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Boubaker Bethabet entame son premier bras de fer ouvert avec le régime

Le lundi 27 octobre 2025 restera une date marquante pour le barreau tunisien. Fidèle à sa promesse de campagne, le bâtonnier Boubaker Bethabet a franchi le pas que beaucoup attendaient sans trop y croire : celui de l’affrontement avec le pouvoir, au nom des libertés et de l’indépendance de la justice.

Présent au procès dit du « Complot contre l’État », où comparaissent des dizaines de prévenus et de prisonniers politiques, Me Bethabet a refusé de se soumettre aux règles du jeu imposées par le régime. Devant le juge, il a clairement affirmé que l’Ordre des avocats ne présentera aucune déclaration de représentation tant que les irrégularités flagrantes ne seront pas levées. Les accusés, a-t-il rappelé, doivent être présents physiquement à leur procès, et les audiences ouvertes à la presse comme au public.

« Il s’agit de la position officielle du barreau et de l’ensemble des avocats », a-t-il martelé.

Une rupture nette avec la complaisance

Cette posture tranche radicalement avec celle de ses deux prédécesseurs, Brahim Bouderbala et Hatem Mziou, longtemps accusés de complaisance envers le pouvoir et de silence complice face aux atteintes à la justice.

Là où eux avaient choisi la prudence, Me Bethabet choisit la rupture. Là où ils avaient fermé les yeux sur les abus, il décide de les dénoncer.

Le contraste est saisissant : alors que le régime clame à longueur de discours qu’il existe bel et bien un complot, il continue de refuser aux médias l’accès aux audiences. « S’il s’agit d’un complot, qu’il laisse le public en juger », rétorque la prévenue Chayma Issa, symbole de cette résistance silencieuse.

Un procès sous cloche

Les violations, elles, ne datent pas d’hier. Lors du premier procès, les prévenus avaient été condamnés à de dizaines d’années de prison sans même avoir été auditionnés. Le juge d’instruction ne les avait pas entendus, non plus. Les prisonniers, parmi les prévenus, ont été jugés par visioconférence — un dispositif censé être temporaire, hérité de la pandémie de Covid-19.

Ce lundi matin, le pouvoir voulait répéter le même scénario semblait à la Cour d’appel avec des prisonniers à distance et interdiction d’assister aux journalistes et au public. C’est précisément ce que le nouveau bâtonnier a refusé. En décidant de ne pas cautionner cette mascarade judiciaire, il a transformé ce procès en un test grandeur nature de la crédibilité du système judiciaire tunisien.

Le retour du barreau dans l’arène

Pour la première fois depuis des années, le bâtonnier de Tunisie se dresse face au pouvoir. Ce bras de fer marque un tournant symbolique : le retour du barreau dans son rôle historique de gardien des libertés.

Me Bethabet ne fait pas que tenir une promesse électorale ; il restaure une tradition d’indépendance que deux mandats successifs avaient mise entre parenthèses.

Son geste, salué par de nombreux avocats et figures de la société civile, a la portée d’un signal : la récréation est terminée.

En rappelant au régime que le barreau n’est pas un corps docile, mais un pilier de la République, Boubaker Bethabet vient de redonner à la profession son ADN : la défense des droits, sans peur et sans calcul.

R.B.H.

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Commentaire

  1. Tej LALAI

    27 octobre 2025 | 14h44

    Bravo et mille mercis.