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L’Ordre des avocats dénonce le silence des autorités et la répression des manifestations à Gabès

Crédit photo : Stop Pollution

Par Myriam Ben Zineb

L’Ordre national des avocats de Tunisie (Onat) a exprimé, vendredi 17 octobre 2025, sa profonde préoccupation face à la situation environnementale alarmante dans la région de Gabès, théâtre d’un mouvement de protestation populaire croissant contre la pollution industrielle émanant du Groupe chimique tunisien (GCT).

Dans un communiqué, l’Ordre dénonce une « catastrophe qui menace le droit à la vie et à un environnement sain », pointant du doigt le silence incompréhensible des autorités publiques compétentes et la répression disproportionnée ayant accompagné les récentes manifestations pacifiques. Ces actions sécuritaires et poursuites judiciaires, estime l’Ordre, n’ont fait qu’alimenter la tension et aggraver la crise sociale dans la région.

L’organisation a réaffirmé sa solidarité totale avec les habitants de Gabès, rappelant que la défense du droit à un environnement propre fait partie du combat national pour la justice sociale et la dignité. Elle souligne qu’il s’agit d’un droit constitutionnel fondamental, inscrit dans les conventions internationales relatives aux droits humains.

L’Ordre national des avocats appelle ainsi à :

  • L’arrêt immédiat de toutes les activités industrielles polluantes et la mise en place de solutions radicales plaçant la santé du citoyen au-dessus de toute autre considération
  • L’engagement de l’État à assumer pleinement sa responsabilité dans la protection du droit à la santé et à un environnement sain, en élaborant des solutions durables qui tiennent compte de l’intérêt général et d’un développement régional équilibré
  • La reconnaissance du caractère national de la cause environnementale de Gabès, l’Ordre se déclarant prêt à se tenir aux côtés des habitants et à soutenir la section régionale des avocats dans ses démarches conjointes avec la société civile
  • L’ouverture d’un dialogue responsable associant les citoyens, les organisations professionnelles et nationales, en vue de trouver des alternatives participatives et équitables sur les plans économique et écologique.

L’Ordre conclut en réitérant son engagement à défendre les droits fondamentaux des habitants de Gabès et à contribuer, aux côtés des acteurs de terrain, à la recherche de solutions durables face à une crise qui, selon ses termes, « dépasse la région pour devenir une cause nationale ».

La tension ne retombe pas à Gabès. Depuis le 11 octobre 2025, plusieurs milliers d’habitants manifestent contre la pollution industrielle causée par le Groupe chimique tunisien, dénonçant un « crime environnemental ». Le collectif Stop Pollution a annoncé le boycott de la réunion de la commission chargée d’examiner la situation, estimant que ces démarches techniques ne répondent pas à l’urgence du problème. De nouveaux cas d’asphyxie ont été enregistrés à Chatt Essalem, tandis que le conseil local de Gabès a appelé au calme et à la retenue. Ces mobilisations surviennent après une série d’épisodes d’intoxication collective ayant touché des élèves et des habitants vivant à proximité des unités industrielles.

Le Conseil régional de l’Ordre des médecins à Gabès a également tiré la sonnette d’alarme, ce matin, en décrivant une situation « préoccupante et alarmante » liée aux émissions du GCT et à leurs effets directs sur la santé publique. Le Conseil a souligné que les impacts environnementaux et sanitaires catastrophiques sont constatés « au quotidien depuis des décennies ». Les médecins relèvent une incapacité croissante des structures de santé locales à faire face aux crises d’asphyxie répétées, considérant les protestations citoyennes comme une « réponse à une situation chronique sans perspective de résolution visible ». Ils appellent les autorités à une intervention urgente et effective pour limiter les sources de pollution, évaluer les dommages et mettre en place un plan clair de protection sanitaire.

M.B.Z

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Commentaire

  1. HatemC

    17 octobre 2025 | 18h14

    Quand tout le monde parle à la place de l’État

    C’est typique de la confusion tunisienne des responsabilités : les ordres professionnels deviennent des porte-voix politiques, pendant que les ministères et institutions techniques gardent le silence ou se défaussent.
    On assiste ainsi à un glissement :

    Les institutions qui devraient agir se taisent, celles qui devraient observer prennent la parole.

    Ce décalage illustre parfaitement un État où les contre-pouvoirs officiels sont FAIBLES et où le vide institutionnel pousse les autres à s’improviser acteurs politiques ou moraux.

    Ce n’est pas le rôle naturel d’un ordre professionnel (avocats, médecins, architectes, ingénieurs, pharmaciens, etc.) d’intervenir dans des affaires de politique publique ou de gestion industrielle.

    Leur mission est déontologique et professionnelle : défendre la profession, garantir l’éthique, encadrer la pratique, protéger les membres, et parfois alerter sur des atteintes à l’État de droit si elles concernent directement leur champ de compétence…HC