Le comité de défense des dirigeants politiques détenus dans le cadre de l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État » a annoncé, vendredi 24 octobre 2025, que l’audience d’appel a été fixée au lundi 27 octobre.
Selon le comité, cette audience se tiendra à distance, sans la présence des prévenus, et la décision aurait été prise sans que ni les avocats ni les détenus ne soient informés à temps.
Dans un communiqué, les avocats dénoncent de « graves manœuvres procédurales » et un manque de transparence, précisant que la date n’a été inscrite au registre du tribunal qu’à 14 heures, soit en fin de journée, ce qui a empêché toute communication avec les détenus avant le week-end.
Plusieurs figures de l’opposition ont immédiatement réagi sur les réseaux sociaux, fustigeant une décision « précipitée » et « illégale ».
Le fils de Ghazi Chaouachi, Elyes Chaouachi, a dénoncé « un dépassement total du droit et une mascarade judiciaire », rappelant qu’une affaire « présentée comme terroriste, avec plus de cinquante accusés et plus de 800 ans de peines prononcées en première instance, ne peut être programmée du jour au lendemain sans avertir les parties ».
« C’est le signe d’un terrorisme judiciaire, d’un système aux ordres du pouvoir exécutif », a-t-il écrit, accusant la ministre de la Justice Leïla Jaffel et le président Kaïs Saïed de « piétiner la loi ».
De son côté, Monia Brahim, épouse d’Abdelhamid Jelassi, a souligné le caractère « inédit » de la procédure : « Ce vendredi à 14 heures, la date de l’audience d’appel a été inscrite à la hâte, sans convocation ni notification aux accusés, alors que le registre était encore vide à midi. Après un vendredi après-midi, un samedi et un démanche, on se réveille lundi avec une nouvelle farce judiciaire », a-t-elle ironisé, dénonçant « une dérive qui ridiculise l’État de droit ».

Pour Riadh Chaïbi, l’un des dirigeants du Front de salut national, cette fixation précipitée serait une application directe des menaces proférées par le président Kaïs Saïed dans son dernier discours.
« Le président a ordonné d’accélérer la procédure d’appel. Tout indique une volonté d’aggraver les peines contre les dirigeants de l’opposition », a-t-il affirmé, évoquant une justice instrumentalisée à des fins de vengeance politique.

Même constat chez Wissem Sghaier, cadre du Parti Al Joumhouri, qui voit dans cette audience un nouvel épisode du feuilleton de la répression. « Ce n’est plus un procès, c’est un outil de liquidation politique. On tente de donner un vernis judiciaire à des condamnations dictées d’en haut », a-t-il estimé.

Enfin, le frère d’Ahmed Souab, Mongi Souab a dénoncé l’humiliation infligée aux détenus politiques, citant notamment Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi, Jaouher Ben Mbarek, Khayam Turki, Abdelhamid Jelassi et Ridha Belhadj : « Après la visite des avocats ce matin, ils ont fixé une audience d’appel pour lundi… Les détenus apprendront la nouvelle en prison, le jour même de la séance. C’est inhumain. »

S.H











