Lors des deux rencontres tenues le 9 décembre au palais de Carthage avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri, et le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, le mot d’ordre était clair : la menace. Le chef de l’État se rebiffe et pointe des coupables, principalement dans les rouages de l’appareil exécutif, leur promettant un violent retour de bâton.
« Ceux qui ne tirent pas de leçons de l’histoire en tireront de ce qui les attend », le ton est donné et le message est clair. Aussi bien au niveau des fonctionnaires de l’État que pour l’ensemble de la scène politique, le régime va continuer sur le chemin qu’il a tracé et pourrait même resserrer la vis en s’en prenant, également, à ses propres serviteurs, accusés de gaspiller l’argent public.
Un président en colère
Les responsables régionaux sont également pointés du doigt par le président de la République, comme il l’a exprimé auprès du ministre de l’Intérieur. Kaïs Saïed les accuse d’être incapables de trouver des solutions et de se cacher derrière des prétextes qu’il considère fallacieux, liés au respect des procédures ou au manque de moyens. Le président n’a pas raté l’occasion pour dire qu’il n’est pas normal qu’il soit obligé d’intervenir « pour demander le raccordement d’une maison au réseau d’assainissement ou à l’éclairage public dans certains quartiers, ou encore la réparation d’une portion de route à la suite d’une plainte ».
Le communiqué s’achève par une phrase qui sonne, elle aussi, comme une menace : « Ceux qui se trompent d’objectif ou confondent les priorités doivent savoir que les jeunes arrivent, et qu’ils ne se tromperont ni de cible ni de direction. »
Remaniement en vue ?
Kaïs Saïed a donc convoqué les deux plus hauts responsables de l’État pour leur signifier que leurs équipes ne font pas ce qu’il attend d’elles et pour les menacer directement. Cette menace les concerne eux aussi, directement. Dans le communiqué à propos de la rencontre avec la cheffe du gouvernement, le président a affirmé que « le pays a aujourd’hui besoin — et l’échéance est proche — de personnes qui placent la patrie au-dessus d’elles-mêmes, intègres et constantes, dont les positions ne changent pas même si on leur offre tous les trésors de l’État, et qui refusent toute ingérence dans les affaires internes du pays ».
Par conséquent, il risque d’y avoir un large changement — pourquoi pas un remaniement ? — dont l’échéance est proche. Et parmi les critères de choix du nouvel effectif, un élément très important : ils doivent refuser toute ingérence dans les affaires internes du pays. Kaïs Saïed revient ici sur un thème qui lui est cher autour de la souveraineté du pays, que certains qualifient de souverainisme populiste. Cela suggère-t-il qu’un impair concernant ce principe si cher au président a été commis par l’un des membres de l’équipe actuelle ? Nul ne saurait y répondre, mais il est clair que c’est une condition sine qua non pour le président de la République.
Il est clair que le président de la République est insatisfait du rendement général, aussi bien au niveau de certains services publics qui ne fonctionnent pas convenablement qu’au niveau des responsables régionaux qui ne prennent pas leurs responsabilités. Cette insatisfaction semble également s’étendre au niveau des responsables de premier plan, à savoir les ministres, ce qui va alimenter les discussions sur la possibilité et la pertinence surtout d’un énième remaniement ministériel, aussi large soit-il.
Les menaces du président sont sans équivoque en tout cas. Cela lui permet déjà de prendre de la distance par rapport à un gouvernement qui ne « délivre » pas comme il le souhaiterait. Comme les précédents gouvernements, celui-ci portera le poids de la responsabilité envers le peuple et permettra de dédouaner complètement le président de la République, pourtant responsable au moins au même titre.
Désigner des coupables, un exercice familier
L’insatisfaction grandissante dans la rue tunisienne presse le chef de l’État de désigner des responsables de la situation, chose qu’il adore faire. Outre les manifestations concernant la situation des droits en Tunisie et les multiples prisonniers politiques, la population ressent également les affres de la situation socio-économique. Cherté de la vie, chômage, manque d’investissement, migration, éducation, violence… autant de sujets auxquels se frotte le Tunisien dans sa vie de tous les jours et auxquels le pouvoir, malgré toutes ses promesses d’État social, n’a pas su apporter de réponses concrètes.
Les récentes discussions autour du projet de loi de finances au Parlement n’ont pas raffermi le gouvernement dans ses convictions et l’on pourrait parier que le président de la République, considérant que les élus sont au final la voix du peuple, souhaite prendre de la distance par rapport au gouvernement qu’il a lui-même nommé.
La menace, encore et toujours
Le président de la République a donc multiplié les menaces visant particulièrement les fonctionnaires et les responsables de l’État, sans exclure les corrupteurs et autres. Certains diront que ce n’est pas la première fois que Kaïs Saïed profère de tels mots. Toutefois, la menace semble se préciser et le président ajoute, pour la première fois, un facteur temps en disant que le changement souhaité se fera prochainement.
Deux choses sont cependant claires : la première est que le couperet tombera d’une manière ou d’une autre, la deuxième est que tout cela ressemble beaucoup à une fuite en avant.











4 commentaires
MaKS la menace
MaKS la menace du bar haut Qôm baas…
Gare au retour du batonnier révolutionnaire populaire boursoufflé de ressentiment.
ZoKafioneries et naoufelonneries générales 5 étoiles à grandes eaux de Jaffel : dégagez !
TiKS taKS, tic tac…
zaghouan2040
Meme si je suis un « citoyen » lambda il me semble que l’intuition du président est bonne
Voyez vous je suis résolument contre ce régime mais il me semble de loin que certai d. projets d’envergure sont réellement détournés de leur finalité première et être réellement téléguidés par des lobbys
En fait j’en suis même certain mais je n’ai aucune influence
Mhammed Ben Hassine
Vous pouvez tou de même nous éclairée et nous dire de quels projets et LOBBIES vous parlez pourquoi ce brouillard dont nous sommes des champignons toutes catégories
Merci
le financier
Janvier va etre festif .
On ne fait pas d un ane un cheval de course meme si tu le nourit comme un cheval .
Le pb c est que KS est incompetent en economie et contrairement a ben ali et bourguiba qui eux s entourait des plus competent , KS prefere les beni oui oui . Des fideles mais incompetent.
Un vrai ami est celui qui vous dit ce qui ne va pas .
KS voit que les choses empirent economiquement parlant , les solutions existaient et existent encore mais il faut lacher avec le communisme et l ideal du partage de la misere