Dans une note intitulée « Banque centrale de Tunisie : est-il temps de réduire les taux d’intérêt ? », l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) estime qu’un abaissement du taux directeur pourrait encourager le recours à l’endettement pour financer les opérations d’importation, ce qui risquerait d’accentuer la pression sur les réserves de devises du pays.
Selon l’IACE, une telle mesure « entraînerait une hausse de la demande en devises étrangères », accentuant ainsi les tensions sur les réserves en monnaie dure et sur la valeur du dinar. L’Institut souligne à cet égard que la détérioration des échanges extérieurs demeure préoccupante, avec un déficit commercial estimé à 16,7 milliards de dinars en 2025, contre 13,5 milliards de dinars en 2024.
Bien que l’excédent du solde des services ait légèrement contribué à atténuer cette tendance, le déficit courant s’est aggravé pour atteindre 1,9 % du PIB en 2025, contre 1,2 % en 2024, ajoute encore l’organisation. Cette situation, selon elle, « renforce le besoin en financements extérieurs et exerce une pression croissante sur la liquidité en devises, ce qui affaiblit davantage la monnaie nationale ».
Les réserves en devises, évaluées à 106 jours d’importation au 22 octobre 2025, demeurent fragiles, avertit l’Institut, soulignant que toute baisse de ce niveau « pourrait accentuer les tensions sur la stabilité du dinar et réduire la capacité du pays à honorer ses engagements internationaux ».
L’IACE avertit par ailleurs qu’une nouvelle dépréciation du dinar se traduirait par une hausse des prix des produits importés et l’apparition de nouvelles pressions inflationnistes.
En conclusion, l’organisation estime qu’il est encore trop tôt pour abaisser le taux directeur, malgré les progrès réalisés dans la maîtrise de l’inflation. Elle rappelle que le projet de loi de finances 2026 comporte de nouveaux risques inflationnistes, notamment à travers le besoin de financement de onze milliards de dinars pour couvrir le budget de l’État.
L’Institut recommande ainsi à la Banque centrale de maintenir la politique monétaire actuelle, jugeant que tout assouplissement « pourrait fragiliser davantage un tissu économique vulnérable et compromettre la stabilité du dinar ».
M.B.Z










