L’ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), Sihem Ben Sedrine, a annoncé mercredi 5 novembre 2025 que son procès a été fixé au 17 novembre prochain. Cette nouvelle comparution marque une nouvelle étape dans un long feuilleton judiciaire qui l’oppose depuis plusieurs années à d’anciens membres de l’Instance.
Arrêtée le 1ᵉʳ août 2024 dans une affaire liée au rapport final de l’IVD, elle est accusée d’avoir modifié ou altéré certaines parties du document. Deux anciens membres de l’Instance ont saisi le pôle judiciaire économique et financier, déclenchant une instruction pour falsification. Après six mois de détention, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis a décidé en février dernier de la libérer, tout en maintenant une interdiction de voyager.
Selon l’enquête, trois versions du rapport final auraient été rédigées : l’une remise au président de la République, une autre au Parlement et à la présidence du gouvernement, et une troisième publiée sur le site de l’IVD puis au Journal officiel.
L’IVD, au centre des polémiques relancées
La nouvelle audience intervient dans un climat de tensions alimenté par la relance d’affaires liées à la justice transitionnelle. Depuis quelques semaines, une campagne en ligne cible plusieurs anciens responsables de l’IVD, dont Khaled Krichi, avocat, figure du parti Echaâb et ancien vice-président de l’Instance. Les pages proches du régime de Kaïs Saïed l’accusent, lui aussi, d’avoir participé à la falsification du rapport final et d’avoir cumulé des fonctions incompatibles dans le dossier de l’homme d’affaires Lazhar Sta, traité par l’IVD.
Ces accusations reposent sur des faits documentés : deux versions du rapport existent bel et bien et diffèrent notamment sur les volets économiques et la restitution des biens confisqués. En revanche, les insinuations visant d’autres personnalités extérieures à l’Instance, comme l’ancien ministre Mabrouk Korchid, ont été jugées infondées, celui-ci n’ayant jamais participé à la rédaction du rapport.
L’héritage controversé de l’IVD
Créée en 2014 dans le sillage de la révolution ayant mis fin à la dictature de Zine El-Abidine Ben Ali, l’Instance Vérité et Dignité avait pour mission de recenser les violations commises par l’État entre 1955 et 2013. Son rapport final, publié au Journal officiel en 2020, devait marquer la clôture du processus de justice transitionnelle.
Mais sept ans après la fin de son mandat, l’IVD demeure au cœur des polémiques. Les plaintes croisées, les soupçons de falsification et les accusations de conflits d’intérêts ont profondément terni son image et affaibli l’idée même de justice transitionnelle.
M.B.Z














Commentaire
Citoyen_H
JE RESTE PERSUADÉ,
qu’à la première occasion, elle se fera la malle !