Un message viral, accompagné d’une vidéo, attribue au président Kaïs Saïed une décision spectaculaire : « annulation de tous les partenariats avec des entreprises étrangères dans les activités pétrolières » et « reprise à 100 % par l’État tunisien », assortie de l’injonction de « renvoyer ces entreprises dans leurs pays ».
L’analyse des sources officielles et de la chronologie montre que cette affirmation est fausse et trompeuse.

La vidéo utilisée pour soutenir cette affirmation provient d’un reportage relatant la visite du président Kaïs Saïed au siège de l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP). Cette visite a eu lieu le 16 mars 2023. Plusieurs médias tunisiens ainsi qu’un communiqué de l’ETAP en ont rendu compte.
Kaïs Saïed y évoquait la nécessité « d’assainir » l’entreprise, la protection des compétences nationales et la perspective d’exploiter de nouveaux gisements. Il ne s’agissait nullement d’une annonce de suppression massive des partenariats étrangers.

La gestion des concessions pétrolières en Tunisie repose sur des conventions et des décisions publiées au Journal officiel de la République tunisienne (JORT), ainsi que sur des arrêtés ministériels. Les listes publiques de concessions et le rapport annuel de l’ETAP attestent de l’existence de concessions détenues en copropriété, ainsi que de conventions signées ces dernières années pour des champs précis — preuve que la relation contractuelle avec des sociétés étrangères n’a pas été abolie de manière générale.
La Tunisie a, à certaines dates, mis fin à des concessions ou révoqué des permis — des procédures ciblées concernant des concessions précises, pour non-respect d’obligations contractuelles ou à la suite d’examens techniques et juridiques.
Par exemple, des décisions récentes ont mis fin à certaines concessions, comme celle de Birsa. Mais ces mesures sont ciblées et documentées par des actes administratifs : elles ne constituent pas une « annulation générale de tous les partenariats étrangers », ni une expulsion automatique d’entreprises ou de personnels.

La vidéo virale est en réalité un extrait d’un passage de la visite présidentielle. Rien, dans les comptes rendus publics de cette visite, n’énonce une décision de nationalisation complète ou d’expulsion massive.
Le contenu authentique de la visite a été détourné dans le montage partagé, pour faire croire à une annonce spectaculaire qui n’a jamais été faite.
Verdict : faux.
La prétendue annonce selon laquelle « Kaïs Saïed annule tous les partenariats étrangers dans le secteur pétrolier tunisien et l’État reprend tout à 100 % » est fausse.
La vidéo utilisée est réelle mais sortie de son contexte : il s’agit d’une visite présidentielle de mars 2023, et non d’un discours déclarant la suppression générale des contrats avec des partenaires étrangers.
R.A.












