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Mongi Rahoui : « quatre ans et demi après le 25-Juillet, où est la vraie révolution institutionnelle ? »

Par Imen Nouira


Mongi Rahoui, secrétaire général du Parti des nationalistes démocrates unifiés (Al-Watad), s’est exprimé, vendredi 19 décembre 2025, longuement au micro d’Ibtissem Chouikha dans l’émission politique Houna Tounes diffusée sur Diwan FM.

Au cœur de son intervention : une critique cinglante de la situation politique, économique et institutionnelle de la Tunisie, vue à travers le prisme de la souveraineté nationale, de l’indépendance face aux influences étrangères, et de l’absence de changements structurels profonds depuis le 25-Juillet 2021.

Critique du pouvoir politique et du manque de transformation institutionnelle

L’entretien a donné lieu à une évaluation critique de la scène politique nationale. Mongi Rahoui a insisté sur le fait que le changement institutionnel promis depuis le 25 juillet 2021 reste à ce jour largement de façade. Pour lui, les réformes structurelles attendues — qu’elles soient économiques, sociales ou institutionnelles — n’ont pas abouti à une transformation significative des rapports de pouvoir ni à l’émergence d’un modèle autonome de gouvernance.

Si la rhétorique officielle met en avant la souveraineté et l’indépendance, M. Rahoui estime que le paysage politique demeure dominé par les mêmes logiques qu’auparavant, caractérisées par une persistance des élites qui, selon lui, ont failli à répondre aux attentes populaires, une absence d’opposition réelle dotée d’un projet alternatif crédible, et un flou dans la mise en œuvre des politiques publiques qui empêche toute révolution institutionnelle profonde.

Il rappelle que la souveraineté ne se limite pas à des discours, mais se mesure à la capacité d’un pays à définir et appliquer ses propres choix sans ingérences extérieures.

Sur l’opposition politique : absence de projet national intégré

Sur la scène politique interne, le politicien affirme qu’une opposition véritable ne s’est pas encore constituée en Tunisie. Il explique que pour qu’une opposition soit dite “authentique”, elle doit être ancrée dans les préoccupations concrètes du peuple et non se réduire à une confrontation de slogans ou à des jeux de pouvoir sans projet national.

« Lorsqu’une opposition se transforme en force hostile au peuple ou en vecteur d’intérêts étrangers, elle doit être contestée comme telle », déclare-t-il, sous-entendant que certaines tendances qu’il perçoit dans l’espace politique tunisien ne répondent pas à ce critère d’opposition constructive.

Place et rôle des organisations nationales

Mongi Rahoui aborde également le rôle des organisations nationales dans le paysage politique et social tunisien. Il reconnaît que ces structures — qu’elles soient syndicales, professionnelles ou sociales — ont joué, historiquement, un rôle important dans la construction de l’État tunisien. Cependant, il souligne que ces mêmes organisations ont subi, selon lui, des formes de dilution ou de récupération par les pouvoirs en place.

Il évoque l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et d’autres instances comme ayant connu des périodes durant lesquelles leur rôle s’est limité à la simple gestion de l’existant, plutôt qu’à une action véritablement transformative. M. Rahoui plaide pour des organisations plus autonomes et ancrées dans les réalités populaires, capables de défendre les intérêts des travailleurs, des petites et moyennes entreprises, et des citoyens marginalisés.

Une souveraineté nationale au centre du débat

Pour M. Rahoui, la Tunisie se trouve aujourd’hui engagée dans une lutte décisive autour de la souveraineté nationale. Il définit ce concept non seulement en termes politiques, mais aussi économiques, sociaux et culturels. D’emblée, il explique que lorsqu’on parle de souveraineté dans le contexte tunisien actuel, il ne s’agit pas d’un slogan abstrait, mais d’un enjeu concret touchant l’ensemble des structures de l’État et de la société.

Selon lui, la question de l’« étranger » — terme qu’il emploie fréquemment — ne désigne pas seulement une présence extérieure, mais un système de domination global, incarné par les grandes puissances économiques et militaires. Ces puissances, affirme-t-il, cherchent à maintenir un ordre mondial fondé sur la mainmise sur les ressources naturelles, l’extraction de richesses et l’imposition de paradigmes économiques et politiques qui servent leurs propres intérêts.

Pour lui, ce modèle de domination se manifeste notamment à travers les interventions militaires et les guerres dans plusieurs régions du monde, notamment au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine, la centralisation des richesses énergétiques et minières telles que le pétrole, le gaz et l’uranium au profit des grandes puissances, ainsi que le soutien apporté à des régimes ou forces politiques servant ces intérêts, y compris le soutien à Israël dans le conflit palestinien.

Il dénonce cette logique comme incompatible avec une Tunisie réellement souveraine : « ce que certains nomment liberté aujourd’hui n’est rien d’autre qu’une liberté façonnée par l’impérialisme, une liberté qui est horizontale et superficielle, sans lien avec les besoins fondamentaux des peuples ».

Un modèle économique qui perpétue la dépendance

Mongi Rahoui critique frontalement le modèle économique adopté en Tunisie depuis plusieurs années. Il rappelle que malgré les discours officiels sur la souveraineté et l’indépendance, les décisions structurelles prises par l’État restent alignées sur des intérêts extérieurs, notamment à travers des accords et mémorandums de compréhension avec l’Union européenne ou d’autres partenaires internationaux.

Sur la question des énergies renouvelables, il estime que la loi actuellement en vigueur ne sert pas les intérêts tunisiens. Cette législation, selon lui, « favorise les entreprises étrangères et fragilise la capacité de l’État et des acteurs nationaux à développer, gérer et bénéficier pleinement de ces ressources ». M. Rahoui souligne que la Tunisie dispose pourtant d’un potentiel énergétique considérable, suffisant — à son avis — pour assurer l’autonomie énergétique du pays et contribuer significativement au bien-être socio-économique de sa population.

Il met en avant trois axes essentiels : la révision des cadres législatifs et économiques régissant l’investissement étranger en Tunisie, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’énergie ; le renforcement des capacités nationales, qu’il s’agisse de l’État, des entreprises publiques ou du secteur privé local, pour piloter ces projets de manière autonome ; et enfin, la redistribution équitable des richesses produites afin qu’elles bénéficient directement à la population tunisienne plutôt qu’à des intérêts étrangers.

Une vision de souveraineté réaffirmée

En conclusion de son intervention, Mongi Rahoui formule une perspective structurée : la Tunisie, selon lui, a les moyens de retrouver sa souveraineté réelle, mais cela passe par une relecture complète des choix politiques et économiques, une affirmation sans concessions de l’indépendance nationale et un renforcement des capacités locales.

Pour lui, la souveraineté ne peut être réduite à un slogan ou à un discours politique : elle doit se traduire par des actions tangibles, une maîtrise réelle des richesses naturelles, une capacité de décision autonome et une étroite corrélation entre les choix politiques et les aspirations sociales du peuple tunisien.

I.N.

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Commentaire

  1. le financier

    19 décembre 2025 | 19h57

    Sans blague , c est tous ce qu on ecrit ici sur BN ….
    Le probleme c est de faire partir l autre et le remplacer par de vrai travailleur patriote liberaux et anti sioniste et pas une marionnette qui ne comprend rien a l economie