Chaque année, la Tunisie exporte une grande partie de son huile d’olive en vrac, souvent rachetée et réemballée en Europe sous des marques étrangères.
Résultat : les marges, le prestige et la visibilité échappent au pays.
Mais si la Tunisie veut devenir une marque d’origine plutôt qu’un simple fournisseur, il faut changer de logique — du champ à la bouteille.
Voici comment transformer notre or vert en fierté nationale à haute valeur ajoutée.
Miser sur la traçabilité et la qualité totale
Le passage au haut de gamme commence par la confiance.
Cela suppose une traçabilité rigoureuse et une valorisation du terroir :
Certifications et labels : AOP, BIO, ISO, voire traçabilité par blockchain.
Harmonisation des contrôles entre producteurs, exportateurs et embouteilleurs.
Mise en avant des variétés tunisiennes (Chemlali, Chetoui, Oueslati…), véritables signatures du pays.
Faire reconnaître la valeur intrinsèque de nos terroirs, au lieu de vendre des litres anonymes, c’est la première étape vers la reconnaissance internationale.
Créer des marques tunisiennes fortes et reconnaissables
Passer au “Made in Tunisia” haut de gamme, c’est aussi construire un branding assumé et identitaire.
Chaque bouteille doit raconter une histoire tunisienne :
Un nom évocateur, un design distinctif, un storytelling authentique.
Une inspiration méditerranéenne assumée, à l’image de ce qu’ont réussi l’Italie ou la Grèce.
Un soutien public aux PME qui investissent dans le marketing et non dans le vrac.
Une marque, c’est une promesse : « Huile tunisienne = excellence méditerranéenne. »
Repositionner l’huile d’olive tunisienne sur le marché mondial
Aujourd’hui, près de 80 % des exportations tunisiennes partent encore en vrac.
Pourtant, la demande d’huiles d’olive premium explose dans le monde : hôtels, chefs étoilés, épiceries fines, plateformes e-commerce…
La Tunisie doit y être présente sous son propre nom.
Cibler les marchés haut de gamme plutôt que le volume.
Renforcer la présence dans les grands salons internationaux (SIAL, Anuga, Fancy Food Show…).
Mobiliser la diplomatie économique pour faire connaître les marques tunisiennes.
L’huile d’olive tunisienne a tout pour devenir une référence mondiale — si elle ose sortir de l’anonymat.
Encourager l’investissement dans l’embouteillage local
L’un des principaux freins reste le manque d’infrastructures locales d’embouteillage.
Pour y remédier :
Offrir des incitations fiscales aux unités locales.
Favoriser des partenariats public-privé pour mutualiser la logistique et le marketing.
Créer une marque ombrelle nationale, portée par l’État et les producteurs :
« Olive de Tunisie – Excellence méditerranéenne. »
Produire en Tunisie, embouteiller en Tunisie, vendre au monde : tel doit être le mot d’ordre.
Sensibiliser les consommateurs tunisiens
Enfin, la transition passera aussi par le marché local.
Acheter une huile tunisienne labellisée, c’est soutenir une économie nationale, une culture et un savoir-faire.
Mieux informer sur les différences entre huiles raffinées, extra-vierges et coupées.
Valoriser le “Made in Tunisia” comme un acte citoyen et non un simple choix de consommation.
Créer un sentiment de fierté et d’appartenance autour de notre produit phare.
Passer du vrac au haut de gamme, ce n’est pas une simple question de prix ou de packaging.
C’est une reconquête économique et identitaire : celle d’un pays qui veut cesser d’être fournisseur pour redevenir référence.
La Tunisie n’a rien à envier à ses voisins.
Elle a le soleil, le goût, et le talent.
Il ne lui reste qu’à signer son nom sur la bouteille.











Commentaire
HatemC
La Tunisie ne peut plus se contenter de vendre en vrac ce que d’autres valorisent à sa place.
Il est temps de monter en compétence, de créer nos propres labels, et d’investir les marchés à forte valeur ajoutée.
L’huile tunisienne mérite mieux qu’un rôle d’ombre dans les bouteilles italiennes et espagnoles
Une étude mentionne que la Tunisie ne dispose que de 35 unités de transformation/conditionnement, ce qui limite fortement la capacité à vendre « mis en bouteille ».
La Tunisie exporte son huile, mais pas sa valeur.
80 % de notre production part en vrac, sans label ni stratégie.
L’Italie et l’Espagne réexportent notre huile mélangée à la leur et embouteillée et sous leur marque avec une plus values de +400%, OUI 400%.
Pourtant, nos huiles sont parmi les moins acides au monde.
La solution ?
Monter en gamme et attirer des investisseurs dans la transformation, le packaging et la certification.
Créer un label tunisien fort, c’est créer de l’emploi, du prestige et des devises.
On a le produit, il manque la vision.
Stop au vrac — place au label tunisien.