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Classement mondial de l’IA : la Tunisie loin du compte, 85ᵉ sur 93 pays

Par Imen Nouira

La Tunisie se classe à la 85ᵉ position du Global AI Index (GAII) 2025, publié par The Observer, un indice qui évalue la capacité des pays à investir, innover et déployer l’intelligence artificielle (IA). Ce classement, qui couvre 93 pays, mesure les performances nationales selon trois grands piliers : mise en œuvre, innovation et investissement, déclinés en sept sous-catégories allant du talent disponible à la stratégie gouvernementale.

Malgré des atouts certains, la Tunisie se situe loin des leaders africains tels que l’Égypte, l’Afrique du Sud ou le Ghana, qui occupent les premières places du continent. Le pays se classe 11ᵉ en Afrique, derrière des pays comme l’Algérie, le Maroc et le Nigeria. Pourtant, la Tunisie dispose de tous les atouts pour devenir un leader continental en intelligence artificielle, grâce à son capital humain, ses infrastructures et sa stratégie gouvernementale ambitieuse.

Un profil contrasté : points forts et points faibles

L’analyse des sous-catégories montre un tableau contrasté pour la Tunisie :

  • Talent : score 68 – La disponibilité de professionnels qualifiés en IA est correcte mais insuffisante pour rivaliser avec les meilleurs pays africains et mondiaux.
  • Infrastructure : score 78 – La Tunisie dispose de bases matérielles et informatiques solides, avec des capacités de calcul performantes.
  • Environnement opérationnel : score 67 – L’adoption de l’IA par la société reste limitée, freinant le déploiement de technologies innovantes.
  • Recherche : score 4 – C’est le point le plus faible : la production scientifique et les innovations académiques en IA restent marginales.
  • Développement : score 75 – La capacité à transformer la recherche en applications concrètes est correcte, soutenue par certaines initiatives open source et la production de brevets.
  • Stratégie gouvernementale : score 88 – L’engagement de l’État est marqué, mais les ressources allouées restent insuffisantes pour combler le retard technologique.
  • Écosystème commercial : score 76 – L’écosystème privé est dynamique mais limité en termes d’investissements et de maturité des start-ups spécialisées en IA.
  • Échelle : score 90 – La taille du marché et le potentiel de déploiement de solutions IA sont élevés, reflet d’un secteur économique en croissance.
  • Intensité : score 82 – L’intensité de l’usage de l’IA est encourageante mais reste en deçà des standards internationaux.

Au global, la Tunisie présente un profil hétérogène, avec de fortes ambitions mais des résultats encore modestes en recherche scientifique et en commercialisation.

L’Afrique : des leaders régionaux bien positionnés

Le Top 10 africain dans le classement mondial 2025, avec le rang mondial, est le suivant :

  1. Égypte (47ᵉ)
  2. Afrique du Sud (54ᵉ)
  3. Ghana (61ᵉ)
  4. Algérie (65ᵉ)
  5. Maroc (68ᵉ)
  6. Nigeria (69ᵉ)
  7. Maurice (70ᵉ)
  8. Kenya (74ᵉ)
  9. Sénégal (75ᵉ)
  10. Côte d’Ivoire (84ᵉ)

La Tunisie (85ᵉ, 11ᵉ en Afrique) se retrouve donc derrière plusieurs de ses voisins africains. Malgré un potentiel intellectuel reconnu, le pays peine à transformer ses ressources en puissance réelle dans le domaine de l’intelligence artificielle. Toutefois, ses atouts stratégiques et humains laissent entrevoir la possibilité pour la Tunisie de devenir un leader africain de l’IA si des efforts ciblés sont menés.

Vers un plan de rattrapage ?

Le classement met en lumière un enjeu stratégique pour la Tunisie : accélérer l’investissement dans la recherche, renforcer l’écosystème entrepreneurial et intensifier la formation de talents en IA. Les points forts, tels que la stratégie gouvernementale et l’intensité de l’usage, constituent un socle solide. Mais sans efforts ciblés pour combler les faiblesses, notamment en recherche et innovation, la Tunisie risque de rester à l’écart de la compétition africaine et mondiale.

En somme, le Global AI Index 2025 montre que la Tunisie est sur la bonne voie, mais qu’un travail de fond et une coordination accrue entre le secteur public et privé sont indispensables pour que le pays devienne un acteur majeur sur le continent et dans le monde.

I.N.

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Commentaire

  1. HatemC

    15 décembre 2025 | 15h29

    L’article n’aborde pas la dynamique selon laquelle la Tunisie, jadis perçue comme un leader régional, aussi bien en Afrique qu’au Moyen Orient ( 11e en Afrique /8e parmi les payas arabe et avant dernier à l’echelle mondiale ) est désormais dépassée par des pays du Golfe et d’autres nations arabes qui étaient traités d’enturbannés et de buveurs de pisse de chamelle … quelle ironie 2 ou 3 décennie plus tard ….

    Ces pays, historiquement déconsidérés ou jugés moins développés par une certaine opinion publique tunisienne, ont réalisé des progrès significatifs en matière de modernisation et de développement économique. Le monde se bouscule pour investir chez eux .. voir le dynamisme de ces pays
    Pendant ce temps, la Tunisie semble confrontée à des défis persistants qui entravent sa croissance, la conduisant vers un sous-développement chronique, potentiellement aggravé par une montée des tendances conservatrices ou traditionnelles et la bondieuserie primaire ….
    Plus musulman que le tunisien tu meurs !!!!

    La Tunisie a raté le virage technologique. Pas par manque de talents, mais par refus de décider.

    Depuis plus de vingt ans, un discours rassurant est répété à l’infini : la Tunisie est un pays de compétences, d’ingénieurs, de cerveaux.
    C’est vrai.
    Mais c’est aussi l’alibi d’un échec majeur.

    Car un pays ne devient pas une puissance technologique parce qu’il forme des ingénieurs, mais parce qu’il décide politiquement de produire de la technologie. Et c’est précisément cette décision que la Tunisie n’a jamais prise.
    La Tunisie forme, les autres exploitent.
    Nos ingénieurs conçoivent des algorithmes… à Berlin, Montréal ou Dubaï.
    Nos développeurs bâtissent des plateformes… pour des entreprises étrangères.
    Notre État finance la formation, pendant que la valeur ajoutée, les brevets et les emplois stratégiques sont captés ailleurs.

    Le vrai drame tunisien n’est pas l’absence d’idées, mais la peur du risque.
    Une administration punitive, méfiante, procédurière.
    Des élites obsédées par le contrôle plutôt que par la création de valeur …. HC