Heure de Tunis :
Plus de prévisions: Meteo 25 jours Paris
Light
Dark

Pour gagner des marchés, il faut se regrouper et se former !

Entre la crainte d’être engloutis, de voir des marchés leur filer entre les mains, la menace du recours à des compétences et main d’œuvre étrangères, les jeunes dirigeants sont, on ne peut plus, intéressés par les opportunités des grands projets arabes que la Tunisie accueillit.
La présence exceptionnelle d’environ 200 participants au débat organisé par le Centre de Jeunes Dirigeants (CJD) sur « l’impact économique des grands projets et le Jeune Dirigeants », témoignent d’une volonté de comprendre, de s’informer, de s’inscrire dans l’ère du temps et surtout de prendre une place dans le train, avant qu’il ne quitte la gare. M. Slim Tlatli, Président de la Commission Supérieure des Grands Projets, est venu à la fois les rassurer, les booster, mais aussi les avertir. Des opportunités, il y en a et pour tous. Faut-il savoir se mettre à niveau pour les saisir. Et pour cette mise à niveau, il a donné les recettes !


Pour mesurer toute l’ampleur des grands projets à réaliser, ou en cours de réalisation en Tunisie, les Jeunes Dirigeants ont tenté de les répertorier, par zone géographique et par volume d’investissements. Et, dans la foulée, la confusion entre les projets publics, engagés par l’Etat et ceux engagés sur une initiative privée, était flagrante. Pour résumer leurs préoccupations, leurs centres d’intérêts et leurs craintes, les Jeunes Dirigeants ne sont pas allés par quatre chemins. Profitant de la présence de M. Slim Tlatli, Président de la Commission des Grands Projets, ils ont posé différentes questions, exprimé leurs craintes et demandé comment peuvent-ils saisir les opportunités offertes. Ils ont également cherché à connaitre l’impact des mégas projets aussi bien sur l’économie, la société, l’inflation, et même l’administration, la mise à niveau du secteur touristique, les autorisations nécessaires, notamment pour l’accès des étrangers à la propriété.
M. Slim Tlatli a axé quasi exclusivement ses interventions sur les quatre mégas projets arabes, à savoir ceux de Dubaï Holding, Bukhatir Group, Gulf Finance House et d’Al Mâabar. Cela dit, on s’attend à des Investissements Directs Etrangers (IDE) de l’ordre de 65 milliards de dollars. Un volume que la Tunisie n’a jamais connu, dans son histoire.

Grands Projets : au service de la vision et des objectifs de la Tunisie

Ces mégas projets représentent une approche nouvelle en matière d’IDE, différente de ce que le pays a l’habitude de faire jusque là. A ce titre, il a souligné que la Tunisie était à la recherche d’investissement étranger à même de répondre à ses ambitions, ses objectifs et sa vision de l’avenir. « Il ne s’agit pas uniquement de rechercher de l’argent, dit M. Tlatli. Mobiliser les ressources financières, c’est facile. Il s’agit de créer de l’emploi (priorité absolue du gouvernement), de créer deux points de croissance (qui n’a pas de relation directe avec l’emploi), et de devenir un portail important dans la Méditerranée. » Il rappelle que la scène internationale a accueilli une nouvelle catégorie d’investisseurs, en l’occurrence les pays du Golfe. Au fait, les pays émetteurs d’IDE ne sont plus exclusivement les mêmes, qu’il y a 30 ans. Bien au contraire, de nouveaux joueurs se sont introduits sur le terrain, les Fonds Souverains. Avec un baril de pétrole à plus de 100 dollars, on imagine bien le volume du cash disponible.
La Tunisie a ainsi, opté pour une nouvelle catégorie d’investisseurs, offrant de nouveaux concepts et disposant d’une grande expérience à l’international. Des entrepreneurs qui se distinguent par la créativité et par des spécificités uniques. Pour réussir à les amener, il fallait répondre à leurs exigences spécifiques. Un climat d’investissement et des affaires favorable d’abord, un interlocuteur unique et un cadre juridique et fiscal spécifiques. Explications de M. Tlatli :
« Pour ce qui est du climat d’investissement, la Tunisie dispose aujourd’hui, de toutes les conditions nécessaires. Certes, rien n’est parfait et il y a des choses à améliorer, mais en gros, la Tunisie est réputée en tant que site propice pour les affaires. Quant à la structure de l’interlocuteur unique, elle a été créée par le Président de la République, elle en dépend directement, et dispose de larges prérogatives. Tout en concertant avec les départements concernés, cette structure (qu’est la Commission des grands projets) présente l’avantage de l’efficacité et la rapidité des décisions. Ce nouveau type d’investisseurs opère dans des projets intégrés nécessitant l’intervention de différents départements ministériels. La structure de l’interlocuteur unique évite aux investisseurs de se perdre dans les labyrinthes des administrations et des procédures.
Pour ce qui du cadre juridique et fiscal, il est vrai que le pays dispose d’un Code d’Incitation aux Investissements. Néanmoins, ce document juridique ne prévoit pas certains cas de figures spécifiques à ce type d’investisseur, qui opère dans plusieurs segments d’activité à la fois (tourisme, promotion immobilière, finances, santé, équipements…). Partant, inclassable selon les normes du Code d’Incitation aux Investissements, il a fallu trouver une autre solution juridique. Le législateur a promulgué une convention, qui fait force de loi et qui contient toutes les dérogations au droit commun, soit tout ce qui n’est pas prévu par la législation en vigueur. La finalité n’est-elle pas d’instrumentaliser les IDE des Fonds souverains en faveur et au profit de la Tunisie ? ».

