Le syndicaliste et membre du comité directeur de l’union de l’opposition syndicale, Mohsen Khalfaoui, a annoncé, mercredi 24 décembre 2025, que la démission du secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, ne saurait, à ce stade, être considérée comme définitive au regard des procédures internes régissant le fonctionnement de la centrale syndicale.
Dans une intervention dans la matinale de Jawhara FM, il a précisé, au micro de Hatem Ben Amara, que cette décision, intervenue mardi, n’était ni une surprise ni un événement inédit, rappelant que l’intéressé avait déjà évoqué cette éventualité au début du mois de décembre.
Mohsen Khalfaoui a indiqué que Noureddine Taboubi avait brandi la menace de la démission dès le 5 décembre, avant de restituer le véhicule administratif mis à sa disposition deux jours plus tard et de se retirer à son domicile. Des gestes qu’il a qualifiés d’actions à forte portée symbolique, traduisant un désaccord profond tant sur le plan organisationnel que politique.
Sur le plan strictement procédural, Mohsen Khalfaoui a tenu à préciser que la démission du secrétaire général de l’UGTT ne pourrait avoir un caractère définitif qu’au terme d’un processus formellement encadré par le règlement intérieur de l’organisation. Celui-ci prévoit que le secrétaire général adjoint chargé du respect du règlement intérieur doit convoquer Noureddine Taboubi dans un délai de quinze jours suivant le dépôt de la démission afin de lui permettre de confirmer ou non sa décision. En cas de comparution et de maintien de la démission, celle-ci devient alors juridiquement opposable. À défaut de présence, une seconde convocation doit être adressée dans un nouveau délai de quinze jours, condition sine qua non à la validation définitive de la démission.
Le syndicaliste a, dans ce sens, évoqué le climat de fortes tensions internes au sein de l’UGTT, annonçant une série de démissions intervenues dans un contexte de désaccords profonds autour de l’anticipation de la tenue du congrès de l’organisation, désormais envisagé pour mars 2026, ainsi que de l’appel à une grève générale prévue en janvier de la même année. Il a notamment cité la démission d’Anouar Ben Gaddour, sur fond de contestation des modalités ayant conduit à l’avancement du congrès.
Selon lui, une logique de rapport de force s’est imposée au sein des structures dirigeantes, la majorité ayant conditionné l’approbation de la date du congrès à la participation à la grève générale. Il a également indiqué que Noureddine Taboubi ne figurait pas initialement parmi les partisans de l’avancement du congrès, initialement prévu pour 2027 à l’issue du mandat du bureau exécutif actuel, avant d’opérer un revirement de position.
Mohsen Khalfaoui a également signalé la démission de huit syndicats relevant de l’Union régionale de Ben Arous, motivée, selon lui, par une perte de confiance dans la gestion de la direction centrale de l’UGTT.
Il a, également, catégoriquement démenti les informations faisant état de la démission de deux membres du bureau exécutif, assurant que Samir Cheffi et Siham Bousetta n’ont présenté aucune démission et ont eux-mêmes réfuté ces allégations.
L’annonce de la démission de Noureddine Taboubi de son poste de secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a déclenché une large vague de réactions.
Les réactions exprimées traduisent l’ampleur de la fracture qui traverse la centrale syndicale. Pour certains observateurs, la démission apparaît comme l’aboutissement logique d’un processus de rupture interne. Samir Jarray a évoqué une issue attendue, soulignant la remise en cause d’accords internes et alertant sur les risques de fragmentation de l’organisation, avec des répercussions directes sur l’unité syndicale et la mobilisation sociale.
D’autres voix ont adopté un ton plus alarmiste, dénonçant une menace existentielle pesant sur l’UGTT. À l’inverse, des lectures plus nuancées, à l’instar de celles de Fahem Boukadous et Hachemi Nouira, situent cet événement dans une perspective historique et nationale, estimant que la démission dépasse le cadre organisationnel pour interroger l’avenir et le rôle de l’UGTT comme pilier de régulation sociale et de stabilité démocratique en Tunisie.
Les clivages profonds sur la gouvernance, le calendrier institutionnel et les orientations stratégiques futures de la centrale syndicale, laissent donc l’issue de la démission de Noureddine Taboubi juridiquement ouverte et politiquement incertaine.
N.J










Commentaire
Judili58
Qu’elle que soit l’issue de cette « histoire » l’UGTT sortira divisée. Depuis longtemps l’UGTT aurait due operer une mutation. Depuis la mondialisation l’action syndicale a change de nature. Et depuis 2011 chez nous l’UGTT aurait due changer son rapport avec la politique et ce n’est certainement son prix Nobel qui devrait l’absoudre de toute ses erreurs. Le peu que nous savons des différents internes a l’UGTT aurait dû se régler au cours d’un congrès extraordinaire. Du moins c’est comme cela que les choses se passent dans les organisations transparentes qui respectent leurs adhérents.