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« On attend que le roi nous parle ! » : les jeunes Marocains de nouveau dans la rue

Abdel Majid Bziouat / AFP

Des dizaines de jeunes Marocains se sont mobilisés jeudi 9 octobre 2025 à l’appel du collectif GenZ 212, pour contester le gouvernement et réclamer des réformes dans la santé et l’éducation, à la veille d’un discours très attendu du roi Mohammed VI.

Avant ces rassemblements, le gouvernement a réitéré son invitation au dialogue : « pour écouter les propositions et traiter le sujet ensemble », a déclaré le porte-parole de l’exécutif, Mustapha Baitas.

GenZ 212 : un mouvement sans chef ni affiliation politique

Depuis le 27 septembre, le collectif, créé par des anonymes et fort de plus de 200 000 adhérents sur la plateforme Discord, organise presque chaque soir des rassemblements à travers le pays, réunissant de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de personnes. La police a procédé à des dizaines d’arrestations, et certaines mobilisations ont été marquées par des heurts et des actes de vandalisme. La semaine passée, trois personnes ont été tuées dans un affrontement avec des gendarmes près d’Agadir (sud).

 « Le message est reçu », a assuré M. Baitas, promettant que le gouvernement « travaille pour mobiliser les ressources et identifier les déficits à combler ». Il a appelé GenZ 212 à envoyer des représentants pour entamer une discussion.

En réponse, des dizaines de jeunes se sont réunis à nouveau à Rabat, Casablanca et Tanger. À Rabat, ils ont appelé à « faire tomber la corruption », selon des journalistes de l’AFP.

« On n’a plus confiance dans le gouvernement »

« On n’a plus confiance dans le gouvernement. On attend que le roi nous parle, il doit sauver son peuple », a confié Raghd, ingénieure du son de 23 ans, sous couvert d’anonymat. Ses parents mènent deux boulots pour payer l’école privée de sa petite sœur, car « l’école publique n’est pas bonne ».

Mohammed VI doit prononcer vendredi un discours à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire.

Un soutien croissant à GenZ 212

Mercredi, une soixantaine de personnalités connues ont apporté leur soutien au mouvement et appelé le roi à lancer « des réformes de fond ».

« La situation est très grave, il y a un délabrement de l’infrastructure sociale. Il faut que le roi intervienne pour trouver une solution politique. Sinon ça va produire de la violence », a expliqué l’historien Maati Mounjib, présent lors de la manifestation à Rabat.

Reda, étudiant en gestion des ressources humaines de 22 ans, « essaye d’être optimiste et d’avoir foi dans notre roi », tout en contestant le gouvernement dirigé par le Premier ministre Aziz Akhannouch. « On n’a plus confiance dans le gouvernement, ça ne va pas marcher s’il reste », a-t-il ajouté.

Des revendications concrètes

Les protestations ont commencé mi-septembre, après le décès de huit femmes enceintes à l’hôpital public d’Agadir. Jeudi, GenZ 212 a publié un nouveau document exposant ses revendications : le limogeage du gouvernement, la « lutte anti-corruption », un plan d’urgence pour recruter médecins et personnels de santé, la rénovation des hôpitaux et l’augmentation du taux de remboursement de l’assurance-maladie de 50 % à 75 %.

Au Maroc, où les cliniques privées se multiplient, les hôpitaux publics sont saturés et manquent de personnel et d’équipements de base, a reconnu le ministre de la Santé, Amine Tehraoui. Depuis 2022, plusieurs réformes ont été engagées : rénovation et construction de 22 hôpitaux, ouverture de deux nouveaux CHU en plus des cinq existants, et réhabilitation de 1 400 établissements d’ici fin 2025.

© Agence France-Presse

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