L’Association des magistrats tunisiens (AMT) a exprimé sa satisfaction à la suite de la décision du Conseil de l’Ordre national des avocats d’inscrire l’un des juges révoqués sur les tableaux de la profession d’avocat. Cette décision, datée du 12 décembre 2025, intervient dans un contexte marqué par la situation des magistrats révoqués depuis le 1er juin 2022.
Dans un communiqué publié le 18 décembre 2025, le bureau exécutif de l’AMT a rappelé qu’il suit, depuis plus de trois ans, la situation et les dossiers des juges révoqués qu’il qualifie de « révoqués injustement », soulignant qu’ils se trouvent privés de toutes les garanties du droit à la défense et au contradictoire depuis la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature en février 2022.
L’Association a mis en lumière l’impasse à laquelle font face ces magistrats, après le refus de l’exécutif d’appliquer les jugements rendus en leur faveur par le Tribunal administratif, notamment les décisions définitives du 9 août 2022 ordonnant la suspension de l’exécution des décisions de révocation. Ces jugements, selon l’AMT, reposaient sur l’absence de toute poursuite ou dossier pénal à l’encontre des magistrats concernés au moment de leur éviction.
Cette situation a, selon la même source, entraîné des conséquences sociales et humaines lourdes pour les juges révoqués et leurs familles, notamment la perte de leurs revenus et la privation de leurs droits à la couverture sociale.
Commentant la décision de l’Ordre des avocats, l’Association des magistrats tunisiens a salué une initiative qu’elle considère comme s’inscrivant dans le rôle national de la profession d’avocat en matière de protection des droits et libertés, ainsi que de défense de l’indépendance de la justice et des magistrats, conformément aux standards internationaux. Elle estime que cette démarche intervient dans une phase où les juges sont exposés, selon elle, à des pratiques arbitraires visant à étendre l’influence du pouvoir exécutif sur le judiciaire.
L’AMT a par ailleurs mis en garde contre les risques que fait peser l’arbitraire exercé à l’encontre des magistrats, estimant qu’il contribue à instaurer un climat de crainte et d’intimidation au sein de la magistrature, portant atteinte à l’indépendance de la justice et de l’avocature, et affaiblissant leur rôle dans l’instauration de l’État de droit et la protection des droits et libertés.
Enfin, l’Association a exprimé l’espoir que l’inscription sur les tableaux de l’Ordre des avocats soit étendue à l’ensemble des juges révoqués ayant déposé des demandes en ce sens. Elle a également appelé à la poursuite du travail conjoint entre l’Association des magistrats tunisiens et l’Ordre national des avocats afin de rétablir les fondements de l’indépendance de la justice, l’équilibre entre les pouvoirs, et de préserver les droits, les libertés, la démocratie ainsi que les principes de l’État de droit et des institutions.
S.F











