La Tunisie est entrée, vendredi 19 décembre 2025, sous l’influence d’une dépression saharienne en provenance de l’Algérie, la même dépression qui avait provoqué récemment au Maroc de fortes inondations et 37 morts. C’est dans ce contexte que l’expert en climatologie et professeur agrégé en géographie Ameur Bahba est intervenu au micro d’Amine Gara dans l’émission Ahla Sbeh sur Mosaïque FM, afin de rassurer la population tunisienne.
Dès le début de son intervention, Ameur Bahba a tenu à rassurer quant à l’évolution de la situation. Il a affirmé qu’« il n’existe pas de risques majeurs » et que les conditions météorologiques attendues restent « normales » pour la saison, démentant tout parallèle alarmiste avec les inondations récemment enregistrées au Maroc.
Un phénomène affaibli en traversant l’Algérie
L’expert a expliqué que la dépression concernée est effectivement la même que celle ayant touché le Maroc, mais que ses effets diffèrent largement. Après avoir traversé le territoire algérien par le sud, ce phénomène météorologique a perdu une part importante de sa force et surtout de son humidité, en raison de son passage par des zones désertiques.
« Les dépressions sahariennes, lorsqu’elles s’enfoncent dans la profondeur du désert, perdent certaines de leurs caractéristiques, notamment l’humidité », a-t-il précisé. Contrairement au Maroc, où la configuration géographique – marquée par l’ouverture sur l’océan Atlantique et le bassin méditerranéen ainsi que par des reliefs favorables – a contribué à des précipitations intenses et localement destructrices, la Tunisie ne devrait pas connaître un scénario comparable.
Des pluies modérées et étalées dans le temps
Selon Ameur Bahba, les précipitations attendues en Tunisie resteront globalement modérées. Les cumuls maximaux prévus se situent entre dix et quarante millimètres, avec des pointes localisées pouvant atteindre cinquante à soixante millimètres, mais étalées sur une journée entière ou sur une période jour-nuit, ce qui limite les risques de ruissellement brutal.
Les pluies ont commencé à toucher plusieurs régions du pays dès vendredi, sous forme d’averses faibles à modérées. Une intensification temporaire reste possible à l’approche des côtes tunisiennes, notamment au niveau du golfe de Gabès, en raison de la formation de flux maritimes humides en provenance de l’est. Toutefois, Ameur Bahba a insisté sur le fait que ces conditions restent « ordinaires » et ne présentent pas de menace particulière.
Une période instable jusqu’à la fin décembre
Sur le moyen terme, l’expert a indiqué que la Tunisie devrait connaître une succession de perturbations atmosphériques jusqu’à la fin du mois de décembre et au début du mois de janvier 2026. Les modèles météorologiques, notamment européens, indiquent un passage régulier de phénomènes dépressionnaires d’ouest en est, favorisant des pluies quasi quotidiennes, mais généralement faibles à modérées.
Ces épisodes devraient concerner l’ensemble des régions du pays, avec une prédominance attendue sur le nord, notamment lors du passage de dépressions d’origine non saharienne, plus classiques en hiver. Cette configuration s’accompagnera également d’une baisse progressive des températures, les dépressions nordiques étant associées à un air plus froid, contrairement aux phénomènes sahariens souvent liés à des masses d’air plus douces.
Une amélioration notable de la situation hydrique
Ameur Bahba s’est également exprimé sur l’impact de ces conditions météorologiques sur les ressources en eau. Sans disposer de chiffres actualisés au moment de son intervention, il a rappelé que le taux de remplissage des barrages s’élevait à environ 27% au 10 octobre 2025. Depuis, plusieurs perturbations ont permis l’apport de volumes importants, estimés à plus de cinquante millions de mètres cubes selon les dernières communications du ministère de l’Agriculture.
Comparativement à la même période de l’année précédente, où les réserves ne dépassaient pas 19%, la situation actuelle apparaît nettement plus favorable. Ameur Bahba a estimé que le taux de remplissage pourrait désormais avoisiner les 30%, soulignant une amélioration « très significative » par rapport à l’année écoulée.
Il a ajouté que cette dynamique positive pourrait se poursuivre dans les semaines à venir, en particulier si les précipitations se concentrent davantage sur le nord-ouest, région stratégique pour l’alimentation des barrages. Des décisions relatives à l’agriculture irriguée pourraient ainsi être envisagées par les autorités compétentes, en fonction de l’évolution des apports hydriques.
Rappel de l’alerte de l’INM
En parallèle, l’Institut national de la météorologie (INM) a publié une alerte météo, vendredi 19 décembre 2025, indiquant que les conditions restent favorables à des pluies sur la plupart des régions du pays. Selon ce communiqué, les précipitations pourraient être temporairement orageuses sur le sud et le centre-ouest, et localement abondantes, notamment l’après-midi et durant la nuit, sur les régions orientales du nord et du centre, avec des cumuls compris entre vingt et quarante millimètres, pouvant atteindre soixante millimètres dans certaines zones, notamment les gouvernorats de Nabeul, Tunis, Zaghouan, Sousse et Monastir.
I.N.










