La manifestation organisée mercredi 17 décembre sur l’avenue Habib Bourguiba a rassemblé une foule nombreuse. Devant le Théâtre municipal de Tunis, point névralgique de l’événement, environ 3500 manifestants se sont réunis pour afficher leur soutien au président de la République, Kaïs Saïed, dans ce qui s’apparentait autant à une commémoration qu’à une démonstration de force politique.
La foule, dense et bigarrée, venait de plusieurs régions du pays. Les couleurs des gouvernorats étaient visibles à travers drapeaux, banderoles et tenues traditionnelles, témoignant d’une mobilisation nationale rendue possible par l’affrètement de nombreux bus depuis l’intérieur du pays. Une organisation logistique qui ne laissait que peu de place à l’improvisation et qui traduisait la volonté claire des soutiens du régime d’occuper massivement l’espace public.




Parmi les participants figuraient plusieurs députés de l’Assemblée des représentants du peuple, à commencer par son président, Brahim Bouderbala, aux côtés d’élus locaux, régionaux et de membres du Conseil national des districts. Une présence institutionnelle assumée, venant renforcer le caractère officiel de la mobilisation.
L’enthousiasme de la foule était manifeste. Les slogans fusaient à tue-tête, scandés avec ferveur et conviction. Tous convergeaient vers un même message : une allégeance sans détour au président de la République. « Le peuple veut Kaïs de nouveau », « Président, frappe fort, ils respirent encore », « Nous sommes avec vous contre les traîtres », « Non à l’ingérence étrangère, oui à la souveraineté nationale » ou encore « On vous aime, monsieur le président » figuraient parmi les formules les plus reprises, parfois inscrites sur des pancartes arborant le portrait du chef de l’État.
L’apparition matinale de Kaïs Saïed sur l’avenue, quelques heures avant le début officiel de la manifestation, semblait avoir donné le ton. Une présence brève mais hautement symbolique, perçue par les manifestants comme une forme d’adoubement, voire de bénédiction politique, venant galvaniser des troupes déjà acquises à la cause présidentielle.
Au-delà des slogans, certains manifestants prenaient la parole pour invectiver ouvertement opposants politiques, associations de la société civile, médias et syndicats, accusés tour à tour de collusion, de trahison ou de soumission à des agendas étrangers. Le vocabulaire de la « guerre de libération », de la reddition des comptes et de l’ennemi intérieur revenait avec insistance, dans une atmosphère où l’adhésion passionnée flirtait parfois avec une tension palpable. Quelques visages crispés, des gestes brusques et des déclarations agressives trahissaient une ferveur portée à son paroxysme.
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte politique particulier. Elle intervient après plusieurs semaines durant lesquelles l’opposition a multiplié les rassemblements pour dénoncer les dérives du pouvoir et la dégradation des libertés. En ce 17 décembre — date désormais consacrée par le pouvoir comme celle de la Révolution — l’enjeu semblait clair : reprendre la rue, reconquérir les symboles et rappeler, décibels à l’appui, que le président conserve des soutiens prêts à se déplacer, à s’afficher et à faire bloc.
Sur l’avenue Habib Bourguiba, théâtre historique des colères populaires comme des célébrations nationales, la rue a cette fois parlé pour soutenir le pouvoir. Reste à savoir, au-delà de la démonstration, ce que ce soutien ostentatoire dit réellement de l’état du pays et de la profondeur de l’adhésion qu’il prétend incarner.