Création d’environ 50.000 emplois
Avec toutes ces facilités, on cherche à répondre rapidement aux objectifs fixés. L’emploi d’abord. Dans une première phase, on verra la création d’environ 50.000 emplois directs, au niveau de la main d’œuvre pour la construction des projets. Sans compter, la dynamique créée autour, avec des emplois indirects notamment dans le secteur industriel, les bureaux d’études, les architectes et même les vendeurs de sandwichs.
Une fois, les projets réalisés, la création d’emploi sera d’un autre genre, celle d’un personnel hautement qualifiée, compétent et d’une haute valeur ajoutée. Des emplois créés notamment pour les diplômés du supérieur auxquels, il faudrait ajouter le personnel de maintenance.
Cependant, avertit M. Tlatli, ces projets exigent de la haute technicité et un grand savoir-faire que nous n’avons pas actuellement. Les ministères de l’Education, de l’Emploi et même la Défense s’y sont mis déjà à la formation de leurs étudiants. « Il ne s’agit pas de quantité, il s’agit de qualité maintenant. » On axe donc sur la qualité et le contenu de la formation, avec en prime la formation des formateurs. Force est d’admettre que toute l’intelligence est de savoir comment maximiser l’impact de ces grands projets sur l’économie tunisienne. Comment les PME tunisiennes doivent-elles se préparer pour tirer le maximum profit des opportunités offertes ?
Pour cela, il faudrait comprendre comment fonctionnent ces grandes holdings du Golfe. Leurs besoins ne peuvent être satisfaits par une petite entreprise d’où l’impératif, insiste M. Tlatli, pour nos entreprises, nos bureaux d’études, d’ingénieurs, d’architectes et autres prestataires de services, de se réunir dans des groupements. La taille de l’entreprise joue un rôle important, voire vital pour gagner des marchés. Si les PME tunisiennes réussissent à s’imposer et à collaborer avec ces grandes Holdings, elles pourraient aisément se glisser dans la poche du kangourou, et partir à la conquête du monde, avec en prime un nouveau savoir faire, de nouvelles expériences internationales, ce qui manque cruellement aux entreprises tunisiennes.
Il faut également savoir que les Dubaï Holding, Gulf Finance House et autres ne sont pas des entrepreneurs de bâtiment, mais des promoteurs de projet uniquement. En clair, ce ne sont pas eux qui vont accorder les marchés et recruter les gens. Il y aura des appels d’offres internationaux auxquels participeront des entreprises internationales de renom et de très grande taille. Pour gagner des marchés de sous-traitance chez ces entreprises ou pour gagner des appels d’offres, tout court, il faut se regrouper, il faut avoir un nom et un know-how. « Plusieurs viennent me voir, admet M. Tlatli, pour que je les mette en contact avec ces investisseurs. Je leur dis toujours que cela ne sert à rien. Qu’un architecte ou une petite entreprise, seuls, ne peuvent rien faire et rien obtenir. Il faut que l’on se regroupe, que l’on fédère nos forces pour espérer pouvoir gagner des marchés. »
Il ne faut surtout pas que le train quitte la gare sans le maximum d’entreprises tunisiennes. Et, il faut savoir que les travaux de Tunis Sport City, du côté du Lac Nord, de Tunis, ont déjà démarré et seront lancés officiellement, au mois de mai prochain. Quant au Méga projet « La porte de la Méditerranée », le démarrage des travaux ne saurait tarder, puisqu’il est programmé pour le premier semestre de l’année 2008. En ce qui concerne les autres grands projets, dont le centre financier off shore, le projet touristique dans la région de Hergla, de Zouarâa, de Cap Serrat, de Korbous, de Zembra, ainsi que le projet « Bled El Ward », le démarrage effectif des travaux est prévu à partir de l’année prochaine ».

Subscribe to Our Newsletter

Keep in touch with our news & offers