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Le choc sera amorti en Tunisie, mais …

Du 20 au 25 avril courant, les représentants de 193 Etats membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sont réunis à Accra, au Ghana, pour la 12ème conférence sur le commerce et le développement. Une rencontre onusienne qui se tient sous le ciel sombre d’une mondialisation dont les impacts se font de plus en plus ressentir, notamment pour les pays en voie de développement, et particulièrement les pays africains. Un continent qui, en dépit des quelques progrès enregistrés, demeure le parent pauvre du développement et des Investissements Directs Etrangers (IDE). Aussi, la conférence est appelée à s’achever sur une bonne note, avec identification de solutions adaptées et une réponse aux besoins pressants des pays les plus démunis.
Quels sont les changements constatés dans l’économie mondiale ? Quels sont les risques et les menaces ? Et quels sont les objectifs principaux de la conférence de la CNUCED ? MM. Amor Nekhili, Directeur du Centre d’Information des Nations Unies en Tunisie, et Ridha Gouiaa, expert auprès de l’ONU, ont donné le lundi 21 avril 2008 un éclairage à la presse nationale et internationale, qui n’a pas pu se déplacer à Accra, mais, qui pourrait suivre, comme tout le monde d’ailleurs, les travaux, de la conférence, en direct sur Internet, à travers le site de la CNUCED.

Placée sous le signe de « Perspectives et enjeux de la globalisation pour le développement », la 12ème Conférence sur le commerce et le développement (CNUCED XII) se tient dans un climat pessimiste. Il est évident que la globalisation est un phénomène inévitable. Sa devise de survie n’est que compétitivité, libéralisation, développement du commerce extérieur et alliances régionales et interrégionales. Ce qui, en soi, présente des impacts positifs certains pour l’ensemble des économies dans le monde. Cependant, des dangers, il en existe, et ils risqueraient d’être néfastes pour l’ensemble des pays. En effet, si une crise surgit, elle est dangereuse pour tout le monde. Et, de crise éventuelle, il y en a une qui se profile à l’horizon et elle noircit le ciel et les débats de la conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement. Celle-ci se déroule, depuis dimanche, et jusqu’à vendredi 25 avril 2008, à la lumière d’un certain nombre de facteurs inquiétants pour l’économie mondiale.
On ne rappellera pas que les pays développés sont frappés par une récession importante qui sévit leurs économies. Il y a d’abord, la régression constatée aux Etats Unies d’Amérique.
« Une récession croissante qui risque de contaminer l’Europe et menace fortement les pays en développement, notamment ceux dont la croissance est basée sur les exportations. La menace est réelle, voire sérieuse surtout que 50% des importations américaines sont assurées par les pays en développement », a déclaré M. Gouïaa, expert auprès des Nations Unies, lors de la rencontre de presse organisée hier à Tunis.
Et, à l’expert d’ajouter, une croissance zéro aux USA, se traduirait par une baisse de l’ordre de 2 à 2,5% de la croissance des pays en développement, mais pas uniquement. Il y a également l’écart qui ne cesse de se creuser entre les pays riches et les pays en voie de développement et les écarts de croissance relevés entre les pays de même catégorie. Un phénomène qui a généré davantage de pauvreté dans le monde et un éloignement évident de la concrétisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En effet, ils sont 1,5 milliard de personnes à vivre dans une extrême pauvreté dont la majorité sur le continent africain, d’où l’intérêt de choix accordé par la CNUCED à l’Afrique, que ce soit dans le choix du lieu de la manifestation (Ghana), ou encore les thématiques qui y sont traitées.
Autre problème qui risquerait de générer des conséquences importantes sur les économies du monde, la flambée des prix des produits de base et en première ligne, l’énergie, les produits agricoles, des métaux et des minéraux. Avec un prix de baril de pétrole de plus de 100 dollars, des prix du blé dur qui ont triplé en deux ans, on est mal partis pour une réduction de la pauvreté et pour un développement équitable. Equitable dites vous ? L’équité dans cette globalisation croissante n’est pas de mise et surtout pas d’actualité. En témoignent les orientations des Investissements Directs Etrangers (IDE) dans le monde. En 2006, on a recensé 1306 milliards de dollars d’IDE dont uniquement 2,7% vers l’Afrique, qui a perdu des points en cours de route, puisqu’en 2005, sa part des IDE mondiaux était de 3,1%. Cependant, le continent a été plus chanceux en ce qui concerne un autre facteur déterminant de la globalisation : le développement du commerce extérieur et notamment sud/sud. Un phénomène qui a amélioré la part de l’Afrique dans le commerce mondial et consolidé quelque peu ses PME.
C’est sous ce ciel plein d’incertitudes et d’inquiétudes que s’est ouverte la 12ème conférence sur le commerce et le développement. Et les 193 Etats membres sont tenus d’y réfléchir et d’identifier les solutions adéquates afin de limiter les dégâts de la récession économique à l’échelle internationale ; de discuter ensemble des politiques susceptibles de permettre à l’Afrique de tirer profit de la mondialisation et de répondre aux besoins pressants des pays les plus démunis », ce sont là les objectifs de la conférence sur le commerce et le développement, a déclaré M. Gouïaa.
Ainsi, outre les 9 tables rondes thématiques et la journée consacrée à l’Afrique, la ville d’Accra verra l’organisation de deux Forums Internationaux, l’un portant sur l’investissement direct étranger caractérisé par une rencontre entre les chefs d’entreprises du monde et les responsables politiques, l’autre concernera la société civile, appelée également à apporter sa contribution.
Elle verra par ailleurs, le lancement de l’annuaire de l’investissement dans le monde et, pour la première fois, la publication d’un rapport sur la créativité 2008 dont la finalité est d’apporter la preuve du potentiel énorme existant en Afrique.
La 12ème session de la conférence sur le commerce et le développement se déroule, dans un climat d’inquiétude et il y a vraiment à s’inquiéter. Mais qu’en est-il de notre économie nationale, à la lumière de tout ce pessimisme ?
Selon l’expert des Nations Unies, la Tunisie risque de ne pas être totalement à l’abri. Elle a opté pour l’intégration à la mondialisation et, de ce fait, elle risque de subir ses effets négatifs.
« Il est vrai que ce sont surtout les pays exportateurs aux USA qui souffriraient le plus. Néanmoins, l’Europe sera affectée et, de ce fait, les exportations tunisiennes (80% à destination du vieux contient) pourraient en pâtir. A cela s’ajoute l’alourdissement du budget de l’Etat par les subventions accordées à l’importation du blé dur tournant autour de 1000 MD. Cependant, l’expert auprès des Nations Unies a souligné que la politique financière adoptée par la Tunisie est une politique prudente qui aiderait le pays à supporter les chocs et crises éventuelles.
Quant à la participation de la Tunisie à la conférence onusienne, pour M. Nekhili, Directeur du centre d’Information des Nations Unies de Tunis, elle est placée sous le signe de l’optimisme. « Faut-il rappeler, a-t-il indiqué, que l’expérience réussie et exemplaire de la Tunisie, dans la mise en œuvre des OMD constitue un point fort pour le pays ? » En effet, la Tunisie a réalisé un bond important dans la réalisation des OMD, notamment en matière de réduction de la pauvreté, d’intégration des femmes à la vie active, la protection des jeunes…
Le choc sera donc vraisemblablement moins fort par rapport à d’autres pays, mais il n’empêche que nous aurons quand même et malgré tout à subir cette crise mondiale.

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