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Ridha Chkoundali : le PLF 2026 manque de cohérence et de vision économique

Par Imen Nouira

Un texte “déconnecté” et “les objectifs sont lunaires alors que les moyens sont dérisoires”, critique sévèrement Chkoundali

Le professeur universitaire en sciences économiques Ridha Chkoundali a livré, vendredi 17 octobre 2025, une lecture préliminaire du projet de la Loi de finances 2026 (PLF 2026), dans un post publié sur sa page Facebook.

Selon lui, le texte, dans sa version actuelle, « souffre d’un manque de cohérence, de transparence et de coordination entre les différentes institutions concernées ».

Dès l’introduction, M. Chkoundali déplore que le projet ait été présenté sans les hypothèses macroéconomiques ni les résultats d’exécution budgétaire au moins jusqu’à septembre 2025.

« Les chiffres publiés s’arrêtent à mars alors que nous sommes en octobre », observe-t-il, estimant que, dans ces conditions, les députés ne pourront pas « discuter sérieusement les objectifs et les politiques du texte ».

Il regrette également « le secret entourant la préparation du document et le manque d’informations transmises au Parlement ».

L’universitaire rappelle que la Loi de finances 2026 devait être « fondamentalement différente » des précédentes, puisqu’elle constitue la première année d’exécution du plan de développement 2026-2030.

« Toute première année de plan doit démarrer avec force et audace, par des politiques capables de secouer un pays enlisé dans une stagnation inflationniste », écrit-il.

Or, selon lui, le texte ne traduit ni les priorités du plan ni celles du « bilan économique 2026 », document censé servir de base à la politique budgétaire.

Il constate ainsi une « absence d’articulation entre le plan, le bilan et la Loi de finances », ce qui traduit « un manque de coordination entre le ministère des Finances et le ministère de l’Économie et de la Planification ».

Pour M. Chkoundali, « il revient à la présidence du gouvernement d’assurer cette cohérence ».

L’économiste note un « décalage profond entre les objectifs affichés et les moyens prévus » pour les atteindre.

« Les objectifs sont placés très haut, mais les politiques retenues sont faibles et ne permettent même pas d’atteindre le minimum souhaité », écrit-il.

Il illustre ce déséquilibre par une métaphore : « C’est comme si l’on voulait atteindre la lune avec une simple charrette ».

Selon lui, le texte affiche des ambitions louables – souveraineté nationale, autonomie économique – mais sans instruments concrets pour les réaliser.

« Ceux qui ont rédigé la loi semblent contraints de suivre les slogans du chef de l’État, sans y croire réellement », avance-t-il.

M. Chkoundali relève que le rôle social de l’État est restreint à trois points :

  1. L’emploi public, notamment l’intégration des diplômés, des contractuels et des enseignants suppléants. Il avertit cependant que « le véritable emploi créateur de richesse se situe dans le secteur privé, et non dans un secteur public déjà saturé ».
  2. La hausse des salaires pour les années 2026, 2027 et 2028, annoncée sans véritables négociations sociales. Il doute que ces augmentations permettent de compenser l’inflation réelle, notamment sur les produits de base où la hausse dépasse « 15%, contre 5% pour le taux global ».
  3. Le soutien aux régimes de sécurité sociale, assuré par une série de taxes supplémentaires (droit d’enregistrement, cahiers des charges, recharges téléphoniques, jeux, grandes surfaces, etc.).

Il considère que ces mesures témoignent d’un « manque de solutions structurelles face aux déficits chroniques des caisses sociales », aggravés par « les dettes impayées de l’État envers ses propres entreprises publiques ».

Concernant la relance de la croissance, M. Chkoundali juge les mesures prévues « superficielles » : quelques avantages pour les sociétés communautaires et des lignes de financement limitées pour les PME et les petits agriculteurs.

Mais c’est surtout le recours envisagé à « un emprunt direct de onze milliards de dinars pour combler le déficit budgétaire » qui l’inquiète.

« C’est une aventure risquée », alerte-t-il, estimant qu’un tel financement aggraverait « la crise de liquidité » et réduirait la capacité des banques à financer le secteur privé.

Il avertit qu’en orientant la liquidité vers les dépenses publiques plutôt que vers l’investissement productif, le gouvernement compromet la croissance.

« Présenter les sociétés communautaires comme un substitut au secteur privé au lieu d’un complément, c’est une erreur stratégique », conclut-il.

I.N.

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