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Souveraineté médicamenteuse menacée : l’Ordre des pharmaciens avertit d’un risque réel d’effondrement du système

Par Imen Nouira

Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens de Tunisie (CNOPT) a réagi, jeudi 11 décembre 2025, à l’escalade de la crise entre la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) et le Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (Spot), à l’origine de la suspension du système du tiers payant depuis le lundi 8 décembre.

Ce qui n’était au départ qu’un différend financier entre pharmaciens et Cnam s’est transformé en crise structurelle : l’Ordre des pharmaciens avertit que la souveraineté médicamenteuse du pays est désormais en jeu.

Une situation aux répercussions directes sur les patients

Dans son communiqué, le CNOPT exprime son « profond regret » face à la suspension du tiers payant, soulignant ses effets immédiats sur l’accès aux soins, en particulier pour les patients aux revenus limités.

L’Ordre dit comprendre la décision du syndicat, estimant que les pharmaciens ont été « contraints » de suspendre le dispositif en raison de l’accumulation, depuis plusieurs mois, de créances impayées par la Cnam. Ces retards, note-t-il, ont provoqué « une crise financière suffocante » pour les officines privées et déséquilibré toute la chaîne du médicament.

Un risque direct sur la souveraineté médicamenteuse

Le CNOPT met en garde contre la poursuite de cette situation, évoquant des « conséquences graves » susceptibles de menacer la souveraineté médicamenteuse. Selon lui, c’est l’ensemble du circuit de distribution du médicament qui se retrouve fragilisé : des pharmacies privées aux répartiteurs, jusqu’à la Pharmacie centrale tunisienne et aux fabricants locaux.

Face à l’urgence, l’ordre annonce avoir adressé une correspondance à la cheffe du gouvernement, appelant à une intervention rapide. Il demande notamment :

  • l’accélération du paiement des montants dus aux pharmaciens ;
  • l’instauration de mécanismes durables garantissant le respect des délais de règlement ;
  • l’ouverture d’un dialogue « responsable » entre toutes les parties pour concilier continuité du service aux patients et préservation du secteur pharmaceutique.

Le CNOPT affirme enfin sa « disponibilité totale » à contribuer à des solutions « dans l’intérêt du patient, de la profession et du pays ».

Les origines d’un bras de fer devenu intenable

Tout ce remue-ménage intervient après l’échec des négociations entre le Spot et la Cnam et l’absence de solutions concrètes pour résorber les retards de paiement dus aux pharmaciens.

Le syndicat avait annoncé sa décision de suspendre le tiers payant le mercredi 3 décembre, avant de la confirmer le lundi 8 décembre dans un communiqué détaillant les raisons de cette mesure. Deux jours plus tard, la Cnam a annoncé une mesure exceptionnelle permettant aux assurés sociaux de se faire rembourser les frais de médicaments avancés dans les pharmacies privées.

Depuis plusieurs mois, les pharmaciens dénoncent une dégradation continue des délais de paiement : alors que l’accord initial prévoyait un règlement sous quatorze jours, les délais ont atteint cent cinquante jours. En 2024, ils avaient accepté exceptionnellement un délai de soixante jours.

Ces retards ont fragilisé la trésorerie des officines, compliqué le paiement des fournisseurs et de la Pharmacie centrale tunisienne, et mis certaines pharmacies — notamment dans les régions de l’intérieur — au bord de la faillite.

I.N.

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