Le Syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (SPOT) a tenu, samedi 25 octobre 2025, une assemblée générale extraordinaire à Tunis, marquée par une affluence exceptionnelle de pharmaciens venus de tout le pays. Les discussions ont porté sur la crise aiguë qui frappe le secteur du médicament, menaçant, selon eux, le droit des citoyens à un accès équitable aux traitements et la continuité du service public pharmaceutique.
À l’issue des débats, les pharmaciens ont voté à l’unanimité l’arrêt du système du tiers payant pour les maladies ordinaires à compter du lundi 27 octobre 2025, dénonçant le non-respect par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) des engagements prévus dans la convention en vigueur. Ils ont également annoncé leur refus de renouveler cette convention dans sa forme actuelle pour 2026.
Le syndicat a pointé du doigt une « inertie administrative systématique » de la part de plusieurs structures publiques, ainsi qu’un retard inédit dans le paiement des créances dues aux pharmaciens durant l’année 2025. Il a aussi dénoncé le refus persistant de la numérisation, malgré ses avantages économiques évidents, qualifié de « position incompréhensible » aggravant les pertes du secteur.
Les pharmaciens ont affirmé leur opposition catégorique à toute privatisation partielle du monopole de la Pharmacie centrale, considérée comme un pilier national de sécurité sanitaire. Ils ont condamné les tentatives de « démantèlement organisé du secteur pharmaceutique », réitérant leur refus de toute reclassification illégale de médicaments disposant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en dispositifs médicaux (AMC) ou en compléments alimentaires, estimant que ces pratiques mettent directement en danger la santé des patients.
Le syndicat a également mis en garde contre les pressions exercées par certaines cliniques privées visant à détourner la distribution du médicament des officines vers les établissements hospitaliers, en violation du principe de séparation entre prescription et délivrance. Il a prévenu que toute atteinte à la compétence exclusive des pharmaciens ou au monopole public d’importation des médicaments entraînerait une grève générale dans toutes les pharmacies du pays.
Sur le plan fiscal, le SPOT a dénoncé l’absence de toute mesure de soutien au secteur pharmaceutique dans le projet de loi de finances 2026, estimant que les nouvelles charges sociales imposées aux professionnels ne s’accompagnent d’aucune vision économique claire. Il a appelé à des mesures spécifiques en faveur des pharmaciens exerçant dans les régions intérieures défavorisées, au même titre que les zones prioritaires d’investissement.
Le syndicat a, en outre, demandé une loi pénalisant toute activité professionnelle non déclarée fiscalement, dénonçant le laxisme vis-à-vis de l’économie parallèle et « les avantages indus accordés à certaines entreprises du secteur para-pharmaceutique ».
Le bureau national du SPOT a été chargé de suivre la mise en œuvre des décisions adoptées et de présenter un rapport d’avancement d’ici la mi-décembre 2025. Le syndicat s’est dit ouvert au dialogue avec les ministères concernés, tout en réaffirmant sa détermination à défendre la viabilité économique du secteur et le droit du citoyen à un médicament sûr, contrôlé et équitablement accessible.
M.B.Z












