Dans une lettre datée du jeudi 16 octobre 2025 et adressée au président de la République Kaïs Saïed, Amnesty International exprime sa « grave préoccupation » concernant la situation de l’avocate, ancienne députée et présidente du Parti Destourien Libre (PDL), Abir Moussi, incarcérée depuis plus de deux ans pour l’exercice pacifique de ses droits politiques et de sa liberté d’expression.
Selon l’organisation internationale de défense des droits humains, Abir Moussi sera jugée le 24 octobre 2025 sur des charges qui, en cas de condamnation, pourraient entraîner la peine de mort. Elle purge actuellement une peine de trois ans et quatre mois de prison après avoir été condamnée dans deux affaires distinctes liées à ses critiques du processus électoral tunisien, sur la base de plaintes déposées par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) en vertu du Décret-loi 54.
Amnesty rappelle que la première arrestation d’Abir Moussi remonte au 3 octobre 2023, alors qu’elle tentait de déposer un recours contre des décrets présidentiels en vue des élections locales. Après avoir été empêchée de déposer son recours, elle a organisé un sit-in devant le bureau administratif et diffusé l’événement en direct sur Facebook. L’organisation souligne que cette arrestation était arbitraire et que ses droits fondamentaux, notamment l’accès à un avocat et à ses traitements médicaux, ont été ignorés.
La lettre précise que les accusations principales portent sur « tentative de changer la forme de gouvernement », « incitation à la violence » et « attaque visant à modifier l’ordre de l’État », des infractions prévues à l’article 72 du Code pénal tunisien, qui prévoit la peine capitale. Amnesty International considère ces accusations comme infondées et insiste sur le fait qu’Abir Moussi a agi pacifiquement.
L’organisation note également que d’autres charges lui ont été reprochées à la suite de ses critiques publiques du processus électoral et de manifestations devant des bureaux de l’Union Internationale des Savants Musulmans en 2022. Elle dénonce les transferts répétés de la militante vers des prisons éloignées, aggravant son état de santé déjà fragile en raison de l’arthrite et de douleurs dorsales.
Amnesty International exhorte le président Kaïs Saïed à « libérer immédiatement Abir Moussi, à annuler sa condamnation et à abandonner toutes les charges » contre elle. L’organisation demande aussi que ses droits à un accès régulier à sa famille, à ses avocats et à des soins médicaux appropriés soient garantis pendant sa détention.
I.N.










