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Gabès : 150 ans pour réparer les dégâts environnementaux, alerte l’expert Houcine Rhili

L’expert en développement et en ressources hydrauliques, Houcine Rhili, est revenu, mardi 14 octobre 2025, sur la crise environnementale à Gabès, dans une interview téléphonique au micro de Hatem Ben Amara dans l’émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM.

« La réhabilitation du golfe de Gabès des émissions et du rejet de produits chimiques polluants provenant des unités industrielles du Groupe chimique tunisien (GCT) prendra près de 150 ans », a-t-il averti.

Selon M. Rhili, « près de 14.000 tonnes de déchets sont rejetées quotidiennement dans le golfe, alors que la mer Méditerranée se renouvelle seulement tous les cent ans. Retarder la mise en place de solutions entraîne des coûts exorbitants et des interventions sous pression ».

L’expert a insisté sur la nécessité de lancer dès maintenant des « solutions pratiques progressives », rappelant qu’« une expérience similaire menée dans le passé a donné des résultats seulement après vingt ans ». Des « techniques de transformation du phosphate plus propres » existent et doivent être adoptées.

Houcine Rhili a également souligné que, bien que le GCT ait tenté de limiter la pollution depuis 1990 – avec des rejets de gaz toxiques occasionnels – « la fréquence actuelle des émissions, cinq fois par mois, pose un problème de maintenance et de sécurité ». Déplacer la population ne suffira pas à résoudre la situation, car « les émanations peuvent se propager sur de longues distances ».

La question est complexe, a-t-il précisé, en raison de l’importance économique du GCT pour la région et de ses « impacts environnementaux et sanitaires ». La déconstruction d’une seule unité coûterait « cinq milliards de dinars », et le complexe comprend « treize unités productrices de phosphogypse et de phosphate polluants ». Les finances du GCT ne permettent pas de réhabiliter l’équipement existant, soulignant que « la solution relève à la fois d’une décision politique et d’un investissement dans des techniques de réduction de la pollution ».

Selon l’expert, « 80 % des unités nécessitent une réhabilitation », posant ainsi la question de « l’avenir du phosphate en Tunisie », secteur dont dépendent également « sept ou huit sociétés industrielles privées ».

On rappelle que les habitants de Gabès dénoncent depuis des années la pollution industrielle et ses effets sur la santé publique. Le dernier épisode d’intoxication a touché plusieurs enfants pris en charge dans les écoles et les hôpitaux pour des « difficultés respiratoires ». Les organisations de la société civile parlent désormais d’un « écocide silencieux », accusant l’État de n’avoir « jamais tenu ses promesses » sur la mise aux normes ou la fermeture des usines les plus dangereuses.

Face à cette crise, le président Kaïs Saïed a reçu, samedi 11 octobre 2025, la ministre de l’Industrie Fatma Thabet et le ministre de l’Environnement Habib Abid. Une mission conjointe a été dépêchée à l’usine du GCT pour identifier les dysfonctionnements et proposer des mesures immédiates. Le chef de l’État a réaffirmé la mise en œuvre d’un « plan stratégique global » pour « mettre fin aux catastrophes environnementales récurrentes » et a assuré : « Nos concitoyens de Gabès, comme dans toutes les régions du pays, obtiendront pleinement leurs droits… une Tunisie verte, débarrassée de toute pollution ».

I.N.

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