Zied Dabbar, a alerté sur une répression systématique visant les journalistes, marquée par des détentions, l’usage du décret 54 et un verrouillage organisé de l’accès à l’information, décrivant cette période comme la plus dangereuse de l’histoire de la presse tunisienne.
L’Ordre des avocats, représenté par Me Boubaker Bethabet, a fustigé l’instrumentalisation de la loi antiterroriste contre avocats, opposants et détenus politiques, estimant que ce texte, censé protéger la population, est devenu un outil de répression.
Les ONG internationales pointent un recul inquiétant des droits et des garanties judiciaires
Ces derniers mois, plusieurs ONG, dont Amnesty International, Human Rights Watch et la Fédération internationale pour les droits humains, ont dénoncé des arrestations et détentions jugées arbitraires, visant des opposants politiques, des avocats, des journalistes, des militants associatifs et des figures de la société civile.
Les critiques portent également sur l’atteinte aux garanties du procès équitable, l’usage extensif de dispositions pénales liées à la sûreté de l’État, la restriction de la liberté d’expression et de la presse, ainsi que sur les pressions exercées sur la magistrature et les avocats. Des inquiétudes ont aussi été exprimées concernant les conditions de détention, le recours prolongé à la détention préventive et les entraves à l’activité des associations.
À l’échelle internationale, la Tunisie a également fait l’objet de rapports onusiens et de prises de position de partenaires étrangers, soulignant un recul des libertés publiques et appelant les autorités à respecter pleinement leurs engagements internationaux en matière de droits humains.
S.H