R.B.H











9 commentaires
zaghouan2040
Le grand homme disait
‘Deux choses en ce bas monde me semblent infinies ; l’Univers et la bêtise humaine »; concernant l’Univers je n’ai pas de certitude »
HatemC
Pourquoi ce pays produit toujours des zélateurs du pouvoir …
La Tunisie n’a jamais réellement rompu avec une CULTURE DE LA SOUMISSION POLITIQUE.
Bourguiba a construit un État où l’obéissance était assimilée au patriotisme.
Ben Ali a perfectionné le système par la peur et l’intérêt.
Kaïs Saïed, lui, n’a rien inventé : il réactive les mêmes ressorts, sous un vocabulaire pseudo révolutionnaire.
Le zélateur n’aime pas le pouvoir, il fuit la responsabilité.
Dans un pays bloqué, sans perspectives, sans ascenseur social, le zélateur cherche :
– un coupable externe (traîtres, étrangers, ONG, médias),
– un sauveur qui le dispense de réfléchir,
– un récit simple qui transforme l’échec collectif en complot.
Le zélateur préfère un mensonge rassurant à une vérité exigeante, la femme au cheveu blanc en est la parfaite incarnation, la débilité à l’état pur ….
DANS UNE DEMOCRATIE, LE POUVOIR ACCEPTE LA RUE
DANS UN REGIME AUTORITAIRE, IL LA MET EN SCENE POUR SE LEGITIMER
Cette démonstration de force n’est rien d’autre qu’une MISE EN SCENE ….
Les slogans rapportés sont accablants :
– « Président, frappe fort, ils respirent encore »
Quand on demande au président de “frapper” ceux qui “respirent encore”, on ne défend pas la démocratie : on réclame sa suspension.
– « Contre les traîtres »
Scander “Contre les traîtres” n’est pas défendre la nation, c’est abolir le pluralisme.
Le “traître” n’est plus celui qui viole la loi, mais celui qui pense autrement.
– « Nous sommes avec vous »
Scander “Nous sommes avec vous” : quand la politique se résume à l’allégeance.
À ce stade, ce n’est plus un soutien populaire, c’est une soumission collective. »
On ne parle jamais de : travail, inflation, hôpitaux, école, industrie, dette, avenir.
Ce sont des slogans de violence symbolique, d’exclusion, de désignation de l’ennemi, de soumission.
La Tunisie ne manque pas de dirigeants, elle manque de citoyens libres.
À chaque régime, une foule se lève pour applaudir l’immobilisme et appeler à la répression, croyant défendre la nation alors qu’elle protège le vide. …
Ces laudateurs zélés rappellent, à s’y méprendre, les foules hystériques des régimes totalitaires comme la Corée du Nord : mêmes slogans martelés, même fusion du chef et de la nation, même exaltation collective vidée de pensée critique. …. HC
Dali
On voit très bien que ce rassemblement n’a rien de spontané donc ça ne vaut rien du tout.
jamel.tazarki
– La Tunisie compte 6 millions d’électeurs inscrits sur les listes de l’ISIE. Cette foule de l’article ci-dessus ne suffirait pas pour remporter la prochaine élection présidentielle ! Il faut plutôt gagner les élections sans désavantager ses adversaires ni déformer la loi électorale, et non pas gagner les rassemblements non représentatifs et les sondages !
Si Kais Saied jouit vraiment d’une popularité touchant 90% des Tunisiens, pourquoi a-t-il bloqué l’accès à Carthage à tous ses adversaires sans exception? Pourquoi la déformation de la loi électorale à quelques jours de la dernière élection présidentielle ? Pourquoi toutes ces arrestations injustes et inutiles?
jamel.tazarki
je corrige: La Tunisie compte 9 millions d’électeurs inscrits sur les listes de l’ISIE
le financier
Ca a du en faire des bus des fricassé et des chocotom , ennahda technique pour le resultat d une faillite du pays dans quelques mois – annees . Deja les penuries de medicament les touchent
Fares
C’est clair, le fracassé est apprécié par les tunisiens, une bonne étude de marché. A ceux qui pensent ouvrir une échoppe de fast food, vous savez maintenant, quel plat faut-il vendre. Sinon, ils étaient combien ? La messe est loin d’être dite. On attendant, les vrais tunisiens crient DÉGAGE!
خاوا خاوا.
ZARZOUMIA
ALORS , pour vous ! est ce que c’est toujours UNE MISE EN SCENE tel que vous l’annonciez ce matin ???
Abdallah Jaouabi
Ah oui pas de doute. J ai moi même été.contacté pour descendre dans la rue.
Question tous les bus affrétés aux frais de qui je doute que les manifestants payent. Puisque on m à dit que le déplacement était pris en charge.
Je mense que des cet après midi et ce soir la télé va en faire de long en large sur le sujet et que la presse écrite d habitude si silencieuse pour les autres manifestations en fera des pages entières ….. pathétique