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L’activiste Khaled Tayahi jugé pour un post dénonçant la pénurie d’eau à Mezzouna

Par Myriam Ben Zineb

L’activiste environnemental Khaled Tayahi comparait, mardi 21 octobre 2025, devant la chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Kairouan. Il est poursuivi pour « atteinte à autrui ou trouble à la tranquillité d’autrui à travers les réseaux publics de communication », sur la base de l’article 86 du Code des télécommunications, selon un communiqué publié par l’association Intersection pour les droits et les libertés.

Cette affaire trouve son origine dans une publication partagée par l’activiste, le 19 avril 2025, sur les réseaux sociaux. Dans ce message, Khaled Tayahi avait dénoncé la coupure d’eau à Mezzouna, survenue après l’effondrement du mur d’une école qui avait coûté la vie à plusieurs élèves. Il réagissait à la déclaration du frère d’une des victimes, expliquant qu’il n’y avait pas d’eau disponible pour laver les corps des défunts.

Toujours selon Intersection, à la suite de cette publication, la brigade de police judiciaire de Haffouz, relevant du gouvernorat de Kairouan, a convoqué l’activiste sans l’informer des charges retenues contre lui. Ce n’est qu’après sa comparution devant le parquet qu’il a découvert que sa publication était à l’origine de la plainte. L’interrogatoire a principalement porté sur le contenu du post, notamment sa solidarité exprimée envers le détenu politique Ghazi Chaouachi et ses critiques sur la pénurie d’eau à Mezzouna.

Malgré ses explications, selon lesquelles il ne faisait que relayer des propos enregistrés et largement diffusés sur les réseaux sociaux, Khaled Tayahi a été déféré devant la cellule de comparution rapide du tribunal de Kairouan le 17 mai 2025. Le lendemain, il a été informé du transfert de son dossier à la chambre correctionnelle, en vertu de l’article 86 du Code des télécommunications, qui prévoit une peine d’un à deux ans de prison et une amende de cent à mille dinars pour quiconque « offense autrui ou trouble sa paix via les réseaux publics de communication ».

Une première audience avait été fixée au 17 juin 2025, avant d’être reportée à la demande de son avocat au 21 octobre 2025, date de sa comparution actuelle.

Dans son communiqué, l’association Intersection pour les droits et les libertés dénonce une violation flagrante du droit à la liberté d’expression. Elle rappelle que ce droit est garanti par plusieurs instruments internationaux, notamment l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, ainsi que l’article 37 de la Constitution tunisienne de 2022, qui protège la liberté d’opinion, d’expression et de publication.

L’association estime enfin que l’article 86 du Code des télécommunications demeure une disposition vague et sujette à dérive, souvent utilisée pour cibler les contenus politiques ou les critiques sociales, plutôt que pour encadrer les abus réels sur les réseaux.

M.B.Z

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Commentaire

  1. Citoyen_H

    21 octobre 2025 | 20h23

    ENFIN, IL ÉTAIT TEMPS.

    Timidement et progressivement, l’État de droit est, progressivement, en train d’être restauré.
    Qui appelle au désordre et au chaos, sait, désormais, à quoi s’en tenir !
    La gangrène doit être, au plus tôt, éradiquée.