Le Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (Spot) a publié, lundi 15 décembre 2025, un communiqué pour clarifier sa position suite à la suspension du tiers payant, dans un contexte de tensions persistantes avec la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).
Des négociations avortées avec la Cnam
Selon le Spot, après un premier échange positif lors d’une réunion officielle à la présidence du ministère des Affaires sociales, la Cnam a refusé de tenir la deuxième séance de négociations prévue, sans justification. Cette attitude constitue, selon le syndicat, un manquement aux engagements contractuels et a contraint les pharmaciens à assumer seuls la charge financière, au détriment de leur rôle de prestataire de soins.
Le Spot précise que la suspension du tiers payant n’est pas une décision visant à pénaliser les citoyens, mais une mesure imposée par l’absence de cadre légal clair, les retards persistants de paiement et l’absence de garanties ou de programme précis. Le syndicat avertit que ces dysfonctionnements mettent en danger la sécurité pharmaceutique et fragilisent une profession déjà affaiblie par des politiques financières et réglementaires défaillantes.
Les pharmaciens dénoncent l’inaction des autorités
Le syndicat accuse directement la présidence du gouvernement, le ministère des Affaires sociales et le ministère de la Santé de ne pas avoir assumé leurs responsabilités malgré les alertes et demandes répétées. Le Spot réaffirme son attachement au maintien du tiers payant, mais uniquement sous réserve de garanties légales et financières qui protègent à la fois les citoyens et les pharmaciens.
Cette crise survient après l’échec des négociations entre le Spot et la Cnam et l’absence de solutions concrètes pour résoudre les retards de paiement des créances des pharmaciens. La décision de suspendre le tiers payant avait été annoncée mercredi 3 décembre, puis confirmée lundi 8 décembre dans un communiqué expliquant les motifs de cette suspension. Deux jours plus tard, la Cnam a annoncé une mesure exceptionnelle permettant aux assurés sociaux de se faire rembourser les frais de médicaments avancés dans les pharmacies privées.
Le 11 décembre 2025, le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens de Tunisie (CNOPT) a réagi à la suspension du tiers payant, effective depuis le 8 décembre 2025, conséquence du conflit entre la Cnam et le Spot. Ce différend financier s’est transformé en crise structurelle, mettant en danger la souveraineté médicamenteuse du pays. Le CNOPT déplore les répercussions immédiates sur l’accès aux soins, notamment pour les patients à faibles revenus, et comprend la décision des pharmaciens, contraints par l’accumulation de créances impayées par la Cnam, qui a provoqué une « crise financière suffocante » pour les officines et déséquilibré la chaîne du médicament.
Depuis plusieurs mois, les pharmaciens dénoncent des retards importants dans le règlement de leurs créances. Alors que l’accord initial prévoyait un paiement sous quatorze jours, ces délais ont atteint 150 jours. En 2024, un délai exceptionnel de soixante jours avait été accepté. Ces retards ont fragilisé la trésorerie des pharmacies, compliqué le règlement des fournisseurs et de la Pharmacie centrale tunisienne (PCT), et mis certaines officines, notamment dans les régions de l’intérieur, en risque de faillite.
I.N.














