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Entreprises allemandes en Tunisie : entre confiance et obstacles persistants

Par Imen Nouira

La Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK Tunisie) a présenté, mardi 16 septembre 2025, les résultats relatifs à la situation et aux perspectives des sociétés allemandes installées en Tunisie. La conférence a été animée par son président, Ghazi El Biche, et son directeur général, Jörn Bousselmi.

La majorité des entreprises affichent une certaine stabilité, voire une progression. Ainsi, 66 % ont maintenu ou augmenté leur chiffre d’affaires en 2024, et 69 % ont conservé ou renforcé leurs effectifs. Concernant l’investissement, 51 % en 2025 et 50 % en 2026 prévoient de garder des niveaux constants, tandis que 22 % en 2025 et 24 % en 2026 anticipent une hausse.

Les perspectives d’activité s’améliorent également : 32 % des entreprises prévoient de « bonnes performances » en 2025, un chiffre qui grimpe à 41 % en 2026. Dans le même sens, 63 % des répondants estiment que la conjoncture tunisienne restera stable ou s’améliorera d’ici 2025. Ce taux grimpe à 69 % pour 2026.

Cela dit, il est important de noter que près de 34 % des entreprises à participation allemande ont vu leur chiffre d’affaires reculer en 2024 par rapport à 2023. En matière d’investissements, 10 à 13 % des sociétés projettent une diminution d’ici 2026, tandis que 16 % en 2025 et 13 % en 2026 n’envisagent aucun nouvel engagement. Sur le plan social, 10 % des acteurs anticipent une réduction de leurs effectifs à l’horizon 2026. Ces indicateurs traduisent la fragilité persistante d’une partie du tissu économique.

Malgré ces fragilités, la Tunisie demeure perçue comme un site attractif. Les entreprises allemandes soulignent avant tout la proximité géographique avec l’Europe, un atout majeur pour les échanges commerciaux. Elles mettent également en avant la compétitivité des coûts de production et la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée, notamment dans les secteurs industriel et technologique. Ces éléments continuent de faire de la Tunisie une destination stratégique pour les investissements, et 76 % des sociétés considèrent même que le pays pourrait devenir un hub régional pour leurs activités en Afrique.

Si la confiance reste présente, les difficultés se multiplient. La proportion d’entreprises évoquant des entraves administratives est passée de 45 % en 2024 à 75 % en 2025. Les problèmes concernent principalement les relations avec l’administration, les services douaniers et la Banque centrale de Tunisie, notamment sur le transfert de devises et le code des changes.

Les sociétés pointent également la stabilité socio-politique comme risque majeur, suivie des conditions-cadres de la politique économique, de la demande locale, de la hausse des coûts de la main-d’œuvre et des faiblesses infrastructurelles. Les prix de l’énergie et des matières premières figurent eux aussi parmi les préoccupations centrales.

En ce qui concerne la nouvelle loi du travail, les conséquences sur les entreprises allemandes ne pourront être connues que dans le futur, l’enquête ayant eu lieu avant son adoption. Cela dit, et bien qu’elles considèrent que cette loi était bien fondée, elles estiment que son adoption a été précipitée. Souvent, l’AHK est contactée pour trouver des solutions et comprendre comment appliquer cette loi afin de garantir une meilleure flexibilité.

En réponse à une question de Business News sur les efforts des autorités pour réduire les obstacles, Ghazi El Biche a souligné que des dialogues et discussions sont engagés et que la volonté de progresser existe, mais que les impacts concrets se font encore attendre. S’agissant des solutions, il a admis que la digitalisation est un facteur important pour faciliter les procédures bureaucratiques. Cela dit, selon lui, d’autres facteurs doivent également être pris en compte, comme la réactivité, la flexibilité et la responsabilité dans la prise de décisions.

De son côté, Jörn Bousselmi a appelé à une transformation profonde : « la Tunisie doit passer d’un pays d’opportunités à un pays de réalisations », afin de permettre aux investisseurs de capitaliser pleinement sur ses atouts.

Tous deux se disent optimistes et estiment que la Tunisie demeure un site d’excellence. Selon eux, les investisseurs qui s’y installent sont « agréablement surpris » et conquis par les atouts du pays, notamment en ce qui concerne la compétence de la main-d’œuvre.

Les résultats reposent sur un questionnaire en ligne diffusé en avril 2025. Le document a été envoyé à 900 entreprises allemandes ou à participation allemande installées en Tunisie, et a obtenu un taux de réponse de 27 %, soit 243 entreprises participantes. L’échantillon est diversifié en termes de taille et de secteur d’activité : plus de la moitié des sociétés interrogées appartiennent à l’industrie (56 %), contre 19 % dans la distribution et le commerce, 16 % dans les services et 9 % dans d’autres activités.

En termes de chiffre d’affaires, la majorité déclare réaliser jusqu’à 15 millions de dinars, près d’un tiers atteint jusqu’à 250 millions de dinars, et environ 10 % dépassent les 500 millions de dinars. Enfin, concernant les effectifs, la répartition montre une diversité importante : des entreprises de moins de cent employés jusqu’à de grandes structures comptant plus de mille salariés.

I.N.

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