Sur les réseaux sociaux, depuis plusieurs jours, circulent des publications accompagnées de captures et de textes alarmistes affirmant qu’une « revue médicale française » aurait publié une liste de plus de 100 médicaments «dangereux », dont Smecta, Gaviscon, Toplexil, Voltarène et Maxilase, certains étant même présentés comme susceptibles de causer la mort. Ces messages ont suscité une inquiétude importante, notamment parmi les internautes qui reconnaissent ces médicaments comme courants dans leurs pharmacies personnelles. Face à l’ampleur de ces partages et des réactions qu’ils provoquent, nous avons décidé de procéder à une vérification rigoureuse de ces affirmations.


Pour commencer, il faut clarifier la source réelle mentionnée dans ces publications. Les articles viraux font référence à une publication d’une revue médicale française, mais ce n’est pas le ministère français de la Santé qui aurait émis une interdiction ou une décision officielle, comme certains messages semblent le suggérer. La liste en question est en réalité établie par Prescrire, une revue médicale indépendante et spécialisée, connue pour ses évaluations critiques de l’efficacité et des risques des médicaments. Elle existe depuis plusieurs décennies et est utilisée par des professionnels de santé comme outil d’analyse des bénéfices-risques des traitements.
Prescrire publie chaque année une « liste des médicaments à éviter » c’est-à-dire des médicaments dont la balance bénéfice-risque est jugée défavorable, sur la base d’une revue exhaustive des données scientifiques disponibles. Cela signifie que la revue considère que, dans l’état actuel des connaissances, les risques potentiels ou l’absence de bénéfice démontré l’emportent sur les avantages cliniques de ces médicaments dans les indications pour lesquelles ils sont autorisés.
Dans sa dernière édition, cette liste comprend plus d’une centaine de médicaments (le chiffre varie selon les années c’était 105 en 2024, 108 dans la version 2025), qui sont classés comme « plus dangereux qu’utiles » parce qu’ils n’ont pas démontré d’efficacité supérieure à des alternatives plus sûres ou présentent des effets indésirables importants.

Parmi ces médicaments figurent bien certains noms courants cités dans les publications virales, tels que Smecta (souvent utilisé pour les troubles digestifs), Toplexil (un antitussif), Maxilase (un traitement pour les maux de gorge) ou encore des médicaments antalgiques et anti-inflammatoires comme Voltarène.
Il est important de souligner ce que cela signifie réellement, cette liste n’est pas une interdiction officielle de ces médicaments par les autorités sanitaires françaises, ni une mise en garde indiquant que leur simple possession entraîne automatiquement des risques sévères ou la mort. Les médicaments mentionnés peuvent être toujours commercialisés et utilisés, mais la revue Prescrire recommande aux professionnels de santé et au grand public de privilégier des alternatives plus sûres et mieux évaluées, ou de repenser leur usage, notamment pour des affections bénignes où l’efficacité n’est pas clairement démontrée.
Par exemple, Prescrire note que certains médicaments antitussifs ou contre les maux de gorge n’ont pas démontré d’efficacité probante et peuvent exposer à des réactions allergiques ou des effets indésirables inutiles pour des affections généralement bénignes. Pour d’autres, comme Voltarène , les risques cardiovasculaires connus justifient une prudence accrue et, lorsque cela est possible, l’utilisation de traitements de première intention plus sûrs.
De même, le cas de Gaviscon n’apparaît pas systématiquement en tête de ces listes critiques dans les dernières éditions disponibles, ce qui suggère que l’affirmation selon laquelle il serait considéré comme particulièrement dangereux n’est pas exactement conforme aux sources originales.
Les publications qui prétendent qu’une « revue médicale française » a publié une liste de plus de 100 médicaments dont le danger serait supérieur au bénéfice, et qui seraient fortement dangereux voire mortels sont exagérées et trompeuses. Il existe bien une liste annuelle publiée par la revue indépendante Prescrire de médicaments jugés « plus dangereux qu’utiles », mais cette liste n’est pas une décision officielle du ministère de la Santé, et ne signifie pas que ces médicaments causent automatiquement des décès.
R.A.












