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LF2026 : BSB Toyota dénonce une mesure « ciblée » et anti-concurrentielle

Par Imen Nouira

Moez Belkhiria, président-directeur général de BSB Toyota, a tenu, mardi 16 décembre 2025, un point de presse au siège de BSB La Marsa consacré aux enjeux de la Loi de finances 2026 (LF 2026) et à ses implications pour le marché automobile tunisien. Au cœur de son intervention : un plaidoyer appuyé contre une disposition fiscale qu’il juge inéquitable et explicitement dirigée contre le Toyota RAV4 hybride non rechargeable.

Selon M. Belkhiria, l’amendement introduit par la LF 2026 modifie en profondeur le régime d’abattement fiscal applicable aux véhicules hybrides non rechargeables, en excluant de facto le RAV4 du bénéfice de la réduction de 50% des droits de consommation, alors même que des modèles concurrents directs continuent d’en bénéficier.

Un changement de règle qui bouleverse l’équilibre du marché

Jusqu’à la fin décembre 2025, la législation tunisienne accordait aux véhicules hybrides non rechargeables un abattement de 50% des droits de consommation, calculé en fonction de la cylindrée. Dans ce cadre, le Toyota RAV4, équipé d’un moteur thermique de 2,5 litres, bénéficiait d’un abattement ramenant les droits de consommation de 88% à 44%.

Avec l’entrée en vigueur de la LF 2026, cet avantage disparaît pour les véhicules hybrides dont la cylindrée dépasse 1.700 cm³ pour les motorisations essence. Le RAV4, dont le moteur thermique affiche une cylindrée de 2,5 litres, se retrouve ainsi exclu du dispositif, malgré son statut de véhicule hybride non rechargeable.

À l’inverse, deux modèles concurrents directs, dotés de motorisations de 1,6 litre, continuent de bénéficier de l’abattement fiscal de 50%.

Une logique fiscale contestée

Pour Moez Belkhiria, cette approche fondée exclusivement sur la cylindrée ne reflète ni la réalité technique ni les objectifs environnementaux affichés par le législateur. Il souligne que le Toyota RAV4 affiche une puissance fiscale de neuf chevaux, inférieure ou égale à celle de ses concurrents, dont l’un atteint dix chevaux fiscaux.

« La puissance fiscale est censée traduire la consommation, les émissions de CO₂ et le niveau de contribution fiscale du véhicule », insiste-t-il. Or, dans le cas présent, un véhicule affichant une puissance fiscale plus élevée, une consommation supérieure et un impact environnemental plus important continue de bénéficier de l’avantage fiscal, tandis que le RAV4 en est privé.

Selon les données avancées par BSB Toyota, le RAV4 consomme en moyenne 4,5 litres aux cent kilomètres, un niveau inférieur à celui de certains modèles concurrents pourtant éligibles à l’abattement.

Une mesure jugée ciblée et discriminatoire

Moez Belkhiria affirme que le texte de la LF 2026 ne touche, dans les faits, qu’une seule marque et un seul modèle sur le segment concerné : le Toyota RAV4. « Toutes les autres marques ne sont pas concernées », martèle-t-il, estimant que cette situation crée une distorsion manifeste de concurrence.

Il rappelle que le RAV4 est le modèle le plus vendu de son segment en Tunisie. En 2024, 800 unités ont été écoulées, contre 150 et 200 véhicules respectivement pour ses deux concurrents directs. En 2025, malgré un léger recul, le RAV4 a encore enregistré 650 ventes, contre 150 et 180 pour les mêmes concurrents.

Pour le PDG de BSB Toyota, l’amendement fiscal a pour effet d’écarter artificiellement du marché le modèle le plus performant et le plus demandé, sans justification technique ou environnementale solide.

Un impact direct sur les prix et les consommateurs

La conséquence immédiate de cette exclusion fiscale est une hausse significative du prix du Toyota RAV4. Selon Moez Belkhiria, le tarif passera de 185.000 dinars à environ 220.000 dinars à partir de 2026, en raison de l’application pleine et entière des droits de consommation à 88%, en plus de la TVA de 19%.

