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Repenser les avantages et les incitations à l’investissement

L’objectif de croissance fixé dans le cadre du 11ème plan, et particulièrement pour l’année 2009 (6,3%) serait, dans tous les cas de figure, insuffisant pour répondre à la demande additionnelle d’emploi. Une demande, qui ne cesse d’augmenter d’année en année et dont plus de la moitié émane des diplômés du supérieur. L’économie tunisienne est tenue de réaliser un taux de croissance supérieur à 7%, taux que l’économie tunisienne n’arrive pas à réaliser. Pourquoi ? et surtout quelles sont les limites de la croissance et comment faire pour en accélérer le rythme ?

Pendant les 10 dernières années, la Tunisie a réussi à maintenir le cap d’une croissance satisfaisante avec une moyenne de 5% par an. Elle ambitionne de réaliser mieux, au cours des 11ème et 12ème plans Pour ces plans de développement, la Tunisie a tablé sur des taux de croissance supérieur à 6%. Mais, bien que assez bon, ce taux est incapable de répondre à la problématique du chômage dans le pays, qui s’élève à 14% avec un grand nombre de diplômés du supérieur. A cet égard plusieurs questions s’imposent : Pourquoi le tissu productif n’arrive-t-il pas à absorber les diplômés du supérieur ? Pourquoi l’économie tunisienne ne réussi-t-elle pas à réaliser une croissance suffisante pour créer des emplois ? Comment améliorer l’environnement des affaires afin d’inciter davantage à la création d’entreprises….. ? Comment améliorer l’environnement de l’entreprise ?
Le diagnostic établi à l’occasion de la consultation nationale sur l’emploi apporte quelques éclaircissements à ce sujet et propose des pistes de réflexion. Pour, les experts, et particulièrement dans la relation entreprise, croissance et emploi, il existe un problème d’évaluation de l’effort et de sa rémunération d’où le manque de clarté et une faiblesse d’identification et d’exploitation des compétences et des talents. Un indicateur de taille, pour lequel, d’ailleurs, la Tunisie a été mal notée dans le dernier rapport de Davos 2009 (103ème place). Plus encore, les experts ont relevé un autre maillon faible : une absence ou presque de l’esprit d’initiative et une idée dominante notamment chez les jeunes diplômés du supérieur, que le seul garant de la pérennité de l’emploi, c’es le secteur public.

Du côté des PME, le facteur « travail » est le parent pauvre des préoccupations de l’entreprise. Il est fortement négligé par rapport à d’autres facteurs de productivité. Au regard des experts, la relation entre les PME et l’opération de recrutement est plutôt conflictuelle. En d’autres termes, le facteur recrutement, notamment des diplômés du supérieur, n’est pas pris en compte en tant qu’élément essentiel de l’amélioration de la productivité de l’entreprise, de sa compétitivité ainsi que de son positionnement que ce soit sur l’échiquier national ou international. Les experts attribuent cette défaillance à un environnement des affaires très peu encourageant pour le recrutement, en général et le recrutement des diplômés du supérieur, en particulier. Car, selon les experts, participant au diagnostic de la situation de l’emploi en Tunisie, sont arrivés à la conclusion qu’eu égard à la méthode de calcul des charges sociales, les chefs d’entreprises optent plutôt pour l’importation des produits dont la fabrication exige des compétences particulières que pour le recrutement. Autrement dit, les PME craignent l’engagement dans des activités à haute valeur ajoutée et préfèrent ne pas s’y aventurer, sachant que ce type d’activité est à forte employabilité, notamment des diplômés du supérieur, qui sont à même d’apporter le « plus » à l’entreprise.

Il est vrai que l’entreprise et l’environnement des affaires méritent d’être améliorés et au plus vite, notamment au niveau de l’administration qui devrait s’impliquer davantage dans la bataille de la compétitivité. Cependant, les limites de la croissance de l’économie tunisienne émanent bien d’autres raisons, entre autres le manques d’investissements privés, en général et étrangers, en particulier. Et pourtant, ce ne sont pas les mécanismes de promotion qui font défaut. Les avantages, incitations, encouragements mis en place par les pouvoirs publics sont innombrables et multiples, alors s’ils n’ont pas réussi à atteindre les objectifs escomptés c’est qu’une question se pose avec acuité : quelle est l’efficacité du système d’incitation à l’investissement privé en Tunisie? Cette question s’impose d’autant plus que le diagnostic de la situation, relevé par les experts, renvoie à un manque d’investissements, d’IDE, d’identification des opportunités notamment sur le marché local, mais encore les limites des exportations tunisiennes, basées sur sept produits et quatre destinations majoritaires. A cela s’ajoute, le coût trop élevé du financement bancaire des projets qui atteint les 9% par an, contre 4%, en Europe et uniquement 2% au Japon.

Le tableau morose concerne également les IDE qui sont faibles par rapport à d’autres IDE orientés vers d’autres pays concurrents. Si les mécanismes existent et les avantages sont multiples, pourquoi la Tunisie ne draine-t-elle pas plus d’IDE ? Les experts estiment que cela est dû principalement, à l’absence d’un tissu de services et d’industrie à valeur ajoutée et à forte employabilité. Ils attribuent le manque de développement d’un tel tissu à la séparation qui règne entre les régimes on et off shore, aux coûts élevés du transport international et des services de communication, aux relations conflictuelles au sein de l’entreprise, qui n’incitent nullement au recrutement. Autre raison non moins importante et qui nécessite une réflexion profonde, l’interdépendance des rôles de l’Etat, d’une part, en tant que régulateur et en tant que pouvoir d’orientation des politiques économiques, et d’autre part en tant que gestionnaire du domaine de l’Etat et prestataire de services. Une interdépendance à l’origine de services administratifs de mauvaise qualité et à coûts élevés…

Il y a lieu, au regard du diagnostic des experts de repenser les avantages et les incitations à l’investissement. L’idée est de créer un lien direct entre le bénéfice de l’avantage et la création d’emplois, tout en consolidant le partenariat entre l’Etat et le secteur privé afin de relever le défi de l’emploi, priorités nationales absolues.

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