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Washington coupe les fonds : qui trinque ?

Le gouvernement américain a récemment annoncé la suspension temporaire de son aide extérieure pour une période de 90 jours. Cette décision, prise dans le cadre d’une réévaluation globale des programmes de financement, a provoqué une onde de choc à travers le monde. De l’éducation à l’aide humanitaire en passant par les médias et le développement économique, les impacts sont nombreux et touchent plusieurs pays, y compris la Tunisie.

Pourquoi les États-Unis ont-ils suspendu leur aide extérieure ?

Le 24 janvier 2025, le Département d’État américain a annoncé la mise en pause de tous les programmes d’aide étrangère, à l’exception de l’aide alimentaire d’urgence et du soutien militaire à certains pays stratégiques comme Israël et l’Égypte. L’objectif affiché est de réévaluer l’efficacité et la pertinence de ces aides afin d’assurer qu’elles servent au mieux les intérêts des États-Unis.

Si cette mesure se veut avant tout administrative, ses effets sont immédiats et préoccupants pour de nombreux bénéficiaires, en particulier les étudiants, les ONG et les médias indépendants qui dépendaient de ces financements pour leurs projets.

L’éducation en première ligne : le cas des boursiers tunisiens

L’un des premiers programmes impactés par cette décision est le Thomas Jefferson Scholarship Program, qui permet à des étudiants tunisiens d’étudier aux États-Unis pendant un an. Douze étudiants tunisiens, déjà sur place, ont reçu une notification leur demandant de quitter le territoire avant le 23 février 2025. Cette nouvelle a suscité une forte mobilisation en Tunisie, notamment de la part du ministère des Affaires étrangères, qui a obtenu un sursis pour ces étudiants en attendant une solution alternative.

Exemple concret : Amal, une étudiante tunisienne en ingénierie informatique, raconte :

« C’était un rêve de pouvoir étudier aux États-Unis, et tout s’effondre du jour au lendemain. J’ai laissé mon travail et investi toutes mes économies pour ce programme. Maintenant, je ne sais pas si je vais pouvoir continuer mes études. »

Cette suspension met en péril des parcours prometteurs et prive les jeunes talents tunisiens d’une opportunité précieuse d’apprentissage et de réseautage international.

Des médias indépendants menacés en Europe de l’Est

Outre l’éducation, le secteur des médias est également durement touché, notamment en Europe centrale et orientale. Dans ces régions, où l’influence russe est grandissante, les États-Unis finançaient des médias indépendants afin de renforcer la liberté de la presse et contrer la désinformation.

Exemple marquant : En Géorgie, un média local financé par un programme américain a dû suspendre ses activités. L’un de ses journalistes témoigne :

 « Nous étions l’une des seules voix indépendantes dénonçant la corruption et la propagande. Sans ce financement, nous risquons de disparaître et de laisser un vide dangereux pour l’information libre. »

Cette suspension offre ainsi un boulevard aux régimes autoritaires et aux acteurs cherchant à affaiblir la liberté d’expression.

Les ONG en Afrique à l’arrêt

En Afrique francophone, des pays comme la République Démocratique du Congo (RDC) subissent également de plein fouet cette suspension. L’USAID, principal organe de développement américain, a mis en pause ses financements, affectant directement les ONG locales qui fournissent des services essentiels en matière de santé, d’éducation et de développement rural.

Exemple frappant : Une ONG en RDC qui fournissait des soins de santé à plus de 10 000 personnes dans des zones reculées a dû cesser ses opérations faute de financements.

« Sans ces fonds, nous ne pouvons plus acheter de médicaments ni payer nos soignants. Des vies sont en danger », explique son directeur.

Une suspension contestée aux États-Unis et à l’international

Face à ces conséquences dramatiques, plusieurs acteurs politiques et organisations humanitaires ont vivement critiqué cette décision. Aux États-Unis, des élus démocrates et républicains ont exprimé leur inquiétude, mettant en avant l’importance stratégique de l’aide extérieure dans la diplomatie américaine.

Un juge fédéral a même ordonné, le 14 février 2025, la reprise de certains financements, notamment pour les programmes humanitaires et éducatifs, estimant que cette suspension mettait en danger des vies et nuisait à l’image des États-Unis à l’international.

Quelles alternatives pour les pays affectés ?

En attendant une reprise des aides américaines, certains pays tentent de trouver des solutions alternatives :

Appel à l’Union européenne pour compenser le manque de financement, notamment pour les médias indépendants en Europe de l’Est.

Recherche de partenariats avec des fonds privés pour soutenir les étudiants et les ONG.

Mobilisation des diasporas pour des financements participatifs et des solutions locales.

Cependant, ces solutions restent limitées et ne suffise pas à combler les lacunes laissées par la suspension américaine.

Une crise qui interroge sur l’avenir de l’aide internationale

Cette suspension brutale met en évidence la dépendance de nombreux secteurs aux financements étrangers et pose la question de la durabilité de ces programmes. Elle rappelle aussi l’importance d’une diversification des sources de financement pour éviter qu’une décision politique ne mette en péril des projets vitaux à travers le monde.

Alors que la pression monte sur l’administration américaine pour revoir sa position, les étudiants, journalistes et travailleurs humanitaires espèrent un retour rapide des aides, indispensables à leur mission.

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