Une situation d’autant plus problématique que BSB Toyota a déjà commandé des véhicules qui arriveront en Tunisie au mois de janvier 2026 et qui seront directement concernés par cette hausse. « Ce sont les consommateurs qui vont subir de plein fouet cette augmentation », déplore-t-il.

Un plaidoyer pour une fiscalité fondée sur des critères objectifs

Tout en affirmant ne pas s’opposer à la promotion de l’hybride rechargeable, clairement encouragé par l’article 47 de la Loi de finances 2026, Moez Belkhiria appelle à une révision de la disposition relative aux hybrides non rechargeables.

Il plaide pour une approche plus cohérente, reposant sur des critères tels que la puissance fiscale, la consommation réelle et les émissions de CO₂, plutôt que sur la seule cylindrée du moteur thermique. « Un moteur de 2,5 litres, dans une configuration hybride optimisée, peut consommer moins qu’un moteur de 1,6 litre contraint de fonctionner à des régimes élevés », explique-t-il.

Un manque de concertation dénoncé

Le président-directeur général de BSB Toyota regrette également l’absence de concertation avec les opérateurs économiques et la chambre syndicale du secteur lors de l’élaboration de cette mesure. Selon lui, aucune consultation n’a été menée en amont pour recueillir l’avis technique des professionnels du marché automobile.

« Nous avons présenté des arguments techniques, chiffrés, démontrant l’incohérence de cette mesure, mais nous n’avons pas été entendus », affirme-t-il.

« Une injustice à corriger »

Face à cette situation, Moez Belkhiria assure que BSB Toyota usera de tous les moyens légaux et institutionnels pour obtenir la révision de cet article qu’il juge inéquitable. Il appelle les autorités à rectifier le tir afin de préserver une concurrence saine, protéger le consommateur tunisien et aligner la fiscalité automobile sur les objectifs de transition énergétique.

Il rappelle enfin que Toyota est le constructeur qui a le plus vendu de véhicules au cours des cinq dernières années, avec plus de dix millions d’unités écoulées dans le monde, dont 1,2 million de RAV4 en 2024. Pionnier de la technologie hybride, le groupe estime que son modèle phare ne devrait pas être pénalisé par une lecture restrictive et, selon lui, injustifiée de la Loi de finances 2026.

I.N.

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Commentaire

  1. HatemC

    16 décembre 2025 | 18h27

    Plaidoyer pour l’industrie automobile ou défense d’intérêts d’importateur ?

    Ce n’est pas un plaidoyer pour développer une industrie automobile en Tunisie.
    C’est un plaidoyer corporatiste, parfaitement rationnel du point de vue d’un importateur, mais présenté sous un habillage environnemental et “pro-marché”.

    BSB Toyota n’est pas un industriel, n’assemble pas, ne produit pas, ne transfère pas de technologie, ne crée pas de filière locale.
    Il importe, distribue et capte une rente commerciale rendue possible par la fiscalité.

    Le fait que Toyota soit le principal perdant tient surtout à sa position dominante sur ce segment, pas à un ciblage explicite.

    Ce que le PDG ne dit pas est plus révélateur que ce qu’il dit.
    Il ne parle jamais de :
    – production locale,
    – assemblage CKD/SKD,
    – intégration de fournisseurs tunisiens,
    – formation,
    – transfert technologique,
    – ou même d’engagements en contrepartie fiscale.

    Son message implicite est :
    MAINTENEZ L’AVANTAGEFISCAL POUR QUE NOUS CNTINUONS A VENDRE

    Un concessionnaire automobile en Tunisie n’est ni plus ni moins qu’un revendeur agréé :
    – il importe un produit fini,
    – le stocke,
    – le commercialise,
    – prend une marge,
    – et dépend entièrement de décisions prises à l’étranger (maison-mère, usines, plateformes).

    Exactement comme un EPICIER qui achète en gros et revend au détail.
    La différence n’est ni structurelle ni stratégique, elle est seulement le prix du produit …HC