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Tunisie : l’IACE alerte sur le paradoxe des importations, entre espoirs et vulnérabilités

Le déficit commercial tunisien continue de se creuser, mais une dynamique paradoxale se dessine dans les échanges extérieurs. Alors que les importations de produits de base ralentissent, celles des biens de production et des intrants industriels progressent, offrant des raisons d’espérer pour la croissance économique. L’étude publiée par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), met en lumière ce paradoxe et alerte sur les fragilités persistantes de l’économie tunisienne.

L’IACE a publié, vendredi 24 octobre 2025, une étude intitulée « Importations : les dessous d’un trend contrasté ». Elle décrypte l’évolution contrastée des importations tunisiennes, entre ralentissement des achats de produits de base et regain des biens de production, révélant à la fois des signaux de reprise économique et des fragilités persistantes.

Le déficit commercial tunisien continue de refléter les déséquilibres structurels de l’économie nationale. L’évolution récente des échanges extérieurs met en évidence un creusement préoccupant, alimenté par la reprise des importations malgré la stagnation des exportations.

Sur les neuf premiers mois de 2025, le déficit de la balance commerciale a atteint 16,728 milliards de dinars, contre 13,497 milliards pour la même période de 2024. Cette aggravation s’explique principalement par la hausse des importations (+5,4%) alors que les exportations stagnent (+0,03%).

À l’inverse, le secteur énergétique continue de souffrir. La production de pétrole et de gaz a chuté de 9%, les exportations énergétiques ont baissé de 34% et le déficit commercial reste lourdement impacté, malgré la baisse des prix internationaux (cours du Brent : 72 dollars par baril, soit -15% par rapport à 2024). Les importations énergétiques ont reculé de 11,8%, contre +14,5% en 2024.

Les importations de produits intermédiaires ont augmenté de 5,4% et celles des équipements de 22,1%, témoignant d’un regain de la production industrielle. Le secteur minier, notamment le phosphate, renoue avec la croissance : la production a atteint 1,8 million de tonnes au premier semestre (+55%), et l’objectif pour fin 2025 est de cinq millions de tonnes.

Le secteur manufacturier progresse également : textile, habillement et cuir (+3,5%) et industries mécaniques et électriques (+15%). Pour un pays comme la Tunisie, qui cherche à s’intégrer aux chaînes de valeur mondiales, ces importations sont à la fois un atout stratégique et un levier pour dynamiser les exportations. « Toutefois, en absence de diversification des partenaires et d’une montée en gamme, cette intégration rend l’économie plus vulnérable aux chocs extérieurs », avertit l’IACE. Une chute des commandes automobiles allemandes pourrait par exemple transformer les intrants importés en stocks inutilisables.

Si la hausse des biens de production et des intrants industriels laisse entrevoir des motifs d’espoir, la reprise tunisienne reste fragile. L’économie dépend toujours de facteurs externes, de conditions climatiques favorables et d’une transition énergétique réussie. La durabilité de cette reprise passe par des réformes structurelles ambitieuses pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement, moderniser les secteurs clés et réduire la vulnérabilité aux chocs internationaux.

I.N.

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