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Comment réagir avant que le grenier ne se vide ?

La Banque Mondiale a consacré son 30ème rapport relatif au développement dans le monde à l’agriculture. Un secteur considéré comme un moteur de croissance, générateur d’emploi, à même de contribuer efficacement à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), fixés par le Nations Unies. Et, c’est là, le message principal du rapport. Un rapport qui par ailleurs, accorde une attention particulière à la Tunisie, en tant qu’exemple de « succes story » en la matière, tout en mettant en exergue la voie à suivre pour relever les défis et renforcer le rôle du secteur agricole dans le développement.

Présenté récemment à Tunis, par le Professeur Alain de Janvry, co-auteur du document, et économiste à l’université de Californie, aux Etats Unies d’Amérique, le rapport sur le développement dans le monde a été consacré, dans sa 30ème édition, à l’agriculture au service du développement. Celle-ci est e effet, considérée comme un instrument puissant à même de générer de la croissance, de la valeur ajoutée et par la même des emplois et à contribuer par la même à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Des Objectifs qui concernent primordialement, la réduction de moitié, d’ici 2015, de la proportion de la population mondiale, vivant dans l’extrême pauvreté et souffrant d’une faim chronique ».
Le rapport de la Banque Mondial apporte, en effet, la preuve, moyennant des analyses économiques pointues, que l’agriculture a des caractéristiques spécifiques qui lui permettent de constituer un instrument unique du développement. D’abord parce qu’il s’agit, explique le Professeur Janvry, qui contribue au développement en tant qu’activité économique, en tant que moyen de subsistance et en tant que source de services environnementaux. En d’autres termes, l’agriculture est de nature à alimenter la croissance économique nationale, à offrir des opportunités d’investissement au secteur privé et à être le principal moteur des industries apparentées et de l’économie rurale non agricole ».
Le Rapport « l’Agriculture au Service du Développement », appelle, à ce titre, à investir plus dans le secteur, notamment dans les pays en voie de développement. Il souligne également que pour atteindre l’objectif du millénaire, il est impératif de donner plus de prééminence au secteur agricole dans les stratégies de développement. Car le rapport apporte la preuve que pour les plus pauvres, la croissance économique provenant de I’agriculture est de 2 à 4 fois plus efficace dans la réduction de la pauvreté que la croissance économique provenant d’autres secteurs. Pour cela, le professeur Janvry a donné l’exemple de l’Asie et d’une majorité de l’Afrique Subsaharienne. Deux régions où l’agriculture constitue un instrument puissant pour entraîner la croissance, surmonter la pauvreté et renforcer la sécurité alimentaire. Néanmoins, il faudrait gagner en productivité et fournir un meilleur appui aux petits agriculteurs pour en accélérer la progression. Le rapport précise que l’agriculture reste un instrument clé même dans les pays à revenu intermédiaire, pour réduire la pauvreté rurale et les disparités villes campagnes, ainsi que pour promouvoir la diversification de l’économie. Et pourtant le rapport relève que les investissements dans I’agriculture, aussi bien par les gouvernements que par les bailleurs de fonds, n’ont pas toujours été en rapport avec le potentiel existant, au cours des vingt dernières années. Alors que 75% des pauvres vivent en zone rurale et que pour la plupart d’entre eux, l’agriculture est la source principale de revenu. Dans ce contexte, le rapport affirme que 4% seulement de l’Aide au Développement et orientée vers l’agriculture dans les pays en voie de développement.
Cependant, aujourd’hui, de nouvelles opportunités existent dans le cadre d’un nouveau contexte qu’il faudrait saisir pour que l’agriculture soit pleinement au service du développement. Selon M. Janvry, l’agriculture offre plusieurs portes de sorties de la pauvreté, à condition que des efforts soient fournis pour augmenter la productivité des denrées alimentaires de base; de mieux connecter les petits et moyens producteurs aux filières de l’horticulture, de la volaille, de l’aquaculture et des produits laitiers; et de promouvoir la création d’emplois dans et hors exploitation.
« Une stratégie dynamique d’agriculture au service du développement peut profiter à 900 millions de ruraux qui vivent avec moins de un dollar pas jour, et dont la plupart vivent de l’agriculture a souligné Robert B. Zoellick, Président du Groupe de la Banque mondiale.
Le rapport insiste également sur l’impact de l’augmentation de la demande pour les denrées alimentaires, les aliments bétail et les biocarburants ; de la flambée des prix de l’énergie ; de la rareté accrue de la terre arable et de l’eau ; ainsi que des effets du changement climatique ».
Concernant la Tunisie, le rapport la présente comme un cas de success story, où l’agriculture est mise au service du développement bien que le pays en période de mutation totale quant à la diversification de sa base économique. En effet, la Tunisie consacre 11% de ses dépenses publiques à l’agriculture, qui, elle, contribue à hauteur de 11 à 12% au PIB.
Néanmoins, si le pays a réussi cette entreprise, il n’en demeure pas moins qu’il existe encore du potentiel à réaliser et de nouveaux défis à relever. Des défis relatifs notamment aux aléas climatiques, à la contrainte croissante des terres, à l’intensification en cours vers les cultures à haute valeur ajoutée, et évidemment le défi de l’emploi et surtout l’emploi rural. Faut-il rappeler que la population augmente et que les zones urbaines ne sont pas capables de tout absorber ?
Cela dit, le rapport évoque l’apparition de nouvelles opportunités de nature à renforcer la contribution de l’agriculture au développement. « Il s’agit, indique le professeur Janvry, entre-autres de nouvelle agriculture, de la demande dynamique (haute valeur ajoutée, qualité), des incitations plus favorables à l’investissement dans le secteur, d’autant plus que les prix à l’international ont connu une hausse vertigineuse. A cela s’ajoute, les innovations institutionnelles et technologiques multiples et l’apparition de nouveaux acteurs et de nouvelles façons de faire (secteur privé, organisation, collaboration public-privé, etc).
Ceci est tributaire par ailleurs, de la relève d’un certain nombre de défis dont celui de réduire la vulnérabilité de l’agriculture aux aléas climatiques et de réussir à atteindre la soutenabilité (rareté de l’eau, dégradation du sol, changements climatiques).
Dans ce sens, la Banque Mondiale continuera à appuyer la Tunisie avec laquelle elle entretient de bonnes relations et de longues traditions de coopération dans les projets gouvernementaux relatifs à l’agriculture. Aussi, la Banque Mondiale contribue-t-elle actuellement au financement d’un important projet de mise à niveau des services à I’agriculteur : le projet Services Agricoles, ainsi qu’à celui d’un projet de développement local et de gestion des ressources naturelles pour la région du Nord-ouest avec l’Office de Développement Sylvo-Pastorale du Nord Ouest. Un projet similaire est en cours de préparation pour la région du Centre Ouest avec les Commissariats Régionaux au Développement Agricole. Enfin un projet d’amélioration de la gestion de I’eau vient de se terminer et sera suivi prochainement par une deuxième phase.
Après un déclin de son aide internationale, dans le années 80 et 90 au secteur agricole, la Banque Mondiale entend augmenter son soutien à l’agriculture et au développement rural. Une aide qui a atteint, en 2007, 3,1 milliards de dollars.

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