À l’occasion du 77e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, célébré le 10 décembre, l’Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT) a publié, mercredi 10 décembre 2025, un communiqué appelant à l’éradication totale de la torture et des mauvais traitements, tout en dressant un constat préoccupant de la situation des droits humains, tant au niveau international que national.
L’OCTT rappelle que la Déclaration universelle de 1948 constitue un socle fondamental des droits et libertés, incluant les dimensions civiles, politiques, économiques, sociales, culturelles et environnementales. Toutefois, l’organisation estime que cet héritage est aujourd’hui menacé par la montée d’un courant populiste de droite à l’échelle mondiale, qu’elle accuse d’exploiter les crises économiques et sociales pour s’attaquer au système international des droits humains, attiser le racisme et la xénophobie, restreindre les libertés et légitimer des guerres et des politiques d’agression.
Une situation internationale sous tension
Sur le plan international, l’OCTT pointe notamment le soutien apporté, selon elle, par les États-Unis et certains pays européens à la guerre menée contre le peuple palestinien, qualifiée de « génocidaire », ainsi qu’aux agressions contre le Liban et l’Iran.
Une dégradation préoccupante des droits humains en Tunisie
En Tunisie, l’organisation dénonce une évolution jugée en rupture avec les objectifs de la révolution de 2011, visant à garantir la dignité, la liberté et la justice. Elle affirme avoir recensé, ces derniers mois, de nombreux témoignages faisant état de graves atteintes à l’intégrité physique et morale lors des arrestations ou en détention, ainsi que des cas de décès qualifiés de suspects dans plusieurs centres de détention et établissements pénitentiaires. L’OCTT alerte également sur la dégradation des conditions de détention, marquées par la vétusté des infrastructures et une surpopulation carcérale sans précédent.
L’organisation s’inquiète par ailleurs du manque de transparence, évoquant l’absence d’enquêtes judiciaires et médicales indépendantes sur les violations présumées, la fermeture du siège de l’Instance d’accès à l’information en août 2025, ainsi que les restrictions répétées imposées récemment à la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme lors de ses tentatives de visites dans les prisons.
Dans son communiqué, l’OCTT condamne fermement toutes les formes de torture et de mauvais traitements, appelle à la publication des résultats d’enquêtes indépendantes sur les décès suspects en détention et plaide pour la garantie du droit d’accès à l’information. Elle rejette également toute criminalisation de l’action civile, les poursuites liées à l’exercice des libertés d’expression et d’association, et les atteintes aux droits des personnes arrêtées, appelant au respect des conditions d’un procès équitable.
S.H
